Ton séjour dans la zone de quarantaine. 21 jours. À ton retour dans ton appartement, il n'y avait ni chien, ni chat, il y avait par contre une note comme quoi ils étaient à la SPA et qu'ils avaient été recueilli 48h après ton départ, les voisins avaient appelé la mairie. Tu avais dramatisé la situation ; mais cela n'avait pas été trop difficile de le faire dans la zone de quarantaine, avec tous les malades dont tu t'étais occupée nuit et jour. Tu t'étais empressé d'aller les chercher. Ensuite, pendant plusieurs jours, tu passas ton temps à téléphoner à tes contacts ou leur laisser un message sur leur répondeur lorsque tu ne parvenais pas à les avoir directement dans le combiné. Pour certains, tu y résumais même ce qu'il t'était arrivé - un peu comme si tu prenais ton interlocuteur comme ton psychothérapeute. Et quand ce n'était pas toi qui expliquait en long en large et en travers ta version, c'était à ton tour d'écouter le monologue de l'autre, cela faisait un bien fou de se confier.
Une question revenait souvent "Qui sont ceux qui sont encore à l'intérieur de la zone de quarantaine ?" Car d'après ce que tu en avais conclus en observant bien ce qu'il s'était passé à l'intérieur et à l'extérieur de la zone de quarantaine, tu te rendais compte que les "créateurs" en sortaient mais pas les "créations". Toi, Michelangelo, ce mot, 'créations', tu ne pouvais réellement en définir un qui pourrait être le tien, puisque tes "créations" étaient dans la majorité des personnages bibliques, il ne t'appartenait pas, ils étaient des "indépendants", qu'ils s’agissant d'Adam, de Moise ou bien encore de David. Tu n'avais jamais pris l'initiative d'écrire plusieurs romans sur des personnages fictifs de ton imaginaire, comme c'était le cas de Jean ValJean ou Gavroche de Victor Hugo. L'espace d'un instant, tu penses à lui. Ce cher Victor. Où as-tu mis son numéro, as-tu son numéro quelque part ? Il sera rassuré d'apprendre que Cacao va bien. Et tu pourras également lui demander ce qu'il pense de ce remède, qui d'après ce qu'on dit de bouche à oreille, il serait question d'un sérum distribué dans la zone de quarantaine, même que des créations se l'injectent et guérissent, à quant bien même ils ignorent s'il y aurait des effets secondaires plus tard.
Qui dont a créé ce fabuleux remède d'abord ? C'est pour en savoir plus que tu t'es dirigé rapidement comme nombreux Insomniens vers ce que sera visiblement l'estrade où le Maire prononcera un discours. Partout où tu poses le regard, des hommes. Mais l'homme qui t’intéresse actuellement vient de monter sur scène et tu te dépêches de t'approcher le plus possible de l'estrade, pour que tes yeux le scannent, l'enregistre dans les moindres détails. Le Maire. Un être de mystère. Un puissant nécromancien ? Tellement secret, tellement énigmatique. Comment faire confiance à un être si absent, peu présent, et pourtant qui semble être le maitre du jeu ? Confiance ou pas, certaines individus dans la foule ont l'air d'avoir pris leur décision, en colère, vénère, ça dégénère, il y a un homme qui dit être le concepteur du remède, il crie sa fureur et sa déception au visage du Maire, jusqu'à monter sur l'estrade pour lui faire face. Lui aussi tu l'observes bien méticuleusement, tu auras tôt fait de le dessiner dans les moindres détails. Lorsque pas moins de trois autres hommes dans la foule s'énervent à leur tour, tu les cherchent mais impossible, déjà parce que tu es de taille moyenne, loin de dépasser d'une tête les gens, et aussi parce que les paroles prononcer rendent toute la foule réactives, indisciplinés, des poings se lèvent, il y a même à un endroit un peu plus loin où ça se bagarre déjà. Un troisième homme, le dernier?, monta sur la scène pour calmer la foule, il montrait très clairement à l'attention du maire son profond agacement de devoir gérer une telle pagaille ! Comment le Maire allait-il s'en sortir face à la colère et aux accusations ? Tu attendais... en espérant ne pas te prendre en coup dans le nez.