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    Revelio
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    Lumos

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    I'M ALIVE !


    Le bruit de la cuiller qui touille le liquide noir et opaque, tinte paisiblement dans la pièce, cédant parfois au martèlement de doigts sur le clavier du pc.  
    Ce reflet bleuté de l'écran défile à mesure que la souris guide la page vers le bas, que tes écrits se complètent au rythme du fracas rapide du plastique sur le système interne, plastique qui commence à montrer signe d'usures.
    Il manque déjà la lettre M.  

    Tu t'arrêtes un instant. Tes sourcils se froncent. Les doigts devant la bouche, tes pupilles suivent les lignes du texte avec un sérieux que peuvent de personnes peuvent se targuer d'avoir vu sur ton visage.
    Puis tu baisses le regard sur le clavier et corriges quelques mots, reformules quelques phrases. Tu n'es jamais vraiment satisfait de la tournure de celles-ci, mais tu te connais assez bien pour savoir que tu y reviendrais plus tard. Quand l'article serait entièrement rédigé et que, le recul de plusieurs jours aidant, tu le transmettrait à d'autres correcteurs.
    Alors ton dos vient toucher le dossier avec une certaine lassitude, lorsque tes cils s'abaissent enfin pour recouvrir entièrement l'ambré d'un regard fatigué, travailleur mais fatigué.

    Il était de ces journées où tu commençais plus tôt, malgré le manque de sommeil évident, car tu devais rendre à tout prix des articles construits à un journal coopératif. Celui-ci du moins comprenait énormément de témoignages, et tu te devais de les trier au plus près pour en faire quelque chose de plus clair et concis. Néanmoins, comme tu es un travailleur de dernière minute, tu n'es productif que lorsque l'échéance est assez proche pour te stresser assez et te donner cette adrénaline que tu cherches constamment.

    L'anse de la tasse noire te fait de l'oeil et tu ne peux malheureusement y résister. Que ce café pernicieux ne se permette d'allègrement te faire envie est un sujet sensible pour toi, mais tu ne regrettes d'y succomber, car la fatigue présente s'accapare les muscles de tes épaules et de ta nuque, à présent endoloris.
    Tu tiens ta tasse de deux mains, les coudes sur les accoudoirs, tournant tantôt à droite ou à gauche en profitant de la mobilité de ton fauteuil. Tu te sens mieux, bercé par le café brûlant et le confort de l'assise. L'écran ressemble à une corvée fastidieuse, mais tu te sens satisfait de ton travail.
    Il y a quelques vidéos à revoir, à retoucher, et le dernier montage se fera sur place.
    Tu y penses longuement.
    Jusqu'à ce que la sonnerie intempestive de ton téléphone ne te tire brusquement de ce demi sommeil.

    L'écran s'est allumé, à côté de celui de ton ordinateur portable. Il affiche en gros le portrait d'un client, en blanc, sur un rond rouge, son nom en majuscules. Tu grommelles un peu, et, te rapprochant, tu décroches sans grande conviction.

    -Ah, Sir Bright !

    Pourtant tu sais, tu es obligé. Alors tu passes à travers tous les tons plus aimables les uns que les autres. Tu flattes et te lèves. Tu tournes en rond dans la pièce. Les minutes se transforment en paquets de minutes. Bientôt, l'heure s'écoulera sans que tu n'aies pu avancer.
    Tu n'en peux plus, mais tu es obligé de conclure cette affaire. D'ailleurs, tu ne sais si c'est cet appel ou le manque de sommeil qui fait battre ton cœur, qui te donne des picotements sur l'épiderme et ne te serre brusquement les muscles déjà bien tendus.

    Une lumière rouge clignote sur le téléphone du bureau, tu demandes à la personne que tu as au bout de fil d'attendre un instant, cache le smartphone contre ton épaule et appuie sur le bouton.

    -Monsieur, un colis pour vous.

    -Ne pouvez-vous pas vous en occuper, Vincent ? Demandes-tu, un peu fâché de te faire déranger.

    -Non, Monsieur, il faut absolument votre signature, sans quoi il repartira.

    Tu soupires, quelque peu agacé malgré les tremblements qui prennent les nerfs à l'extrémité de tes doigts.

    -Bien, bien, j'arrive.

    Tu reprends ton appel en lâchant le bouton, attrape ta tasse de café et la porte de nouveau aux lèvres.

    -Nous disions ?

    Et tu n'y penses plus, habitué aux multitâches, tu ris. Du moins, tu fais semblant de rire. Il y a dans ta poitrine une gêne qui te fait grimacer sans que tu ne puisses y passer une main pour y malaxer et faire disparaître la sensation. Alors tu bois de nouveau ce café refroidi et dépose la tasse sur une commode lorsque tu arrives en bas des escaliers. C'est peut-être le trop plein de caféine qui te donne autant d'adrénaline...
    Cet après-midi, ce sera tisane.
    Attrapant au passage quelques papiers que tu avais oublié là - en y regardant bien, c'étaient des courriers d'il y a quelques jours -, tu confirmes de nouveau à ton interlocuteur.  
    Tu as envie de terminer l'appel.

    Alors Vincent, bien dressé à côté du livreur lui indique de la main que tu es son maître en question, mais tu ne fais pas plus attention. Il essaie de t'expliquer où signer, mais tu réponds encore à celui que tu as au téléphone, d'ailleurs, qui ne cesse de te parler de choses toutes plus incohérentes les unes que les autres. Jusqu'à ce que l'adrénaline devienne plus vive. Ton cœur se fait plus douloureux, les picotements plus insistants. Tu veux en terminer avec cette histoire de colis, rivant enfin ton regard sur la personne.
    Et tu te figes.

    Tes yeux d'ambre ne peuvent se détacher de cette silhouette.

    Grande silhouette toute faite de barbe et de cheveux hirsutes. D'une tenue plutôt nonchalante.

    Ton cœur explose brusquement, tu grimaces.
    Lui aussi est fixe, devant toi.
    Mais vous avez certainement réalisé, en même temps.

    -Ho...

    Oh mon dieu.
    Voilà tout ce que ton cerveau est capable de dire. De penser. De sentir. Tu es figé sans savoir, pour une fois, ce que tu dois faire. Puis tu te rappelles dans un tressaut de conscient qu'il y a quelqu'un au bout du combiné, qui demande si ça va, qui hurle derrière.

    -Oui, pardon, je vous rappelle plus tard, on en discutera autour d'un thé !

    Puis tu raccroches à la va-vite, comme si ta vie en dépendait. Tes yeux son rivés sur lui sans que tu ne puisses t'en détacher, toi, qui de coutume, faisait bien des façons, tu ne pouvais qu'être gauche dans ta façon d'agir enfin devant un être dont tu sais tout.

    -Le Horla ?
    Demandes-tu, comme si cela était une évidence qui ne devait en être une. Ton cœur, lui, faisait des sauts étranges en toi et les décuplaient combiné à l'étrange sensation de se demander si cela était normal. Bon, en même temps, c'était Insomnia.
    Mais Le Horla ? Tu plisses les yeux, comme ne réalisant pas.
    Tu ne peux douter.
    Tu sais.
    Lui aussi, doit savoir.
    Mais c'est … bizarre, non ? Puis tu tressailles de nouveau.

    -Pardon, je manque de manières ! A-...
    tu regardes le divan salvateur. V-Voulez-vous vous asseoir un instant ? Vincent, fais apporter du thé à notre invité ! Vous aimez le thé ? penches-tu la tête, déstabilisé, agité, pressé. La sensation qui te tiraille de l'intérieur ne cesse de se manifester d'une bien étrange manière.

    -De suite, Monsieur.

    -Vous... Vincent, c'est mon domestique. Dis-tu, dans une élocution bordélique. Enfin, je voulais dire... si vous désirez autre chose, vous pouvez lui demander...

    C'était quoi cette nullité ultime ?





    Maupassant


    Le Horla
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    Nox
    Lumos

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    C’est du pied gauche que tu t’es levé ce matin. Une nuit de merde, peu de sommeil, des idées noires, un mauvais pressentiment, tous les bons ingrédients pour faire de toi un homme aigri à souhait. Mais que serais-tu sans cette mauvaise humeur presque quotidienne ? Pas grand-chose à mon avis.

    Tu te lèves avec difficulté et tu regardes l’heure ; il est encore trop tôt pour sortir la tête de chez toi. Alors tu vas prendre un café, tu te brûles maladroitement les doigts en voulant prendre la tasse, tu t’asseois sur la première chaise qui se présente à toi et tu observes avec attention le liquide encore plus sombre que tes yeux. Ce n’est pas ce que tu préfères, mais c’est ce qui t’empêche de laisser le sommeil l’emporter. Ce serait fort dommage que tu te rendormes, non ?

    Les minutes passent, et tu n’as toujours rien bu. La journée s’annonce très longue, et tu n’as qu’une envie, c’est de retrouver ton lit ce soir. Pensif, tu viens gratter ta barbe qui pousse sans que tu ne fasses quoi que ce soit : elle n’est pas assez longue pour que tu songes à passer un coup de rasoir. Enfin, tu prends une gorgée, puis deux, puis la tasse se vide enfin. Tu la laisses négligemment trainer sur la table, tu t’en occuperas en rentrant.

    Finalement, tu t’habilles avec ce que tu trouves, tu passes un pseudo coup de peigne dans tes cheveux, tu enfiles une veste, et tu pars.

    La journée ne s’annonce pas chargée, mais c’est déjà bien assez pour te fatiguer. Tu vas et viens un peu partout, luttant pour ne pas t’arrêter un moment afin de faire une sieste, de gratter quelques minutes que tu n’as pas pu avoir cette nuit. Un colis livré, un second, un troisième, aujourd’hui, tu n’as qu’une envie : que tout ça se termine. Tu regardes l’adresse du prochain colis, et quelque chose t’agace. Tu plisses les yeux, comme si tu avais soudainement du mal à lire, et tu essayes de comprendre ce qui te tracasse autant, sans réussir à mettre le doigt dessus.

    Bah, tant pis.

    Tu reçois un appel peu de temps avant de repartir. On t’embête une fois de plus, on t’irrite, tu te contentes d’acquiescer machinalement pour que ton interlocuteur te foute la paix plus vite, tu raccroches enfin, et tu te diriges là où tu dois être. Une fois à l’arrêt, tu t’empresses de chercher le bon colis, puis tu sonnes. Quelqu’un t’accueille assez vite, et tu le dévisages pendant de trop longues secondes ; il ne te dit rien… En même temps, peu de gens te disent quelque chose.

    « J’ai un colis à livrer… Pouvez-vous signer ? »

    Apparemment, ce n’est pas à lui de signer. Tu soupires presque instantanément, rester planté comme un idiot ici ne t’enchante pas vraiment, mais il va falloir que tu attendes un peu. Tu tentes de redresser le dos, mais rien n’y fait, tu es bien trop fatigué pour faire ce genre d’efforts. Le temps qu’un autre arrive, tu cherches à tuer le temps en cherchant le papier pour signer. Machinalement, tu le tends machinalement, mettant un certain temps avant de relever le regard pour fixer le livré.

    Ton cœur manque un battement.

    Il y a quelque chose qui cloche, qui t’effraie et te fascine en même temps. Tu sais qui il est, mais tu ne veux pas l’admettre, tout simplement. Tu clignes les yeux plusieurs fois, tu nies le fait de le connaître, tu veux t’en aller, mais tu restes là comme un con à fixer ses yeux. Si lui tente d’articuler quelque chose, toi, tu restes de marbre, tiraillé entre l’envie de lui demander s’il était vraiment cet homme ou de tout simplement lui mettre une tarte.

    Lorsqu’il t’appelle, tu reviens enfin à toi. Tu as un petit mouvement de recul, tu n’oses rien dire, tu restes à ta place les jambes tremblantes. Tu hoches la tête pour confirmer que c’est bien toi, mais aucun mot ne sort de ta bouche, comme s’il venait de t’enlever la parole dès lors que tu as posé les yeux sur lui. Tout se passe très vite, tu peines à suivre, mais tu ne refuserais pas ces quelques minutes de repos le temps de prendre un thé et de recoller les morceaux.

    « Oui, s’il vous plait. Un thé. Ce serait très gentil. »

    Tu es bien plus tranchant qu’avec le domestique, comme si tu avais quelque chose à lui reprocher. Tu as très bien compris qui c’était, et tu te fais vraiment violence pour ne pas le harceler de questions. Mais une chose est sûre : tu es en colère. Des souvenirs jusque-là enfouis comme tu le peux refont surface, et tu fais très vite le lien entre ceux-ci et lui.

    Le pauvre a l’air déboussolé, tu l’es tout autant, mais tu ne le montres pas. Tu ne le lâches pas du regard, et tu ne te gênes pas pour aller t’asseoir, venant presque t’affaler à cause de toutes ces émotions.

    « Vous devez être monsieur de Maupassant. », grognes-tu. Tu as quelque chose à lui reprocher, et ta mauvaise humeur doit aider à montrer ton agacement. « Je… C’est étrange. »

    Tu marques une pause, le thé ne tarde pas à arriver. Le domestique vous l’apporte et vous sert. Tu prends la tasse sans plus attendre, et tu en profites pour enfin détacher ton regard de lui afin de voir autre chose.

    « Étrange de vous voir. Mon… Créateur. »

    Et bourreau.

    Car oui, tu as eu une vie de merde un peu par sa faute, mais est-il réellement coupable de ça ? Tu n’attends même pas pour boire une première gorgée, quitte à te brûler les lèvres, la langue et la gorge, au moins, ça te calmera un peu. Ce serait mal vu de lui sauter dessus et de lui reprocher tout ce que tu as pu faire durant ta courte vie de Horla.
    Anonymous
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    On t'avait toujours dit que tu étais un Créateur - titre que l'on attribue ici aux hommes et femmes ayant changé le cours de l'histoire au travers de l'art : peintures, littératures, sculptures... l'histoire avec un grand H. Qu'un jour, tu rencontrerais certainement l'une de tes créations, et qu'elles vivaient parmi vous sans que tu n'aies vraiment pris conscience de l'ampleur de ces révélations.
    En réalité, tu n'y as jamais cru.
    Tu te voilais la face, et ce n'est peu dire.

    Tu as vécu plusieurs années sans les croiser, alors que ton ascension t'as permis une certaine notoriété, un certain pouvoir relationnel. Alors tu t'es dit « bof, encore une histoire pour me faire peur, ou pour piquer ma curiosité ».
    Sauf que là, coco, tu es devant celui que tu as créé de toute pièce et que tu as le plus aimé à décrire. Celui sur lequel tu as passé du temps, sans pour autant t'épuiser à en retransmettre l'étrange conception.
    Tu es devant celui que tu as créé flippant à l'origine. Incertain.
    Toi-même tu ne savais à l'époque s'il était réel ou non, car tu l'avais fait ainsi.
    Parce qu'il a un physique, maintenant. Il est très grand. Il a un peu cet air vagabond.
    Tu trouves, finalement, que ça peut coller à son caractère, et tu aurais pu t'en amuser si tu n'étais angoissé.

    Alors oui, tu flippes et à la fois tu es curieux.
    Ton cœur fait des bonds sans que tu ne puisses le contrôler, toi le maître, celui qui gère des émissions télévisées à tour de bras, celui qui passe d'interviews en interviews sans jamais te lasser des caméras.
    Autant dire que si le public te connaissait, ta propre création, non.
    Et si tu as beau ne pas avoir peur de ces gens et réussis à les manipuler à ta guise, ton corps se liquéfie à chaque regard, à chaque parole que le Horla effectue, émet.
    Tu trembles de tout ton être. D'excitation, de soif de cette connaissance que le monde dans lequel vous vous trouvez vous offre avec une étrangeté certaine. Tu as des fourmillements aux doigts. Dois-tu le maudire ou le bénir ? Ton âme et conscience le dira certainement bientôt.

    Un frisson s'empare de tes épaules, resserre les pores de ta peau lorsque le thé arrive. Tu fais mine de prendre ta tasse et de souffler calmement sur la vapeur, mais en réalité tu as autant les chocottes qu'un enfant de six ans devant sa première poésie.

    -Appelez-moi Guy, grimaces-tu, c'est quand même bizarre de se vouvoyez ainsi, non ? Tu ne pourrais pas au moins le tutoyer comme si tu l'avais toujours connu ? Non, ce serait certainement pire. Non ? Mais oui, je t-t'accorde... l'étrangeté de cette situation.

    Toi qui avais idéalisé une rencontre avec tes créations, avec des discours un peu fleurette, tu te retrouves à patauger dans l'incertitude. Tu ne sais plus t'exprimer, grand orateur que tu es, et tu te demandes avec beaucoup de mal ce que tu peux dire sans le froisser.
    Car il est visiblement en rogne. Et ça, même l'angoisse ne supprimera jamais ton sens aigu de l'observation, ton analyse fine. Tu l'as toujours été, et c'est ce qui fait de toi l'un des grands auteurs de ton époque. Tu espères seulement qu'il n'a pas hérité de tes mêmes capacités.

    -Je... tes pupilles sont verrouillées sur le thé, il ondule sous ta respiration. Tu ne sais pas vraiment par où commencer. Tu ne sais pas ce qui peut advenir d'une telle discussion. Je t'avoue que je ne m'y attendais pas... d'ailleurs, je ne comprends toujours pas ce système de « renaissance des créations / créateurs » !  Tu as un ton un peu moqueur sur ce monde. Mais tu ne lui en veut pas. Lui, par contre, il a ce regard de braise que tu as souvent dans les yeux, mais que tu as perdu pour votre discussion.

    Alors tu poses ton fessier sur le divan face à lui, tu as du mal à comprendre comment les choses peuvent s'enchaîner de la sorte. Tu as envie de lui dire que c'est quand même grâce à lui que tu as eu une certaine reconnaissance. Que tu as pu vivre du journalisme. Mais ces mots-là ne sortent pas. Ils ne veulent pas. Es-tu trop fier ? Trop fier pour reconnaître qu'il t'a presque tout offert ?
    Tu te mordilles la lèvres inférieure, attitude enfantine mais nécessaire.
    Entre tes mains, la tasse tourne plusieurs fois.
    Depuis quand avais-tu des tics ?

    -Je ne pensais pas que … ce serait ce genre de sensation. Dis-tu, exprimant ce que ton corps tente d'expulser à tout prix. Et ton regard ambré se repose sur lui, avec un certain calme. Dis-moi... ça fait longtemps que tu es ici ? Que tu vis... de livraisons ?

    Parce que tu as peur.
    Terriblement peur d'être passé à côté, sans jamais l'avoir remarqué.




    Maupassant


    Le Horla
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    Tu te fiches bien de te brûler la gorge, si ça peut te permettre d’éviter de péter un boulon pendant quelques secondes, et bien tant mieux. Tu es étrangement agité, tu ne devrais pas mais il y a tous ces souvenirs qui remontent et cette sensation d’avoir été trahi, manipulé pour faire des choses que tu regrettes durant cette nouvelle vie. Dès lors que tu as eu une conscience propre, tu as cherché à fuir le passé. Tout aurait pu bien se passer si tu ne l’avais jamais rencontré, mais d’un autre côté, votre rencontre n’était-elle pas obligatoire ? Car vous êtes liés, que vous le voulez ou non.

    Enfin, tu es lié à lui.

    Tu es tellement gêné et frustré que ça t’agace encore plus, car tu es déçu de toi mais maintenant tu l’es encore plus de ton créateur, car il a fait de toi quelque chose qui ne te plait pas. Tu t’énerves tout seul mais tu ne laisses presque rien transparaître si ce n’est des grimaces et des rictus gênés par simple réflexe de politesse – car ton employeur te dit bien trop souvent d’arrêter de faire la gueule, de sourire aux clients, mais tu as horreur des faux sourires, ils te fatiguent.

    Tes mains tremblent et tu ne t’en rends même pas compte. Le thé remue dans la tasse, tu ne tardes pas à en boire une nouvelle gorgée pour te calmer et tenter de penser à autre chose.

    « Guy. Ou père ? »

    Rien que ce mot te fait grimacer. Comment peux-tu l’appeler père en sachant ce qu’il a fait vivre à son enfant ? Ceci dit, en y réfléchissant, personne ici ne pouvait savoir qu’ils atterriraient dans cette ville avec tous leurs souvenirs… Mais qu’importe, tu es bien trop remonté pour le pardonner. Tu frissonnes doucement, car tu te dis que si ce n’était pas tombé sur toi, cela aurait été une autre de ses créations, et qui sait ce qu’il a pu faire à tous ses autres "enfants" ?

    Tu le laisses parler, plissant parfois les yeux, tentant de te calmer tant bien que mal. Une partie de toi voudrait tellement l’accuser, l’insulter de tous les noms, mais l’autre partie tente de raisonner et d’apaiser, ce qui n’est malheureusement pas efficace. Tu te fais violence pour rester de marbre, mais son attitude semble te déranger, il parle de tout et de rien comme s’il était ton meilleur ami, chose que tu n’acceptes pas vraiment. C’est si soudain, et c’est bien gênant ; ce mal-être ne passe que dans ton regard qui reste rivé sur lui.

    « Moi non plus, je ne comprends pas. », dis-tu simplement. « Comme je ne comprends pas comment on peut faire vivre d’horribles choses à ses enfants », marmonnes-tu dans ta barbe. Tu es vraiment en colère, mais si ça peut t’empêcher de faire un malheur, et bien soit. Tu reprends une énième gorgée, à ce stade les brûlures ne te font plus mal, elles ne font qu’amener les larmes jusqu’à tes yeux. Des larmes qu’on pourrait croire de tristesse après ce que tu viens de dire, mais ce n’est pas ça du tout.

    Tu pousses un soupir et viens mieux t’installer contre le dossier, te reposant complètement. Tu es tendu et tu as besoin de penser à autre chose, car tu t’empoisonnes plus qu’autre chose avec toutes ces histoires. Tu voudrais faire comme s’il ne c’était rien passé avant que tu arrives en ville, mais le passé est tenace et te colle à la peau, car c’est ce que tu es au plus profond de ton être. Un petit salaud. Lorsque ses yeux se posent sur toi, tu sembles surpris et tu casses le contact en allant examiner un point fixe au loin. Ce n’est déjà pas tellement agréable de le regarder, alors qu’il soutienne ton regard, c’était encore pire. Pour le moment, tu ne peux tout simplement pas soutenir son regard. Et étrangement, tu sembles beaucoup plus calme.

    « Trois ans. À peu près. Pourquoi ? »

    Tout à coup, ta curiosité semble revenir. Tu termines la tasse sans même comprendre à quel point tu l’as bu vite. Quand tu portes une nouvelle fois celle-ci à tes lèvres, elle est tristement vide et tu affiches un air un peu triste. Elle est aussi vide que toi à ce moment-là, sa présence te fait passer par tous les états possibles, tu n’es pas habitué à ça et ça te fait un peu flipper.

    « Et toi ? »

    Tu pourrais l’avoir déjà vu, mais… Mais non, malheureusement. Cela fait déjà trois ans que tu es là, mais tu n’as encore presque rien découvert de cette nouvelle vie, tu t’es très peu adapté, un peu coincé dans tout ce que tu as connu jusque-là, trop habitué aux anciennes technologies. Beaucoup de choses te dépassent et il te faudra peut-être encore cinq ou dix ans pour que tu sortes pour de bon de ta coquille, si ce n’est plus. Tu n’as même pas besoin de bouger qu’on te sert à nouveau du thé. Tu oses à peine remercier et tu finis par sortir de tes pensées en te redressant droit sur ton siège.

    « Et… As-tu déjà croisé d’autres créations à toi ? », tu marques une petite pause, et tu te pinces la lèvre. Tu devrais te taire, tu ne devrais pas laisser tes sentiments prendre le dessus, mais tu as l’air bien parti. « J’espère qu’elles ont eu une meilleure vie que la mienne en tout cas. »

    Tu grondes à nouveau dans ta barbe, murmurant des mots incompréhensibles qui s’oublient en un clin d’œil. Tu es vraiment en colère. Tu veux comprendre. Et tu as aussi peur, tu l’appréhendes, tu peux être trop brusque pour lui, mais il faut que ça sorte. Tes doigts se resserrent autour de la poignée de la tasse, tu es tendu et tu viens poser un regard accusateur sur lui un bref instant avant de retourner fixer autre chose.
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    Tu as toujours été observateur, mon ami.
    Tu es né avec ces yeux curieux qui analysent le monde comme un paumé analyserait une carte. Tu as appris à regarder ce que les autres ne voyaient pas, à scruter la moindre brindille qui pouvait tomber d'un arbre, la moindre fibre de la plume d'une oie sauvage, les crispations d'un visage.
    D'autant plus si elles étaient fugaces.
    C'est aussi comme ça que tu en as appris énormément sur tes parents et leur relation plus que fragile. Une relation où ton père, plus attiré par les paires de seins de ses demoiselles, oubliait celle qu'il avait gonflée pour que tu viennes à la vie. Une relation silencieuse et détruite.
    Depuis, lorsque les mots ne peuvent l'expliquer, ton regard l'assimile.

    Non, vraiment, cette observation qui te caractérise en fait fuir plus d'un, encore aujourd'hui.
    Car tu es toujours observateur, Guy, avec une certaine pointe d'ironie. Et cette qualité a aussi son revers de défauts : à cause, ou grâce à elle, tu souffres de choses que tu comprends bien trop vite.

    Comme les grimaces du Horla. Les tons qu'il met dans chacune de ses phrases.
    Tu as rapidement remarqué ses sourcils froncés, parfois l'étirement d'une lèvre qu'il reprend tout aussi vite. Peut-être que sans ces pupilles attentives, tu ne l'aurais jamais vu. Tu n'aurais jamais pu comprendre que dans cette tête-là, il y a toute la lutte d'une vie. Il y a des pensées qui le traversent, des idées qui se forment.
    Peut-être même une haine discrète.
    Et c'est comme ça que tu traduis ce petit tremblement qui ricoche doucement contre sa tasse.
    Que tu comprends le mot « Père » , dans une interrogation qui remet tout en question.
    Père ?
    Tu n'y as jamais vraiment pensé.
    Tu n'avais jamais vraiment pu être père de sang. Alors « père d'écriture » ?
    Avait-ce une réelle signification ?
    Pouvait-on vraiment le désigner de la sorte ?

    Pour toi, les mots ont leur importance. Il faut les souligner, les autoriser. Leur donner leur sens.
    Parce que tu fais aussi attention à la tournure des phrases de tes interlocuteurs, comme tout bon auteur, amoureux du Français, que tu es. Tu fais attention aux tournures de phrases autant qu'aux mots employés. Chacun avec son origine, chacun souligné par le ton d'une voix enrouée, jalouse, coquine, en colère.
    Dans le sien, un grondement sourd tambourinait jusqu'à ton cœur. Il martelait chaque fois en serrant les dents comme pour éviter de faire exploser ce marteau en plein dans ta face.
    Et puis, tu as eu envie de passer outre. Tu as eu envie de le comprendre et de le connaître.
    Après tout, ce sont ces mêmes mots que tu chéris qui l'ont créé, lui aussi. Comme bien d'autres.
    Tu as envie de savoir ce que ces trois années à être livreur lui ont donné comme atouts, lui ont appris de la vie. De savoir comment un être sans réelle identité pouvait se transformer en humain.
    Que diable, trois ans ! Voilà trois ans que vous pouvez vous croiser et que tu n'as foutu un pied dehors, pour enfin te rendre compte qu'il existe bel et bien !
    Tu hésites à le lui dire. Tu as honte de n'avoir cherché. Mais tu n'y as pas cru, jusqu'à aujourd'hui.

    -Hm... moi, à peu près six ans. Murmures-tu, comme si tu réalisais.

    Le temps passe comme un éclair, comme un clin d’œil. Il ne te laisse pas le temps de prendre tes marques, ou alors de trop. Tu as oublié que cela faisait à peine six ans que tu étais là, tandis que d'autres vivaient depuis vingt. Mais cela faisait déjà six ans, et lui trois. Pas besoin d'être mathématicien pour comprendre qu'il y avait un hic dans l'histoire. Surtout qu'Insomnia, ce n'est pas quatre Océans Pacifiques à traverser.
    Ton visage s'attriste comme jamais, Guy. Il s'attriste parce que tu sais que tu as mal, et que c'est de ta faute. Que tu as mal, mais que Le Horla aussi. Tu n'es pas seul dans l'histoire. Vous êtes deux, peut-être dix. Cesse de passer pour l'égoïste que tu es.
    À l'époque, ce n'était qu'un être informe décrit par les quelques lignes d'un fou, censé t'offrir cette réputation que tu avais tant voulue. Ce n'était qu'un être qu'on ne pouvait qualifier d'humain. Ni même de réel, au final.
    Pourtant devant toi, il y a cet homme à la carrure bien dessinée, à la mâchoire carrée, qui tremble de cette nervosité autant que ton cœur palpite dans sa cage d'os. Il a cette barbe un peu râpeuse, ces cheveux en bataille, hirsutes. Un dos essoufflé contre le canapé.
    Il a ce regard brillant mais fuyant. Un regard qui dit qu'il vivait, genre, vraiment.
    Peut-être qu'à ce moment-là la gêne parait plus présente encore entre vous, parce que tu comprends qu'il t'en veut. Qu'il est curieux, tout comme toi, mais qu'il veut réinstaller cette distance que vous avez toujours eu sans vous en soucier. Qu'il a envie de savoir, tout comme toi, tout en souhaitant que cette conversation se termine.

    Mais tu es un sensible, Guy. Quoique les autres en disent ou en pensent.
    Tu as toujours été de ces personnes qui pleuraient à la moindre souffrance, mais qui se cachaient pour le faire.
    Tu te rends compte que cette attitude à ton égard te fait mal.
    Tu ressers un peu plus tes doigts sur cette tasse qui n'en finit pas.
    Le thé a un drôle de goût.
    C'est juste douloureux.

    Il n'a pas tort après tout. Qu'as-tu créé de ta vie, si ce ne sont des histoires à cheval sur le réalisme et le fantastiques, liées par un drame qu'il fallait absolument ? Peut-être que si tu fais un effort, tu trouverais quelques personnages ayant échappé à ta cruauté d'auteur ?
    Tu n'as pas envie de penser à Boule-de-Suif, ni à Jeanne, ni même à Pierre et Jean. Tu n'as pas envie de lui dire tout cela. La vérité. Comment cela finirait-il ? Comment te verrait-il, lui, si déjà son regard, lorsqu'il ne te fuyait, t'écorchait le visage à chaque souffle expiré ?

    -Non... tu es le premier. Dis-tu d'un sourire simple, comme apaisé.
    Cette douleur laisse une trace profonde sur tes propres expressions. Tu t'es résigné, en attendant simplement le coup de poing qui heurterait ta face.

    Le Horla a toujours été le premier.
    Le premier en tout, même avant Boule-de-Suif.
    Le Horla était un peu cet aîné que tu avais créé de toute pièce, et tout seul. Il était le fruit de ta solitude. Il était ce que tu pouvais qualifier de travail le plus acharné. Car lorsque tu l'avais écrit, ton Maître était déjà bien parti depuis longtemps.
    On peut dire que tu étais un père célibataire, lorsque tu avais donné naissance au Horla.
    Et juste ça, ça te touche.

    Alors oui, au final. Tu te surprends à l'aimer. Tu réalises que tu l'aimes lorsque tes yeux se posent sur le thé, se refroidissant, s'assombrissant à chaque seconde qui passe. Il y a peut-être quelques picotements qui te montent aux yeux, mais tu essaies de garder une certaine contenance pour n'y laisser aucune trace d'eau.
    Un petit sourire pincé se dessine enfin sur tes lèvres.
    Oh Guy, tu n'as jamais été doué pour exprimer tes sentiments !

    -Tu as toujours été le premier, Le Horla. Murmures-tu de nouveau, avant d'élever un peu plus la voix pour te faire entendre. Tes cheveux blonds battent tes joues, mais tu les oublies bien facilement. Ton regard se relève enfin sur lui, il n'y a pas de haine, dans le tien. Tu ne lui en veux pas non plus, au contraire. Tu es celui sur lequel j'ai passé le plus de temps, sur lequel j'ai consacré une portion de vie bien conséquente. Lorsque tu souffrais, torturé par la maladie. Tu lui as même donné son nom à ton premier bateau. Il a toujours été le premier. Tu as été celui qui m'a élevé dans la société et qui m'a fait connaître. Pour tout cela, je ne te remercierais jamais assez.

    C'est étrange comme tu perds facilement la maîtrise de toi.
    Cette boule dans ta gorge te fait si mal, que tu te sens obligé de te lever, de lui tourner un instant le dos. Tu fais mine de poser la tasse sur le plateau que Vincent a laissé sur un buffet, comme si tu n'en voulais plus. Mais ton index tente de frotter ton nez comme pour empêcher à tes larmes de couler sur tes joues.

    -Je suis cependant désolé que tu n'aies eu que mes écrits en souvenirs. Si j'avais su que tu renaîtrais, que je renaîtrais ici, alors je n'aurais rien écrit. Je n'aurais pas été auteur non plus, et je ne serais jamais arrivé en ces lieux. Je n'aurais jamais pu te rencontrer, non plus.

    Néanmoins tu la sens cette gêne, dans ta gorge. Alors tu la racles un peu, tu reprends tes esprits en inspirant, et tu te retournes avec un sourire un peu plus forcé. Tu n'as jamais eu d'enfants, tu n'as jamais pu t'entraîner sur eux. Tu restes maladroit.
    Tu as encore du mal à comprendre que tu as un genre de « fils », devant toi.

    -Je me suis toujours demandé ce que cela ferait, de voir sa propre création vivre sous ses yeux. Que penserait-elle de moi, si elle avait à me parler ? Aujourd'hui, tu as l'occasion de le faire. Ne mâche pas tes mots, je t'en prie. Je ne mérite pas d'être pris avec des pincettes. Mais j'aimerais qu'il y ait un échange entre nous, aussi infime soit-il. Aussi virulent soit-il.

    Tu mets le temps en suspend. Puis tu soupires.

    -Quoiqu'il se passe, quoique tu penses...

    Peut-être même bien plus, à présent.





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    Plus jamais.

    Plus jamais tu ne veux vivre une nouvelle journée dans le corps du Horla, ce qui fait de toi ce que tu es. Tu ne veux plus qu’on pense que tu es un être mauvais cherchant à se répandre en buvant la vie entre les lèvres de tes victimes et en leur faisant vivre l’enfer jusqu’à ce que tu sois lassé et que tu passes à quelqu’un d’autre. Et pourtant, de l’autre côté, tu ne veux pas te lier plus que ça avec ton père, préférant garder une certaine distance. Tu lui en veux, et tu lui en voudras sûrement pendant toute ta seconde vie, c’est la première fois que vous vous parlez en face à face et tu ne peux t’empêcher de créer des tensions malgré toi. Devant lui, tu ne te contrôles plus, ton corps ne bouge pas mais tu es un florilège d’émotions, un dégradé de colère, de frustration, de tristesse, de dégoût mais également un peu de joie.

    La joie de rencontrer celui qui t’a fait vivre au travers de ses mots.

    Mais… Mais quelle vie, putain ! Qu’est-ce que tu pouvais être cruel, peut-être pire qu’en ce moment. Tu t’énerves tout seul sur ton siège, la paupière tremblante, grinçant des dents avant de venir agripper ta lèvre inférieure entre tes dents pour l’esquinter. Tu ne te fais pas que du bien, mais tu fais ça pour t’éviter de faire un malheur, pour rester civilisé et ne pas céder à des pulsions comme tu aurais pu le faire durant ton autre vie. En vérité, tu ne sais même plus ce que tu étais exactement lorsque tu n’étais que de simples mots couchés sur quelques feuilles, mais les quelques bribes te suffisent pour te dire que tu n’étais pas un agneau.

    Tel un verre d’alcool, tu bois ton thé d’une traite après avoir soufflé dessus sans grand intérêt. La chaleur qui te pique, qui te brûle, qui descend de la gorge jusqu’à l’estomac, tu fais le con à te faire du mal, tu fronces les sourcils, une grimace semblant éternelle gravée sur le visage alors que tu viens te débarrasser de la tasse pour de bon, croisant ensuite les bras et les jambes en poussant un long soupir de frustration. Tu es le premier qu’il rencontre, hein ? Cela ne te plait guère, car inconsciemment tu sais qu’il sera indéniablement attiré par toi.

    Et c’est putain de réciproque.

    Il va y avoir des moments où tu ne pourras plus que penser à lui, maintenant que tu sais qu’il est ici. Et depuis six ans, bordel. Six ans qu’il est ici, trois ans que tu l’évites sans même le réaliser, et cela aurait dû rester ainsi, tu t’en serais mieux porté. Tu renifles doucement, prêt à te lever pour repartir afin d’écourter la conversation car tu as eu l’information que tu voulais. Mais tu te rassois bien vite, presque instinctivement, les yeux s’écarquillant alors qu’il te complimente et qu’il passe aux aveux. Tu es pris de court, manquant un battement, roulant les yeux avant de te mettre à fixer quelque chose au loin pour fuir ton père.

    Tu te sens mal, tu viens enrouler tes doigts pour former un poing, un poing tellement serré que les jointures blanchissent. Ses excuses ne valent pas grand-chose pour toi, il ne pourra jamais racheter ses erreurs. Tu te sens à la fois trahi et flatté, confus entre ces deux sentiments complètement opposés, étrange contraste te paralysant dans ce siège qui te supporte comme il le peut.

    « Oui, tu aurais dû te taire. »

    Il n’aurait jamais dû t’écrire, te donner vie, tu n’aurais jamais existé mais ça t’aurait évité bien des soucis, bien des regrets, tu aurais honnêtement préféré une vie inexistante pour ne pas avoir à fuir ce qui fait de toi Le Horla. Fuir tes origines. Tu es furieux, ton visage est rouge et sur le point d’exploser, mais tu ne fais rien d’autre que te planter tes ongles dans ta peau déjà abîmée par toutes ces dures tâches de livreur. Tu es aussi tendu, la douleur t’empêchant de partir complètement en vrille.

    « Tu aurais dû tout brûler. Tes écrits, tes feuilles, tes brouillons, tu n’aurais jamais dû savoir aligner des mots pour créer une histoire. Car tu as fait pire que tuer un homme. Tu l’as fait souffrir. »

    Sauf que tu n’étais pas un Homme, avant. Juste une entité venue de loin, créée de toute part – ou presque. Mais cela n’empêche pas que tu as cette impression d’avoir été manipulé, forcé à faire des horreurs alors que tu aurais pu avoir une toute autre vie s’il avait changé certains mots, certaines phrases.

    « Si tu avais su de ton vivant que tu renaîtrais ici, est-ce que tu aurais changé mon destin ? Tu m’aurais donné une meilleure vie ? »

    Enfin, tu te lèves, et tu t’approches de lui, venant le surplomber de ces quelques centimètres vous séparant, osant le regarder de haut, le plus haut possible, en voulant qu’il se sente tout petit face à toi. Face à sa création. Tu es sacrément remonté, et tu lui souffles dessus pour évacuer ta colère. Parce que tu ne veux pas le frapper. Tu ne veux pas faire souffrir.

    Plus jamais.

    « Et est-ce qu’on aurait eu une meilleure relation une fois arrivés ici ? »

    La relation se nouant actuellement n’est que le tout début, mais tu es déjà lassé de lui en vouloir. Mais il est hors de question que tu le laisses remporter ce combat, que tu cèdes à l’envie de lui pardonner. C’est encore trop tôt, trop frais, tes blessures sentimentales sont à vif et ne cessent de saigner, tu te vides peu à peu de ton sang.

    Tu as mal.
    Trop mal.

    « Père… »

    Des larmes viennent dévaler tes joues alors que tu détends enfin tes poings.
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    Tu t'y attendais.
    Du moins, c'est ce dont tu te persuades.

    Tu t'y attendais et à la fois les mots atteignent ton cœur comme une lame trancherait de la viande tendre.
    C'est que tu as l'impression qu'à chacune de ses paroles, tu t'enfonces un peu plus dans cette solitude et cette culpabilité qui a fait de toi l'écrivain apprécié de son époque. Et tu remets brusquement en question tout ce qui a fait de toi ce que tu es aujourd'hui.

    Ah, il a raison, Guy !
    Tu es passé à côté de l'occasion de tout brûler, comme tu l'avais fait avec tes lettres privées. Tu aurais pu y jeter tes œuvres et te dire que c'était terminé. Mais tu n'as jamais pu le faire, et rien que cette idée, étrangement, tu la repousses aussi vivement que si on t'avait dit de te suicider.
    Tu n'aurais jamais pu le faire, tout simplement. Car chacune de ces pages, chacun de ces mots, était pour toi une représentation des sentiments que tu portais à l'égard de ton maître. Tous ces efforts, ces années de travail, c'est à lui que tu les dois. C'est à lui que tu les a dévoués.
    Tu ne peux te permettre d'imaginer une vie sans ces livres qui ont bercé l'après Flaubert. Ce vide qui t'aurait envahi, si tu ne t'étais acharné dans tes écrits. Dans tes sorties et dans tes publications.
    Car c'est Flaubert qui a vu en toi ce potentiel. C'est lui qui t'a poussé jusqu'au bout, et c'est lui qui a permis Boule-de-Suif.
    Alors, vivre sans l'histoire du Horla. Les brûler et les faire disparaître...
    C'était pour toi comme si l'on te demandait de mourir. D'en finir avec cette vie.
    D'oublier.
    Et de ne plus jamais apparaître.

    Mais tu es là devant lui. Et tu vis encore, tu respires encore, tu écris toujours.
    Tu as ce cœur qui bat dans ta cage thoracique, tu as ce fils devant toi, qui te surplombe de toute sa hauteur. Tu aurais voulu lui dire, lui expliquer que ce n'était possible. Mais son visage se défigurait déjà au-dessus du tien. Un visage déformé par la colère, la douleur et tout ce que tu as engendré avec quelques phrases.
    Tu l'avais fait souffrir. Tu l'avais torturé.
    Voilà ce qui en ressortait de ses lèvres. Voilà ce qui te hache le cœur aussi vif, aussi froid, qu'il en brûle.

    Alors quand les larmes se mettent à rouler sur ses joues, il ne peut qu'être achevé par tout ce qui en découle de lui. Tu ne peux que sentir ce désemparement qui t'inonde brusquement.
    Tu te sens désemparé. Oui, c'est le mot.
    Ne sachant comment réagir, lorsque tes mains se redressent légèrement dans ce geste qui se veut affectueux, mais qui n'arrive malheureusement pas à sa fin. Ils tremblent, tes doigts. Pourtant, même si tu veux l'entourer de ces derniers et sécher ses larmes chaudes de colère, de rancune, ils restent près de son visage sans que tu n'arrives à le toucher.
    Qu'attends-tu ? De lui, de toi ?
    La tristesse monte en toi comme l'ascenseur de tes émotions.
    Le mot Père te lacère et te comble à la fois.

    Où se trouve cette assurance avec laquelle tu te pavanes, parfois ?

    -Je n'en sais rien... oses-tu lancer, lorsque ton regard tombe, lui aussi, sur le torse du Horla comme cherchant une explication à tout ce qui se passe actuellement. Ton bras retombe mollement contre ton corps. Tu n'as pas voulu aggraver la situation plus qu'elle ne l'était. Mais voilà, tu n'arrives pas à mentir. Je n'en sais rien. Parce que tu aurais voulu attraper cette perche. Tu aurais voulu le serrer contre tes bras. Une appréhension, différente mais présente, s'est créée en ton sein, et la seule chose qui t'enserre dans l'incertitude se trouve finalement face à toi.
    Voulait-il dire que votre relation était vouée à l'échec ?

    - Ta vie aurait été différente, il est certain. Comment donner une vie aussi cruelle à ses propres enfants ? C'est dans un murmure que tu l'as dit, alors que tes déglutitions tentent de ravaler tes larmes, constamment. Mais...

    Tu inspires. Tu as du mal mais tu n'as le choix. Cette conversation doit se faire, aussi horrible soit la fin à tes yeux. Tu te rends compte, peu à peu, qu'il est vraiment ton fils. Ce fils que tu aurais aimé avoir, inatteignable malgré votre lien. Qu'il y aura peut-être toujours cette barrière, malgré ta bonne volonté.

    -M'aurais-tu apprécié, malgré tout ? … Cela, le destin seul peut le dire.


    Tes paupières viennent finalement cacher l'ambré de ton regard. Tu baisses la tête, pour une fois dans l'humilité. Il est rare de te toucher de la sorte, malgré ton sentimentalisme présent. Aujourd'hui cependant, tu as été heurté de plein fouet.

    -Je suis désolé.


    Profondément désolé.






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    Il est difficile pour toi de garder contenance face à cette figure paternelle à qui tu dois tout malgré ce que tu peux bien penser de lui. Alors tu cherches à ravaler tes larmes, mais c’est bien difficile quand tu sais tout ce que tu as dû accumuler et endurer pour en arriver là. Tout ce temps à chercher à fuir ta nature profonde, tu y es parvenu à moitié mais… Elle te rattrapera toujours, et tu le sais. La faute à qui ? La faute à cet auteur, qui a fait de toi ce que tu ne veux plus être. D’un simple revers de la main, tu viens essuyer ces larmes coulantes avant de venir gratter ta barbe foutrement mal entretenue, faisant presque écho à ta situation actuelle ; tu n’es toujours pas habitué à cette enveloppe que tu laisses à la dérive. Il y a quelques fois où tu te décides à prendre soin de toi le temps d’une demi-journée, puis plus rien, c’est le retour à la galère, aux courses infinies afin de gagner de quoi payer un maigre loyer et te nourrir en faisant quand même attention.

    Tu te doutes que ses autres "enfants" ont pu vivre une aventure similaire à la tienne, mais qui sait, peut-être qu’eux ont pleinement embrassé leur véritable nature ? Un sourire malsain s’étire sur ton visage alors que tu surplombes ton père, un regard mauvais se posant sur lui, le silence scellant tes lèvres pour quelques instants, juste le temps de trouver quelque chose à dire. « Qui sait. » Qui sait si tu l’aurais apprécié ou pas, en tout cas, tu n’aurais sûrement pas autant souffert de ton passé. Quelques images remontent, tu bombes instinctivement le torse, tu te revois qui harcèles ce pauvre Monsieur, assis sur sa poitrine la nuit à boire sa vie entre ses lèvres, étrange vampire qui aurait pu causer sa mort… Peut-être.

    « Je te respecte, cependant. »

    L’envie de lui cracher au visage ne manque pas, mais tu es peut-être trop respectueux pour le faire. Tout comme l’envie de t’énerver sur lui, tu restes de marbre, bien droit, un soupir traversant tes lèvres ; la haine engendre la haine, et pourtant, tu ne pourras peut-être pas lui pardonner aussi facilement, malgré toute sa bonne volonté. « Il va falloir gagner ma confiance, je suppose. » Parce que c’est encore tout nouveau pour toi, tu es perturbé, perdu, tu ne sais quoi lui dire car il t’impressionne autant qu’il te fait pitié. Et malgré tout, tu as su te construire un bon fond. La rancune n’a pas beaucoup de place dans ton cœur, car tu sais que si tu ne lui pardonnes pas au bout d’un moment, tu t’en voudras toute ta putain de vie. Alors tu fais quelque chose que tu pensais pourtant impossible il y a cinq minutes de cela, tu t’approches, tu tends les bras et oses l’emprisonner dans ceux-ci, poussant un soupir entre le soulagement et l’interrogation, ne sachant pas vraiment ce que tu es en train de faire.

    « Tu n’as pas à t’excuser. »

    Parce que c’est aussi de ta faute. Tu devrais te réjouir de voir ton créateur, et pourtant, tu lui craches au visage depuis tout à l’heure, pauvre création perdue, déboussolée qui ne sait pas si elle doit mordre, pleurer ou pleinement accepter cette vie et celle d’avant. Car c’est une chance de se réincarner, mais ça, tu as encore du mal à le concevoir, puisque tu ne sais pas vraiment si tu as déjà connu la mort. Ton étreinte se fait plus forte, plus étouffante, mais tu sembles en avoir besoin alors tu ne lâches rien, te pinçant simplement la lèvre.

    « Tu ne peux cependant pas me demander de t’apprécier en cinq minutes. Il va me falloir du temps… Et il va falloir se revoir de temps en temps. »

    Oui, ça t’emmerde un peu, mais soit, tu peux bien laisser une chance à ce père de se rattraper, de te faire oublier la vie de tourmenteur qu’il t’a donné, et peut-être que dans un futur proche, tu seras en mesure de lui faire des blagues pour lui montrer ton affection ? Enfin, avant de commencer à l’apprécier, encore fallait-il que tu t’apprécies toi.
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    Oui, le respect. Tout le monde le désire. Tout le monde peut l'offrir. À une échelle différente, mais tout de même. Pourtant ce mot qui te paraît insipide, finit par atteindre ton cœur lorsqu'il sort des lèvres du Horla.
    Est-ce parce que tu sens, enfin, réellement, que c'est ton fils et qu'il a une certaine considération pour toi ? Ou n'est-ce que du favoritisme mal placé ? Même toi tu ne peux le dire.
    Du moins, pas encore.

    -Oui je comprends.

    Tu sais. C'est difficile mais, tu sais que ça mettra du temps. Qu'il y a une trop grande différence entre vous – ou alors trop grande ressemblance et ça se ressent. Tu as presque le miroir de ta fin de vie devant toi. Tu as voulu écrire quelque chose dont tu souffrais, et au final il respire et se met en colère.
    Il a le droit.
    Tu n'as pas pris soin de toi comme tu  n'as pas pris soin de lui. Tu te demandes au final si toutes tes créations ne vont pas te reprocher cette attitude que tu avais envers toi-même et le monde, envers les autres ? Si elles ne vont pas chercher à te détruire pour se protéger de l'image que tu leur reflètes.

    Ses paroles sont pour toi d'un tout autre monde que celui qu'il installait auparavant. Il y a une certaine douceur dans le malaise, un contact qu'il n'osait effectuer, et ce pas finalement se met à déterminer son caractère et le tien. Votre relation, puisque c'est de cela qu'il est question.
    Tu écarquilles les yeux quand ses deux bras puissants t'attrapent et t'enlacent. Dans l'hésitation, certes. Dans le doute, peut-être. Sans savoir comment tu allais réagir, peut-être même sans savoir s'il le ressentait véritablement.

    Cet enlacement te prend par surprise et en même temps soulage ton cœur alors serré.
    Il tambourine quand tu te retrouves tout contre lui. Cette carrure impressionnante était si douce, comment pouvais-tu le deviner ?
    Non, en vérité tu le savais. Car le Horla n'était autre que toi. Que cette partie de toi qui avait souffert et qui voulait seulement un début, une fin et une explication à son histoire. Qui voulait vivre comme tout le monde et qui n'en avait eu l'occasion. C'était toi et les larmes te montent aux yeux. Tu repenses à cette fin de vie, ces journées de folies à te taper la tête contre le mur. À chercher à te flinguer parce que tu n'arrives pas à ôter cette migraine. Parce que tu vois des gens te parler et on te dit que tu es fou.

    Tu tentes de te contenir alors que tes mains cherchent désespérément à se poser sur son dos. Tes doigts arrivent à agripper sa veste, et finalement tu poses ton menton contre son torse.
    C'est bizarre, non ? D'avoir un fils si grand qui puisse vous enlacer et vous rassurer ? Comment pouvais-tu le faire, toi, à ton échelle ?

    Étrangement tu ne te mets pas à réfléchir. Tu serres ton emprise, grimace, sur le point de déverser ton angoisse.
    Tu as ce fils, là, qui te tient dans ses bras. Tu réalises très peu et à la fois très fort. Tu as envie de lui dire de ne pas s'inquiéter, qu'il peut prendre le temps qu'il veut. Qu'il peut faire ce qu'il veut pour pouvoir gagner cette confiance. Tu aimerais la gagner vite, très vite, mais tu sais que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.

    Tu hoches la tête machinalement. Parce que tu n'as pas plus de mots que lui. Tu n'as pas ceux qu'il te faut pour le rassurer ou le lui confirmer.
    Tu as juste la peur bleue qu'il te lâche finalement et te laisse tomber.

    C'est que quand tu as les yeux fermés, quand tes paupières rencontrent la matière rêche de sa veste, que tu soupires de façon à déverser cette tension qui t'étreint. Que tu laisses ton cœur battre au même rythme que le sien.
    C'est gênant, puis en même temps tu t'en fous.

    -Oui... promis...
    Tu oublies qu'il était en colère, au moins un instant. Tu oublies que tu étais mort de la même façon que tu l'avais fait disparaître. Tu oublies juste une toute autre forme de réalité.
    Avant de murmurer.

    -Les portes de la maison te seront toujours ouvertes.





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    Oh, tu vas sûrement regretter de ne pas lui avoir sauté à la gorge. Le prendre dans tes bras, c’était déjà un énorme effort de ta part pour lui montrer ne serait-ce qu’un semblant d’affection, peut-être pour entamer le début de ce long chemin pour apprendre à l’apprécier. Au final, qu’est-ce qu’il a fait de mal, hein ? Est-ce qu’il savait que tu allais un jour te tenir devant lui, en chair et en os ? Tu n’étais qu’une histoire avant de devenir l’être perdu se tenant devant son "père".

    Et vous avez l’air bien con comme ça, à vous étreindre. Tu l’as laissé t’attraper, te serrer comme il le peut avec sa petite taille – ou alors c’est juste toi qui es beaucoup trop grand. Pour toi, ce n’est pas grand-chose, mais il y a quand même quelque chose qui change chez toi, qui t’alerte, qui te fait même flipper. Tu as les yeux grands ouverts de surprise, tu pourrais presque être pris en train de trembler mais tu restes fort comme ton apparence le laisse penser. Qu’est-ce qu’il faut pas dire à un créateur pour le rassurer, pour en faire une connaissance et, peut-être plus tard, un ami, un proche sur qui tu peux compter ?

    Tu souris, gêné. Abuser de son hospitalité ? Sûrement pas. Tu préfères rester dans ton taudis, voguer ici et là, fuir dans les rues, livrer, vivre comme un pauvre alors que tu pourrais presque vivre au crochet d’un père que tu as retrouvé. Non, tu tenais absolument à t’en détacher, mais à bien y réfléchir, est-ce la meilleure solution pour vous deux ?

    Car tu es curieux. Tu veux découvrir les choses, tu veux découvrir ce qu’est un père, son rôle, le tien dans tout ça. Alors tu souris, presque trop sincèrement ; un rictus faible mais puissant, qu’il pourrait potentiellement voir s’il faisait attention aux détails.

    « Je dois bientôt y aller, Père. »

    Si tu pouvais être perturbé tout à l’heure, tu te veux froid, cassant. Peut-être une façon de te protéger, peut-être pour le blesser volontairement, sûrement un mix des deux. Tu trembles toujours plus et tu es obligé de vous séparer. Dès lors que tu cesses l’étreinte, tu te sens incroyablement vide. Et ça te fait foutrement peur, aussi. Pourquoi serais-tu si dépendant de lui ? Alors que vous vous connaissez à peine… Qu’il va falloir apprendre à vous découvrir.

    Tu jettes un dernier regard pour balayer la pièce, faire un tour d’horizon. Vous deux, vous êtes vraiment différents, ne serait-ce qu’en terme de cadre de vie. Lui ne semble manquer de rien, toi, en revanche… C’est la misère, littéralement. Et bordel… Rien que ça, ça fait mal.

    « Je dois gagner ma vie. Durement. »

    Ah, encore une pique ? Peut-être. Tu dois être jaloux, au fond de toi. Et trop fier pour te dire que tu as sûrement un toit si tu viens faire les yeux doux. Il faut partir, vite. Les colis n’attendent pas…
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    La chaleur diffuse du Horla finit par disparaître. S'éloigner de toi. Tu as presque oublié cette solitude qui t'enveloppait jusqu'alors et tu commences à sentir son poids.
    Tu as presque oublié que tu étais seul, à l'origine.
    Que tu as fait ton chemin seul. Que tu as marché sur ces bouts de verre et t'es ouvert parce que tu l'as voulu. Parce que tu as cherché à devenir ce que tu es : seul.
    Pourtant cette chaleur reste là. Engluée contre ta chemise, contre ta peau. Elle reste silencieuse, délicate, le parfum du Horla mêlé à elle comme pour te rappeler soudain que tu la désirais.

    Tu as toujours voulu une famille, Guy.
    Peut-être idéalisée, peut-être utopique. Tu as toujours voulu rentrer chez toi, embrasser une femme et rire avec tes enfants. Les voir grandir, vous voir vieillir, et te dire que finalement dans cette quête pour le pouvoir ça avait eu du sens.

    C'est plus qu'un grand garçon que tu as là.
    Ferais-tu dans le sentimentalisme ?

    Tes épaules presque courbées se redressent.
    Ton regard s'attriste plus encore qu'il ne l'était.
    Le Horla a un visage qui te paraît familier et étranger tout à la fois. Il tremble d'une apparence que tu aurais espéré voir s'habiller sur les mots invisibles qui le définissaient.
    Il a un physique, une couleur de peau, des cheveux ondulés. Il vit, tout simplement.
    Il peut te prendre la gorge et la broyer. Il peut t'étaler au sol en quelques secondes. Il peut aussi parler, et dans sa voix que tu ne t'imaginais qu'à demi il fut un temps, tu ressentais cette vibration jusque dans ton cœur.

    Tu trembles toi-même de cette découverte et souffre de cette séparation imminente. Tu te sens touché par chacun de ses mots qui résonnent comme un départ, comme si vos yeux n'allaient jamais plus se rencontrer.
    Tu as quelque part envie de l'en empêcher. Mais il est comme un enfant, et tu ne pourras pas le garder indéfiniment.
    Il a sa vie à présent. Il a ses loisirs : quels sont-ils ?

    Alors tu hoches la tête, instinctivement. Tu te résignes.
    Tu aurais voulu apprendre à le connaître, peut-être que les circonstances ne s'y prêtent plus.
    Tu aurais voulu le savoir près de toi, savoir qu'il aurait eu besoin de toi – ne serait-ce qu'un peu.

    Mais c'est un homme, Guy. Et pour l'heure plus qu'étranger dans son entièreté, toi plus étranger qu'aucun autre homme. Il a sa vie. Il a ses buts. Il a des projets dans lesquels tu n'entres pas, tu ne fais pas partie de cette équation et les calculs sont maintenant faussés.

    N'hésite pas à passer... ou à m'appeler.

    Tu as réussi à sourire parce que tu ne voulais pas qu'il ait une autre image de toi. Tu es un bon vivant, Guy. Malgré tes peines, tu aimes à partager la joie avec d'autres.
    Tu sors soudain un morceau de papier, tu lui écris ton numéro de portable. On ne sait jamais – te dis-tu. Peut-être qu'il ne t'oubliera pas. Peut-être qu'un jour il pourra pleurer dans tes bras, parce que ça n'ira pas.
    Mais c'est pas maintenant que ça se fera, Guy.

    C'est pas maintenant et tu dois lui laisser du temps.
    Tu dois le laisser partir.

    Et quand il franchit la porte, tu as déjà cette boule dans la gorge.
    Quand il part tu espères encore.





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