Ils fuyaient, ces misérables petits insectes fuyaient, son regard rouge sang s'encra un instant sur les formes qui fuyaient à travers la fumée, un grondement faisant vibrer ses babines de rage. Nous les regardions s'échapper comme des rats échappant le navire, son corps se mouva légèrement sa patte endormie nous handicapait mais rien d'ingérable après tout nous n'étions pas blessés outre mesure. Des cris, de l'agitation, notre regard se décalèrent sur le compagnon de notre esclave, il criait à la trahison. Ah...la trahison, la meilleure saveur du monde. C'était celle que nous préférions. Lucifer trahissant le ciel et son Dieu chrétien, la trahison a été le premier péché du monde, l'envie n'est qu'une illusion, Ève trahissant la confiance de son père, oui, nous aimions le goût de la trahison c'était la plus délicate des saveurs. Nous plissâmes les yeux pour fixer notre pupille rougeoyante sur la silhouette d'Arsène qui se faisait mener, notre langue passant lentement sur nos crocs acérés. Nous le dévorerons. Pour goûter plus profondément cette saveur si particulière de la trahison que nous aimions tant. Mais pas tout de suite, l'heure n'était pas à cela.

Prenant une profonde inspiration, un rugissement puissant résonna dans la pièce puis nous nous détournâmes, clopinant sur trois pattes pour rejoindre le reste de nos troupes, frappant les membres de l'ordre encore vivant sur notre chemin pour ôter leur vie, frappant de tout notre poids sur notre seule patte valide sur les corps blessés les écrasants sans aucun regret, sans même y faire attention. Lentement nous approchâmes de Lucifer, posant un regard moqueur sur son genou en miettes, lentement nous nous penchâmes sur lui et sans lui demander son avis nous l'attrapâmes dans notre gueule le soulevant comme un chaton fragile histoire d'emmerder un peu plus son ego qui devait être bien blessé et nous le portâmes jusqu'à l'entrée de l'entrepôt chassant ses hommes d'un regard menaçant. Le calme revenait et l'odeur de sang et de poudre était partout. Délicieux. Un sourire malsain s'étira sur nos babines rendant la scène encore plus horrifique alors que les derniers râles de souffrance des membres de l'ordre se faisaient entendre. Alors Élohim... comment vas-tu apprécier notre petite danse ? Toi qui n'a le courage de rien... viens te battre, répond et viens te battre avec nous.

Lentement nous redonnâmes à Cerbère sa forme humaine, puis sans un regard en arrière pour ce qui s'était passé ici, nous abandonnâmes le corps du Chat, le laissant retrouver taille et forme humaine alors qu'il perdait connaissance sous l'effort constant que lui demandait notre présence dans son corps. Il était largement temps de mettre les choses en place. Bientôt...oh oui bientôt, l’apocalypse.

Chat se réveilla à moitié, le regard perdu et le corps tremblant comme une feuille, ses yeux tombèrent sur les visages horrifiés et défigurés des corps sur lesquels son corps possédé venait de marché. Pâlissant à vue d'oeil, il retint une montée de bile et tenta de se redresser simplement pour voir que son corps était couvert de sang, ses mains, ses jambes, son torse...mais ce n'était pas le sien. Retenant un hurlement de détresse, il laissa couler ses larmes de désespoir alors qu'il fixait ses mains avec horreur et dégoût. Il ne voulait plus faire ça...il ne voulait pas... il ne voulait pas faire du mal. Apercevant son compagnon du coin de l'oeil il alla se réfugier dans ses bras, tremblant et pleurant jusqu'à ce que l'inconscience l'emporte à nouveau.