Tout ce que tu inspirais, tout ce qui faisait de toi ce que tu étais; la joie, la chaleur, la vie.. Tout ça n'est plus, et depuis trop longtemps déjà. Tout ce qui t'avait créé, tout ce qui faisait qu'on t'adulait, tout est parti, et aujourd'hui ne reste que les faux-semblants d'une personnalité. Te heurter à cette nouvelle ère ne t'a pas fait du bien, te détruisant encore plus que ce que tu n'étais déjà à ta chute; tu étais bien misérable.
Thalie avait été, autrefois, quelqu'un qui inspirait la joie de vivre, son but n'étant autre que de donner le sourire, se fichant bien du reste et ne se concentrait que sur les bonnes choses de la vie. N'étant plus que l'ombre d'elle-même, la muse ne sait que faire. Désormais la personnification de l'indécision, il ne sait rien choisir. Une route, une couleur, une réponse.. Doit-il dire bonjour ? Il ne le sait pas.

Intimidable, il n'est pas rare qu'il reste muet face aux approches bien trop franche et directe, cédant à la panique qui prend bien trop vite possession de lui. Anxieux et stressé, il a désormais appris à le cacher du mieux qu'il peut, que ce soit avec un faux sourire ou avec cette manie qu'il a de se triturer les mains, Thalie ne cède pas à la panique de manière agressive, mais encore une fois, tout se passe avec le maximum de discrétion possible.

Discret, justement, peut tout aussi bien le qualifié. Lui qui adorait être demandé à l'époque, où il était cette femme dont les messages étaient plus que bien reçu, il aimerait aujourd'hui rester cloitrer dans une petite vie sans extravagance. Sans doute aussi devenu un peu timide, il a aujourd'hui du mal à s'adapter dans ce nouveau monde, et il ignore les politesses d'usage.
Politesses, d'ailleurs, qu'il connaîsait sur le bout des doigts. Les tournures d'antan et leur vieil usage n'ont pas de secret pour lui Mais, aujourd'hui, que doit-il faire; il ne sait tutoyer personne, et ce malgré l'effort. Avec lui, désormais, il faut laisser faire le temps, le laisser prendre ses marques est ce qu'il y a de plus important.

Thalie n'en reste pas moins curieux, devant lui s'offre énormément de nouvelles possibilités et, malgré ses propres craintes et peurs, la muse aime plus que tout au monde découvrir tout ce qu'il lui est désormais possible de faire.
Peu habitué à ce nouveau corps, il a du mal avec le contact physique, lui qui en raffolait lorsqu'il était Elle, se retrouve aujourd'hui effrayé et perturbé à la moindre main posée sur son épaule. Cette méfiance constante qu'il a envers tout le monde l'inquiète tous les jours un peu plus, craintif que les autres le prennent de manière personnelle et ne se sentent vexé par ses réactions; Thalie a pris l'habitude de se confondre en excuse un peu trop régulièrement et pour trop peu de choses.

Rien ne lui serait plus cher que de retrouver son 'Elle' intérieur, il lui arrive de parfois regretter son passé, se sentant sans doute aujourd'hui incompris, et perdu entre deux eaux. Ah, l'incompréhension, encore quelque chose qui le désigne bien. Que ce soit ce que les autres pensent de lui, ou lui-même à son propos, la muse est parfois perdue par rapport à ses propres réaction, surtout lorsqu'il se retrouve à l'aise avec quelqu'un.
Avec quelqu'un, dans la nature ou avec les animaux, lorsque Thalie se sent chez lui, c'est presque comme si la fleur qu'il était devenu s'ouvrait lentement, osant laisser transparaître un sourire sincère, un rire franc ou un parler avec tout de suite plus de familiarité et d'aisance. Cela demande malheureusement du temps aux autres, pour qu'il arrive à se sentir en confiance désormais, et le temps, peu d'inconnus acceptent de le lui fournir, et ce n'est pourtant pas ce qu'il leur manque désormais.

Le plaisir que Thalie ressent en restant avec les chats se trouve sans doute dans l'incompréhension commune de leurs êtres; n'ayant jamais compris pourquoi ces félins étaient si mal vus, alors qu'ils avaient, eux aussi, uniquement besoin d'être apprivoisé.

Ce nouveau mode de vie ne lui est toujours pas facile, il n'est pas rare pour lui de se retrouver perdu et confus devant des tâches simples, et il est devenu un peu trop mal à l'aise que pour demander de l'aide. Il est sans doute lent à la compréhension, tout comme le cynisme ou l'ironie, il n'est jamais sûr d'en percevoir et, pour le contrer, Thalie use de sincérité. Son mécanisme de défense est simplement de dire ce qui lui passe par la tête, et s'en est parfois ridicule, parce que recevoir un compliment après l'avoir insulté n'est sans doute pas ce qu'on s'était imaginé. Il lui est rare, voir difficile, de penser du mal des gens; pour lui, l'agressivité résulte sans doute d'un certain mal-être ou d'une gêne, et il ne peut en vouloir à autrui pour ça.

Ne se reconnaissant pas, plus au niveau psychologique que physique, la seule chose qui motive la muse à faire des efforts est de perdre ce caractère si bas voir méprisant, pour essayer de retrouver sa joie d'antan.