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    SKÖLL
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    Indépendants

    XIIIème siècle
    Il y a 25 ans
    Chef de Police
    Riche
    Invulnérabilité au feu
    OC - 1009_taktak

     J'ai faim.

    Histoire
    Qu'importe ce qu'il sera dit ici, tout peut n'être que mensonges et affabulations. Qui en tiendra compte ? Après tout, les souvenirs ne sont que des illusions déformées par des volontés personnelles. Le temps et les croyances dévorent ce que l'on pense être une vérité, et celle-ci s'en retrouve broyée, déchirée, humiliée. Et alors, l'espoir fait son office. Il scelle les morceaux usés, dans des puzzles approximatifs, adaptés aux conditions et aux attentes de chacun. C'est ainsi que des récits, naissent les légendes.

    L'histoire conte de moi une apparition simplement anecdotique. Je ne suis ni héros, ni divinité. Seulement, combien ont oublié l'importance de l'unique acte de mon existence ? Celui-ci n'était pas le résultat de ma propre volonté; et pourtant, il a déclenché un processus sans retour. Le processus de l'annihilation, celui qui brisa un monde imparfait et mal arrangé, comme une espèce d'essai voué à s'anéantir dans son propre sang. Je n'étais alors, dans ce monde, que le figurant barbare, celui qui a été choisi pour expliquer les événements dont personne n'a souhaité le rôle. Pourtant, de cette histoire découle une vérité et tant d'autres choses.

    Mes souvenirs sont, je crois, bien trop vastes pour que je puisse m'en remémorer l'origine. De quelles entrailles suis-je né ? Qu'est-ce qui détermina ce qui devint mon destin ? Tout cela m'a échappé depuis bien trop longtemps. Il est, je crois, à l'aube de mon existence, Iarnvidia, la géante de la forêt de pierre, et l'un des fils de Loki. Probablement le pire des trois, puisqu'il s'agissait du loup Fenrir. Si j'ai hérité de son apparence, ce ne fut ni le cas de sa taille, ni de sa férocité. J'étais bien assez frêle pour que les Ases ne se soucient pas de moi lorsqu'ils scellèrent le loup géant dans ses chaînes, obnubilés par de stupides prophéties dictées par de vieux fous. Savaient-ils, à cet instant, que la race des Managarm était née ? Car, après tout, je n'étais pas seul. A mes côtés se dressait mon frère, Hati, qui n'était pas bien différent de moi. Ce simple fait était suffisant pour me rassurer, lorsque Fenrir nous fut retiré. Cela arriva bien trop tôt pour que je puisse développer la moindre relation avec lui, et son absence ne m'attrista pas. J'avais simplement besoin d'une présence à mes côtés, et cela, je l'ai toujours eu. Cependant, de ma mère, je n'en gardais aucun souvenir. Je me souviens vaguement, je crois, des traits de sa silhouette lorsqu'elle veillait sur nous. Lorsque je parcourais les bois humides encore recouverts de la fraîcheur hivernale, il me semblait alors percevoir son odeur, ou du moins, des fragrances qui me rappelaient certains souvenirs d'une enfance éloignée. Finalement, la seule chose qu'il m'était encore capable de distinguer clairement était les sonorités de sa voix, marquée par les émotions. Probablement souffrais-je plus de l'absence, ou du manque de souvenirs, de ma mère, que de celle de mon père. Cependant, je suis aujourd'hui capable de déterminer la véritable raison de tout cela. S'il m'était possible de connaître l'état exact dans lequel était maintenu Fenrir, puis de constater moi-même ce qu'il était advenu de celui-ci, il n'en était pas de même pour Iarnvidia. D'elle, je n'avais ni trace, ni certitude. Est-ce que j'en souffrais ? Ma fierté me pousserait à dire que cela m'importait peu. Pourtant, mes observations concernant l'existence me forcent à croire que tout élément, même insignifiant, possède forcément une influence sur l'avenir d'un être, aussi infime soit-il. Alors, si je dois conclure quelque chose de tout cela : mon enfance ne fut rien d'autre que la toute infime partie de moi-même.

    Pour mon frère, je n'éprouvais aucun jugement. Je n'avais ni satisfaction, ni déception le concernant. Il a été celui qui avait accompagné toute mon existence, et mon enfance fut bien rassurante à ses côtés, lorsque j'éprouvais la peur d'une solitude oppressante. Nous n'avions, à cet instant, ni but ni volonté. Nous vivions parmi les Ases, dans un royaume qui n'était pas le notre; où nous n'avions pas notre place. Notre puissance n'aurait pas permis notre survie en cas de contestation. Nous n'avions pas non plus d'intelligence particulière, ou d'aspect pouvant provoquer une inquiétude. Nous étions simplement là, à vivre et à observer un monde qui nous accueillait bien trop timidement.

    A cette époque, les jours ne passaient pas. La nuit n'avait plus sa signification d'origine. Sol et Mani, les dieux qui guidaient le Soleil et la Lune dans les cieux. Les Ases leurs avaient donné le rôle de diriger ces deux Astres afin de compter les années des hommes. Je ne comprenais alors que trop bien l'ingratitude de ce travail, et je ne m'étonnais pas que ces deux dieux trouvaient plus distrayant d'observer la vie et le monde. Pourtant, ces désagréments semblaient lassants pour les autres dieux, et il n'était pas rare d'observer Odin menacer Sol et Mani de sa lance pour qu'ils continuent leur course. Ces menaces régulières n'étaient devenues que des banalités à mes yeux, et celles-ci ne trouvaient que très rarement le résultat escompté. Néanmoins, tout cela m'importait peu. Qu'avais-je à faire du cycle des jours et de la nuit, lorsque déjà, je n'éprouvais qu'un faible intérêt pour les conflits qui régissaient la vie des Ases ? Chaque instant n'était qu'une errance inutile, et lorsque je repensais aux liens qui ligotaient mon père, je me disais que celui-ci avait bien de chances d'avoir une justification à toute cette léthargie. La réalité, je crois, c'est que je m'ennuyais fortement. Je ne parvenais, malgré moi, à ne trouver aucune distraction suffisante. Si j'étais physiquement libre, je savais cependant que les dieux me surveillaient, d'une manière ou d'une autre. Ils n'attendaient que l'instant où mon frère et moi cédions à une tentative qui aurait pu menacer une existence qu'ils jugeaient agréable. Je les savais avides de prophéties, paranoïaques et égoïstes. Ils ne cessaient jamais, à chaque instant, de vouloir dicter les règles qui devaient régir le monde. Ils ne cessaient jamais de déclencher les conflits dans leurs propres rangs, et prétendaient que tout était idéal, merveilleux, calme et parfait. Ils étaient si détachés de l'amusement et de la folie qu'il leur était alors facile de repousser, renier, ou bannir tout ce qui s'éloignait, d'une manière ou d'une autre, de leurs idéaux. Pourtant, cette folie avait bien pris source dans leurs entrailles. Les plus fous, c'était eux. Guidés par leur surdité et leur cécité, ils étaient incapables de percevoir les évolutions qui leurs étaient proposées. Ils refusaient tout mouvement et toute amélioration sous peur de perdre leurs principes. Ils se contentaient simplement de classer les rôles et les tâches dans des titres prétentieux, comme si tout devait être précisément rangé. Chaque existence avait son but. Peut-être était-ce leur façon de leur accorder de la valeur, tout simplement car ils étaient incapables d'exprimer des sentiments. Ainsi, comment devais-je vivre le fait que l'on ne m'ait attribué ni tâche, ni considération ?

    Ce qui a marqué ma mémoire à cette époque est, me semble-t-il, cette profonde rancœur, ce mépris maladif, une répulsion écœurante et un immense désarroi qui me poussèrent à abandonner ce qui avait forgé jusque là les quelques bribes de mon passé. La force de ces sentiments me fit oublier leur aurore. Pourtant, depuis l'instant même où je les ai ressenti, ils m'ont accompagné, jusqu'à aujourd'hui encore. Je n'avais, alors, que la simple volonté d'exprimer ce qui me nuisait jusqu'à m'en dévorer. Je me rendais compte que cela était impossible avec de simples mots. La seule équivalence probable était la destruction. Là se dressait mon impasse. Comment pouvais-je aller à l'encontre de ceux que je haïssais, sans que cette destruction ne se retourne aussitôt contre moi ? Je ne pouvais que me laisser ronger les entrailles par cette avidité que je ne savais maîtriser. Ce fut, je crois, les pires instants de mon existence. Et plus je laissais cette impuissance croître, plus la violence de ma propre furie devenait palpable. J'avais tout juste conscience de mes gestes, et cette conscience restait préservée par Hati qui me guidait. Probablement que, sans sa présence, j'aurais cédé à une espèce de folie machinale qui m'aurait mené à une perte irréversible. Lorsque j'y pense aujourd'hui, je me dis que cela aurait été un bien triste destin. Cependant, je sais aussi que cet état n'aurait pas pu être infini. Tout était bien trop instable et maladroit pour garder un quelconque équilibre.

    Il m'aura fallu rencontrer Loki pour me sortir de cette transe furieuse. Était-il venu à moi, ou étais-je parvenu à lui ? Je ne m'en souviens plus vraiment. Il ne m'était pas inconnu. Il était le père de Fenrir, et indéniablement, mon propre grand-père. J'avais développé, par le passé, une confiance aveugle en lui. Il était, à mes yeux, de tous les dieux, le moins atteint de cette folie qui les rongeait tous. Probablement en était-il totalement immunisé. Il avait, plusieurs fois prouvé qu'il représentait l'idéal de l'existence que je me faisais. Je me forgeais une délicate admiration pour lui. N'importe qui, sans doute, aurait certainement éprouvé de la méfiance à son égard. Mais que pouvais-je craindre de lui ? Si je devais mourir sur l'une de ses moqueries, cela n'aurait été que la preuve de ma propre stupidité. Sans doute était-ce pour cela qu'il était aussi redouté et aussi haï. Il s'était, d'aussi loin que je me souvienne, toujours contenté de mettre à nu les faiblesses et les rancœurs des dieux.

    Cette fois, il nous proposa, à Hati et moi, d'offrir une solution à la tourmente des Ases. Tout cela semblait si simple. S'ils étaient las de dépendre des caprices de Sol et Mani, et que ceux-ci ne répondaient pas à leurs menaces, il suffisait de jouer le rôle du bourreau. Loki nous offrait en récompense le droit de nous délecter du corps de ces dieux, si nous parvenions à les saisir entre nos crocs. Je pense, cependant, qu'il n'a pas offert ces détails aux Ases. Là était tout l'intérêt de la chose. Je supposais bien qu'il y avait une conséquence à cela. Mais, était-elle si importante ? Et nous concernait-elle ? J'avais connaissance du mépris qui lui était offert, et je me doutais que son principal souhait était de nuire à ceux qui vivaient dans le tourment. Tout cela m'importait peu, et puisqu'il m'était offert l'occasion de me libérer de la destruction dont je souffrais, je ne demanda pas plus de détails.

    La Déesse Sol devint la cible d'un courroux qui ne lui était pas justifié. Et lorsque celle-ci en prit conscience, probablement était-elle trop effrayée pour lutter. Elle connaissait le désagrément provoqué par ses dispositions, peut-être craignait-elle la sentence des dieux ? Je ne cherchais pas de diplomatie. Je m'élançais, simplement, gueule ouverte, à sa poursuite. Loki, tout comme les autres dieux, étaient probablement satisfaits du résultat. Jamais le monde n'avait connu un cycle si précis, si régulier. Fut alors le début de mon épuisante existence. Combien de temps dura cette course pour la destruction d'une étoile ? De mémoire d'homme, il en a toujours été ainsi. Cependant, la vie de ces mortels est si courte qu'il est difficile de la prendre en référence. Au moins parvenaient-ils, cette fois, à déterminer le temps qui s'écoulait. Pour eux, cela semblait si évident. Chaque repos du soleil vers des terres lointaines permettait de définir ce qu'ils avaient perdu; mais pour moi, qui ne cessais de chasser celui-ci vers des ténèbres toujours plus lointaines, qu'est-ce qui mesurait le temps ? Je ne voyais que le char de Sol tiré toujours plus loin. Inlassablement, nous formions cette boucle infinie autour du monde solidement fixé par Jormungandr.

    Périodiquement, je revenais toujours sur mes pas. Ceux de la veille, et de l'avant veille. Inlassablement, je retrouvais les mêmes terres, les mêmes décors, les mêmes paysages. Toujours aux mêmes moments de leur vie, je retrouvais les mêmes peuples, et percevais les mêmes scènes. Au fil du temps, je voyais le monde évoluer. Je voyais certaines existences disparaître, et d'autres apparaître. Je devenais, doucement, bien curieux de tout cela. Qu'est-ce qui pouvait déterminer leur vie, leurs habitudes ? Chez les Ases, je me rendis compte que Loki avait été fait prisonnier, au même titre que Fenrir. Je ne reviendrai pas sur mes jugements concernant ces êtres. J'en ai, je crois, déjà bien trop dit. Néanmoins, ce fait ne fit qu’accroître ma rancœur; et ma course devint plus déterminée encore. Quant aux hommes, je prenais conscience de leur horreur et leur vanité. Comment leur en vouloir, lorsque leur monde était régit par une divinité absurde et égoïste ? Je comprenais alors que le destin n'existait pas, et qu'il n'était qu'une justification des actes commis, des décisions incertaines. Tout ce que je voyais, tout ce que j'apprenais, et tout ce que je ressentais me semblait si négatif, que je ne cessais de repousser loin de moi ce qui ne m'apportait pas satisfaction. Ainsi, alors que toute ma férocité s'abattait sur Sol, réceptacle malgré elle de tous les sentiments qui engendraient ma folie, le seul qui accompagnait mon errance dans les cieux, qui précédait le soleil et coursait Mani, était mon frère. Je n'avais aucun intérêt à souhaiter la présence d'une autre compagnie que celui qui partageait ma peine dans ce rôle si barbare. Néanmoins, c'est peut-être à partir de là où tout s'est enclenché. Est-ce que le résultat de mon être découlait de toute cette banalité, ou était-ce cette course insensée qui fit chavirer ma raison ? Sans doute n'importe qui d'autre aurait sombré dans cette inconscience maladive, d'avoir pour seule aspiration d'obtenir l’insaisissable. Chaque jour, je rêvais de la chair divine sous mes crocs meurtris par la bave du désir. Je ne souffrais pas de l'épuisement, ni même de la lassitude. Peut-être, d'une certaine façon, étais-je heureux de ce but offert à ma vie. Malgré tout, j'étais incapable de percevoir ce sentiment si positif. La Haine du monde s'amplifiait. Les complots, les désastres et les rivalités défilaient sous mes yeux détachés. Peu importe ce qui m'avait engendré, je n'en voulais plus. Ces terres, je ne les connaissais pas. Ces peuples n'étaient pas non plus les miens. Les Dieux, je les avais renié depuis bien trop longtemps. Dévorer. Je voulais les dévorer. Sol, les Dieux, les Hommes. Qu'avaient-ils mérité de plus, puisqu'ils m'avaient privé de tout ? C'est vrai. Je n'avais plus rien. Plus rien si ce n'était mon frère, et l'Astre Solaire à anéantir.

    Cette fois, l'éclipse deviendrait hiver. Cette fois, le chaos durerait trois ans. Cette fois, les dieux s'entre-tueront, les humains périront. La terre se disloquera, les cataclysmes achèveront les survivants. Et, malgré tout cela, les flots se lèveront et les flammes consumeront les cendres.

    Car ainsi était écrite la prophétie. A vouloir fuir leur destinée, voilà qu'ils l'avaient provoquée. Les os de la Déesse se brisèrent sous mes crocs, et la nuit vint. Plus loin, Loki libéré, et le cortège de Hel. Ailleurs, Jormungandr, sorti des eaux et dont les anneaux ne scellaient plus le monde. Puis, les liens de Fenrir brisés. Celui-ci, dont l'immense gueule ouverte déchirait la Terre et dévorait les étoiles, ne tarda pas à mourir vaincu. Tous les autres, aussi. Ce conflit m’enivrait douloureusement. Je me rassasiais des corps abandonnés là, et souillais les trônes des dieux de leur propre sang. Je contemplais ce spectacle inestimable, et me rendais tout juste compte de la réalité des événements.

    Et à la fin, il n'y avait plus rien. Pas de mort victorieuse, pas de défaite héroïque. Il n'y avait qu'un néant absolu, inconnu, opaque et amer. C'était le néant de l'oubli, celui de l'abandon, de l'inconscient. C'était le néant qui n'existe pas, sans matière, sans vérité, sans aucune consistance que celle de son propre être - ce n'était même pas une existence, il n'y avait pas d'existence. Il n'y avait que cette chose hostile et froide, sans but, car rien là-dedans n'était à même de concevoir un but. La volonté elle-même était anéantie, la pensée dissoute, le temps annihilé.

    Cela était si effrayant. Mais j'en avais tout juste conscience. Ou du moins, je commençais à en prendre conscience lorsque les sensations me revinrent. D'abord, j'eus l'impression d'être asphyxié. Cela n'était pas tout à fait le cas. C'était comme si je me souvenais tout juste qu'il fallait respirer. Que cela était nécessaire, essentiel. J'avais peur que mes poumons soient gorgés de cendres et d'eau glaciale. Mais il n'en était rien. Au-delà de ce trou noir indéterminé, mes souvenirs étaient vagues. Il me semblait bien, pourtant, être mort, d'une façon ou d'une autre. Comment pouvais-je revivre ? Je constatais bien vite que tout était différent. L'air, le climat, les décors, les odeurs. J'avais l'impression de naître une seconde fois. C'était probablement la sensation la plus désagréable, la plus néfaste qu'il me fut donné de connaître. Je n'avais pas choisi cela, je n'avais pas voulu cela. Mon objectif était accompli, et je l'avais glorieusement célébré. Cela n'était-il pas suffisant ? Je n'avais pas la naïveté et l'insouciance d'un nouveau-né pour découvrir un nouveau monde. Et, à mes côtés, je n'avais pas la présence de Hati. Tout cela me semblait si hostile. Abject. Je détestais cela. Je n'en voulais pas. Et pourtant, impuissant, je ne pouvais le repousser.

    Me voilà dans ce corps humain, cerné d'autres humains. Quel échec. Mais cette fois-ci, le Soleil semblait se guider seul. Cette fois-ci, rien ne semblait faire allusion à de quelconques divinités. Si je ne parvenais pas à comprendre la situation actuelle, je pouvais, tout au moins, me rassurer avec les quelques éléments perceptibles. Impossible. Jamais la lame de la Vendetta ne sera assez robuste pour me briser. Jamais, je crois, l'espérance de l'existence ne parviendra à me combler. Si j'ai été déchu de ma propre réalité, pourquoi ne le serais-je pas de nouveau ? Il en est ainsi; et ainsi en sera-t-il tout du long.

    ----------

    Vingt-cinq ans. Vingt-cinq années de stupidité naïve et absurde.

    Car ainsi était Insomnia.

    Rien ne pouvait dicter le parfait déroulement de la vie, lorsque des âmes si différentes, si opposées, se rencontraient. Il n'y avait aucune logique à cela. Aucune justification. Rien d'autre qu'un silence plat et vaste. Les crocs me manquaient, et quelques fois, je rêvais de les dévorer. Leurs astres et leurs corps; leur monde tout entier. Mais ils n'étaient pas plus chez eux ici que moi; ils n'étaient pas meilleurs, ni plus sages. Je haïssais plus encore les hommes, ceux qui avaient réellement vécu, ceux qui avaient respiré, et qui trouvaient toute légitimité en leur existence. Parce qu'ils avaient créé la vie, non pas de leur corps mais bien de leur esprit. Parce qu'ils étaient certains d'avoir accompli quelque chose; mais ne l'avaient-ils pas fait seulement pour quelques autres hommes ? Ils n'étaient pas aussi égaux que les dieux qui, ici, avaient subi toute déchéance. Ces dieux qui, pendant leur vie parfaite, avaient régi toutes les lois, tous les désirs, et toutes les peurs. Plus rien alors n'avaient de sens. Et cela, je le comprenais bien vite.

    La cruauté n'était pas quelque chose qui me parut d'abord réellement saisissable. Tous les sentiments humaient n'étaient qu'une abstraction, un vice de l'esprit qui n'avait de sens que pour des futilités bien gardées. L'ennui me revenait, plus sourd, plus déchirant encore qu'autrefois. Le plus détestable était certainement que je n'avais plus cette présence sombre et parfaite à mes côtés; et c'est alors que la solitude m'offrit tous les cauchemars les plus terribles, les plus opaques et les plus noirs. Elle me fit découvrir la faiblesse, et bien d'autres choses que j'avais si longtemps méprisé. Elle était plus effrayante encore que la mort, là où celle-ci n'offrait aucune conscience, et j'en vins à la redouter fatalement. Oui. J'avais peur. Et je découvrais que je n'étais alors rien de plus qu'un fragile enfant, noyé dans un désespoir semblable à une vaste mélasse angoissante, épaisse et morbide; une mélasse de laquelle on ne sort pas, qui vous adsorbe plus encore à mesure que vous luttez. Probablement aurais-je pu disparaître ainsi, bien trop vite et bien trop silencieusement. Mais il y eut cette main, et derrière elle, cette âme.

    Probablement l'aurais-je haï, en d'autres circonstances. Mais la lâcheté et la faiblesse m'avaient déjà dévoré, et je n'étais plus qu'une carcasse malléable. Ne l'avais-je pas toujours été ? Il représentait à la fois ce qu'avaient été Loki et Hati; et à cela, je ne pouvais y renoncer. Alors je vivais, et je dévorais, tout autant qu'il m'était demandé de le faire. Je découvrais bien d'autres visions d'Insomnia. Ailleurs, et quelques fois, il y avait des gens guidés par le simple désir. Et ce n'est qu'alors que je découvrais tout à fait la véritable cruauté.

    Ce n'était pas celle qui déchirait les peuples, amenait le chaos ou la folie. Ce n'était pas non plus celle qui invoquait le cauchemar et la terreur. Ce n'était pas celle qui infligeait la douleur, qu'importe la forme. La cruauté était bien au-delà de ça, dans sa nature la plus pure et la plus parfaite, et se jouait de tous les vices, riait de tous les maux. Et doucement, j'y sombrais. Dans une douce et tendre fatalité, je la laissais me saisir les membres et m'embrasser dans une saveur nouvelle. Elle se manifesta plus encore avec les derniers événements qui avaient régit la vie à Insomnia; le conflit entre deux entités qui emporta avec lui bien d'idéaux et d'espoirs.

    Il fut dans l'intérêt de chacun, probablement certains plus que d'autres, de tirer avantage d'une telle guerre. En cela, je ne m'y plaisais pas; rien ne semblait y être confortable. Sans doute avais-je déjà trop pris le calme paisible pour une valeur bien sûre. Le temps où les Ases régnaient, où leurs colères dictaient l'ordre du monde, me semblait à présent bien loin. Sans doute étais-je pris d'une lente et profonde lassitude. L'ennui était toujours là, sourd et muet, mais bien fermement accroché à l'éventualité d'une renaissance plus soudaine. Mais mon répit fut bref et discret. La colère m'emporta et ne fut pas dictée par ma seule conscience.

    Des deux idéaux qui s'opposaient, je soutenais celui qui sembla montrer plus de force et de certitude; certain que la définition du mal ne pouvait pas être simple et pure, et convaincu qu'il était celui qui emportait toute vie sur son passage. Chaque histoire était marquée par le point final du malheur, de la douleur, ou de l'horreur. Le bien n'était qu'une illusion, une légende contée aux enfants pour rendre le mal si néfaste. C'est ce que les vingt cinq dernières années m'ont apprises. Et qu'importe la fin du conflit; qu'importe le résultat. Je sais que les volontés qui se sont immiscées dans les esprits durant les derniers mois, les dernières années, sont dorénavant bien trop ancrés pour que l'insouciance ne les chasse tout à fait. Et en bien des choses, mon passage sur ces terres aura été plus cruel qu'il n'a été paisible.
    Caractère
    Qualités
  • • Ne supporte pas l'injustice.
  • • Bien trop fidèle pour rester sauf.
  • • Trop minutieux, avec un goût certain pour la perfection.
  • • D'une franchise parfois cruelle.
  • • Honnête, même dans les coups bas.
  • • D'un ouverture d'esprit douteuse.
  • Défauts
  • • Pessimisme contagieux.
  • • Renfermé, avec trois portes blindées.
  • • Peut perdre le contrôle. Cruellement.
  • • Adepte de tout ce qui n'est pas moralement correct.
  • • D'une curiosité pathologique.
  • • D'un égoïsme déraisonnable.

  • Je n'ai pas le talent d'un orateur, ni l'allure d'un mannequin. Je n'ai pas même encore le passé d'un héros. La gloire ne m'a jamais souri; je n'ai jamais effleuré le légendaire succès. Pour quelle raison, après tout, ces gens doivent-ils être calqués sur un même schéma pour être appréciés, adulés, ou bien détestés ? Il ne s'agit que d'une naïve popularité linéaire. Après tout, je n'ai pas la compassion humaine : je n'ai jamais été humain. Ces sentiments remplis d'orgueil et d'égoïsme ne me disent rien. Je ne veux rien et je n'entends rien. Je n'ai de foi qu'en ce que la vie a établi comme schéma pré-rempli. Est-ce une solution de facilité ? J'en doute.

    J'ai vu les êtres vivre et mourir lâchement. Jamais je ne me suis mêlé à leurs barbaries. Jamais je n'ai voulu souiller mes convictions dans leurs conflits. Et si ma vie n'a été qu'une pâle apparition, elle le sera de nouveau. Pourquoi le changerais-je ? Il en est très bien ainsi. Je n'ai ni rancune, ni désir quant à cela. Seul le Soleil vivra en paix, cette fois, je le crois bien. Je n'ai plus l'élan ni la conviction d'autrefois. Et quand bien même, que puis-je faire de ce corps malsain ? Lorsque, aujourd'hui, je fais claquer mes crocs limés, je ne sens plus le frémissement de l'air glacé. Seul ce crâne arrondi par la stupidité tremble et souffre.

    Non, je n'apprécie pas l'état humain. Je n'aime pas ces cheveux fins, blonds colorés dans une saveur haïssable; le rose d'un désir que je conçois pas, que je n'admets pas -sujet d'une folie qui n'est pas la mienne. Je hais tout autant cette stature frêle et réduite. Oh, sans doute est-elle bien supérieure à la moyenne des hommes. C'est ce que j'ai remarqué. Mais quid du loup brillant, hurlant, dansant, d'autrefois ? Je n'ai plus cette fourrure douce et chaleureuse, et ma peau nue et imberbe s'en retrouve fragilisée par tout événement. Je me sens alors cruellement futile, impuissant, et je le suis réellement. Ces mâchoires qui, autrefois, étaient capables de briser des ossatures et de déchirer des corps divins, ne peuvent plus, à présent, qu'engloutir quelques infimes bouchées d'une nourriture écœurante.

    Pourtant, je me suis habitué. Sans doute n'avais-je pas le choix. J'ai découvert tant de mondes, de sensations, de volontés, et d'univers. J'ai pris plaisir à la douleur, et la lâcheté de ce corps faible n'est plus qu'un prétexte. Oh, j'en ai brisé tant d'autres. J'en ai admiré; j'en ai désiré; j'en ai dévoré. Tous me paraissent aussi horribles, aussi détestables. Mais les émotions et les sentiments humains m'ont déchiré. Ils m'ont brisé, dans mes jours de fierté. Ils m'ont contemplé, lorsque je découvrais la tristesse. Probablement ai-je voué en eux une passion que je ne saurais reconnaître. Car si je le faisais, sans doute serais-je changé à tout jamais. Mais je rêve encore de ce passé oublié, qui ne m'appartient plus. Il n'est pas celui qui m'a forgé, mais bien celui qui m'a corrompu. De lui, je n'en tire aucune joie, seulement la douce nostalgie apaisante.

    Ce sont les années à Insomnia qui ont fait de moi cette créature imparfaite. J'ai été mêlé à une gangrène que je ne souhaite plus, mais qui m'accroche à la peau, me dévore chaque jour un peu plus. J'ai su élever une volonté dont je ne supposais rien. Et en mêlant les noirceurs de cette âme, j'ai découvert une infinité de couleurs. Je vis de nouveau. Je vis encore. Et j'en désire tant. Il n'y a pas de limite à cela. Il n'y a pas de logique à la rationalité. Tout est insignifiant et même l'insignifiance sait se montrer splendide. Mes crocs sont à présent d'une autre nature; d'une autre oeuvre; d'une autre volonté.
    Anonymous
    Invité
    Invité
    Revelio
    Nox
    Lumos

    bravo tu es validé !

    BOUM VALIDATION NINJA ! tu es beau et tu sais que j'adore ton style, la fiche est très complète j'ai rien à redire c'est soyeux et je te caresse.
    Rebienvenue quand même; amuse toi bien sur Insomnia après tout, tu connais la maison !

    Maintenant que tu as rempli la tâche qu'était de remplir ta fiche, je t'invite à aller remplir de quoi finaliser ton inscription.Pour recenser ton avatar, c'est [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]. Pour que ton personnage ait un lieu de travail, je te conseille également de te rendre [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] pour remplir un formulaire et obtenir un logement. De même si tu veux un joli rang sous ton pseudo, tu peux venir en réclamer un à [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]. Et le plus important, n'oublie pas de recenser [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] et [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] ♥️ !
    Oh et, si tu possèdes un DC/TC, viens le recenser par [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] et pour finir (oui c'est long) [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] ~ !
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