Pour un être qui n’a jamais eu d’autre devoir que d’observer les Hommes pour mieux les protéger, il est aisé de savoir ce que ceux-ci pensent de vous. Me trouver à présent coincée dans une enveloppe mortelle ne réduit en rien mon sens de l’observation.

Pour mes voisins, mes connaissances, mes employeurs et collègues, je suis avant tout un jeune homme calme et silencieux. Qu’il s’agisse de timidité ou d’ennui, je ne communique que lorsque cela est nécessaire. Mon introversion est tel que même mes regards se font rares, je préfère de loin fixer le sol ou encore l’horizon, auchant vaguement la tête quand mon attention est requise. Que pensent-ils alors tous de moi ? Que mon histoire doit expliquer mon manque de présence, que je n’aime pas les hommes que je côtoie, que je suis bizarre, marginale. Ils ne sont pas si loin de la vérité, tous autant qu’ils sont.

Je suis Nephtys, déesse de la mort… Quelques mois auparavant encore, je n'appartenais pas au monde des vivants. Et, contrairement à ce que j’aurais pu penser, se faire à la vie réelle, au contact des hommes, est très difficile. J’ignore comment me comporter, comment réagir, réfléchir, communiquer. Alors, pour ne pas avoir à supporter la douleur, la déception qu’un échec pourrait engendrer, je ne dis rien, ne pense rien, comme morte.

J’ai parfois l’impression de ne plus être la divinité que j’étais autrefois, mais de ne pas être une nouvelle personne non plus. Autrefois, j’aimais servir, protéger. Je ne cessais jamais de quémander de l’attention et de l’amour. J’étais courageuse, fière, souvent taquine et moqueuse. Retrouverais-je un jour ces parties de moi ? Ou bien suis-je condamnée à rester cette statue de mélancolie.

En bref :

♣ Ne s’est pas encore fait à sa nouvelle identité masculine et parle de lui au féminin.
♣ A également beaucoup de mal avec la technologie qui le fascine et l’angoisse à la fois, principalement les moyens de transport modernes trop rapide et peu organiques à son goût.
♣ A très vite expérimenté la dépendance de l’être humain à certaines substances tel que la cigarette, l’alcool ou même le sucre et s’est rapidement révélé très faible face à leur emprise, principalement pour ce dernier.
♣ Ne parvient pas à se défaire de son niveau de langue un peu trop haut pour l’instant.


Ma nouvelle enveloppe corporelle n’a pas le moindre point commun avec celles que j’ai pu posséder par le passé. Autrefois femme brune à la peau halée et au regard sombre, je suis aujourd’hui un jeune homme d’une vingtaine d’années. Le corps solide mais de petites tailles, mes épaules sont carrés, mes muscles se dessinent élégamment sous ma peau pâle et rougissante au moindre contact trop abrupte. Je me sens très légère, agile et souple.

Mais quelque chose finit toujours par gêner mes mouvements. Au moindre geste, de longues mèches dorées viennent s’agiter devant mon visage, c’est insupportable. Un dieu n’a jamais ce genre de problème, ces cheveux flottant naturellement loin de ses yeux… Je ne peux pourtant me résoudre à les couper tant ils sont lisses et fins. Un dieu n’a jamais ce genre de problème, ces cheveux flottant naturellement loin de ses yeux… Ce n’est pas évident à arranger au réveil mais la nostalgie m’empêche de les faire disparaître.

Tout comme je ne peux jeter les bijoux anciens arrivés avec moi qui embarrassent mes poignets, chevilles et mon cou. Je me contente alors de les accorder comme je peux aux quelques vêtements que j’ai pu m’offrir. J’entretiens comme je peux une apparence élégante à base de pantalons de toile étroits, de chemises légères et cintrées, de maquillage sombre et autant d’artifice qui me permettent de ne pas totalement me perdre, de rester Nephtys.

La mémoire de l’Homme est faible, mais celle du Dieu est éternelle. Pourtant, aucun d’entre nous ne sait ce qu’il y avait avant Noun. Ainsi, nous admettons tous qu’il est l’unique origine du monde, l’Océan Primordial, la Pierre Originelle. C’est de son corps que naquirent trois frères, Khépri, le soleil levant, Rê, le soleil à son zénith et Atoum, le soleil couchant. Rê était le plus lumineux, le plus puissant de la fratrie. Lui seul fut capable de faire naître de sa semence et de sa salive un nouveau couple, Shou et Tefnout dont l’union ne tarda pas à porter ses fruits. C’est ainsi que Nout le ciel et Geb la terre apparurent pour former le monde des Hommes.

La suite, vous la connaissez. Des entrailles de la déesse céleste vinrent au monde quatre jeunes dieux : Osiris, Isis, Seth et moi, Nephtys. Mais le destin fit preuve d’une certaine cruauté en ce jour puisque Isis se vit comblée d’un époux fertile et aimé de tous tandis que je ne reçus jamais aucune descendance de Seth. Ainsi commença ma longue existence de déesse des morts, protectrice des sarcophages. Chaque jour, j’entendais les vœux et prières des familles de défunts dont on me confiait les corps par centaine. Cette litanie funèbre qui résonnait autrefois au plus profond de moi n’est aujourd’hui qu’un vague souvenir sans saveur, témoin d’une vie sans saveurs.

Il me fallait une raison de supporter ça une heure, une semaine, une année de plus. Je voulais un enfant. C’était devenu une véritable obsession. Pourquoi n’en aurais-je pas le droit ? Chaque matin, je hurlais ces mots, priant pour que l’on m’entende. Malheureusement, seul le silence de mon époux, toujours si distant, me répondait. Vint ce que devait arriver, je perdis la raison. Une nuit, je me glissai dans la chambre de mon frère Osiris alors qu’Isis ne s’y trouvait pas. Dans l’ombre, mon amant épuisé par ses rudes journées ne fit aucune différence. Il m’offrit tout ce dont je rêvais depuis tant d’années, sa semence fertile qui était comme une promesse de ne plus jamais être seule. Au petit matin, j’avais regagné mon antre. Anubis naquit des suites de cette trahison, me comblant de bonheur.

Mais ce qui devait n’être qu’un incident isolé et vite oublié prit des proportions incroyables, des années plus tard. La nouvelle me tomba dessus comme une sentence. Osiris était mort, Seth était l’assassin. Mon sang ne fit alors qu’un tour, tout était de ma faute, c’était l’évidence même. Pourtant, lorsque ma sœur se jeta dans mes bras, ivre de chagrin, je ne sus me résoudre à lui avouer mon crime, tout comme je ne pus jamais plus croiser le regard de mon époux. Mais il y avait bien quelque chose que je pouvais faire pour laver mon âme, ramener Osiris. C’est ainsi que j’apportai mon aide à Isis afin de retrouver les lambeaux de son époux éparpillés par Seth. Grace au soutien de mon fils, Anubis, et de Thot, nous avons pu ressusciter celui que l’Egypte entière pleurait.

Ce triste épisode acheva de rompre tout lien entre mon époux toujours en quête de vengeance et moi. Mon existence suivie ainsi son cours si bien que tout se mêle à présent dans mon esprit, ne formant plus qu’un fade et sombre souvenir, semblable à une triste berceuse.


Mais comme toute chose, celle-ci prit fin un jour, sans que n’en connaisse la raison. Je me suis simplement endormie tandis que les derniers hommes me portant encore dans leurs cœurs s’éteignaient. Et je pensais sommeiller ainsi pour l’éternité, paisible… Raté.

Voilà qu’un jour, tandis que je flottais doucement dans le vide, une douleur atroce me secoua. Le froid, la faim, l’angoisse, tous affluaient en moi sans même que je ne puisse mettre un mot sur ces sensations. Alors je papillonnais, mes paupières s’ouvraient lentement sur mes prunelles agressées par la luminosité ambiante. Un contact humide me poussait à me redresser, étirant et crispant mes muscles faibles et endoloris. Et alors que j’ouvrais enfin les yeux sur le monde, je commençais à trembler.

Je ne reconnaissais rien. Autour de moi, une vie inconnue suivait son cours, me laissant là, nue, recroquevillée contre un mur, le regard humide de larmes. J’ignore combien de temps s’écoula ainsi, une heure, une journée ? Moins d’une minute en réalité mais cela me semblait bien trop long. Puis, une gentille âme me remarqua enfin. Je faisais soudain mon entrée dans ce monde réel. Et quelle violente entrée… Une main sur mon épaule fut comme un violent coup de poing et une question posée à voix basse comme un cri perçant dans la nuit. Je me suis évanouie.

Il me fallut plusieurs jours pour que je cesse de me rouler en boule lorsqu’on tenter de me parler ou ne sente plus mon corps cesser de battre au moindre contact. Mais je découvris dans le même temps que l’être que j’étais devenu s’adaptais avec une facilité déconcertante. Une semaine plus tard, je sortais dans la rue, habillée et presque calme, en compagnie de l’homme qui m’avait ramassée et qui me logeait dans une petite chambre dans son grenier. Je ressentais comme une drôle d’envie de lui être agréable, la reconnaissance sûrement. Il me mit en contact avec le gérant d’une grande surface qui crut bon de me faire travailler aux caisses, probablement pour lui faire plaisir. Le lendemain, je déballais des cartons dans une pièce loin de tout. Mais malgré de nombreux échecs et beaucoup de tension, je gagnai mes premiers sous, payait enfin mon sauveur pour son attention et surtout ses conseils et devenait enfin un homme. Du moins, un tout petit peu.

Âge : 18 ans, enfin 19 dans deux jours, ça compte ?

Comment tu as trouvé le forum ? En fait, je suis une ancienne squatteuse qui a finit par se laisser mourir pour cause de manque de temps. Mais je l'avais bien dit, je reviendrais ! Et donc maintenant que j'ai du temps libre et plein de mots en tête,
me voilà. Et puis j'aurais, jamais pu trouver un contexte aussi cool ailleurs...

Un petit commentaire ? Le design est superbe *.* Et pardon pour mon histoire un peu courte ;w;