Jackson a l'apparence d'un jeune homme d'environ la vingtaine. Il mesure environ 1m80, pèse aux alentours de 70 kilos. Les cheveux blancs, courts, les yeux bleus, le teint pâle. Mâchoire carrée, petit nez pointu, grandes mains, grands pieds, longues jambes. C'est bon ? On a la silhouette globale ? On peut passer aux super détails qui font qu'aucun être vivant ne ressemble à un autre. Alors je vous propose quelque chose d'assez méthodique, contrairement à lui,de haut en bas. Déjà, quel jeune adulte a les cheveux entièrement blancs? Celui même qui ne porte que des couleurs froides, même en été, qui porte toujours nonchalament son écharpe autour d'un cou aussi blanc que la neige. Tout son être respire l'hiver. Autour de Jack, une ambiance froide, sa peau ne se réchauffe jamais, les rayons du soleil ont pour seul effet de faire perler sa peau. En permanence, en surface de son hoodie bleu, des flocons. Ses épaules sont en permanence recouvertes de neige, comme des motifs indélébiles, pourtant au toucher de votre peau, ils fondent. L'encre fixée dans l'épiderme de son dos semble faire scintiller sa peau. Un immense corbeau perché sur son sablier, symbole que le temps figé à l'âge de ses 14 ans n'a été que mort et douleur. Pour ce qui est de son style vestimentaire, le classique indémodable t-shirt unicolore jean noir. Tout est fait pour que ses signes distinctifs uniques se fonde dans la banalité affligeante de son look. Ne pas se faire remarquer, rentrer dans le moule. C'est en arrivant à Insomnia que tout à changer pour Jackson.

Jack est quelqu'un d'assez froid et distant. En tout cas au premier abord, on a du mal à deviner qui il est vraiment. Solitaire et indépendant, il n'apprécie pas vraiment la présence des autres, et son côté renfermé fait de lui un homme peu avenant et nonchalant. Il est rare de le voir sourire, ou encore rire. A vrai dire, c'est aussi rare de le voir en colère ou renfrogné, il s'évertue à enfouir ses sentiments au plus profond, de peur d'être blessé par les autres. Autrement, Jack parle peu, et ne s'exprime que lorsque c'est nécessaire. Je ne dirai pas qu'il est hypocrite, mais parfois il privilégie un petit mensonge au lieu de prononcer des mots blessant. Il veut ménager tout le monde, et malgré les apparences le bonheur des autres le concerne beaucoup. Tout comme leur avis, et c'est en parti pour ça qu'il fait en sorte de ne pas se faire remarquer, il a extrêmement peur du jugement d'autrui.
A son arrivée à Insomnia, il a eu du mal à s'adapter, et quand il eut compris qu'il lui faudrait un boulot pour gérer ses frais, il a un peu paniqué. C'est lors d'une de ses longues balades en forêt qu'il a eu le déclic. Et toutes ces heures passées seul dans son atelier, n'a fait que renforcer son côté indépendant, qui commence aujourd'hui à lui peser lourd sur ses épaules.

Il y a longtemps, la légende de Jack Frost parlait d'un enfant, espiègle et plein de joie de vivre, innocent de l'air glacial qu'il répandait dans les chaumières, fier des étoiles dans les yeux qu'il offrait aux enfants du village. Sa vie n'était que bataille enfantines de boules de neiges, discussions longues et futiles avec Mr. Snow, bonhomme de neige à plein temps, siestes au clair de lune... Cet enfant est mort. Il a trop souffert, il a voulu oublier.
J'ai voulu oublier. J'ai cru pouvoir effacer ce passé acide, mais il est là, éternelle ritournelle dans ma mémoire, je ne m'en détache pas, je n'oublis pas. Oh non, ce n'est pas les râles des vieux aux pieds glacés, ni les soupirs des demoiselles entalonnés dans la neige qui a eu raison de mon bonheur hautement contagieux... Savez-vous seulement ce que c'est de causer la maladie ? La mort ? Il fût un temps, on ne se soignait pas comme ça, il y a longtemps, Jack Frost soufflait son air glacial, et ses épidémies de grippes tuaient. Coincé dans cette fatalité morbide, je voyais mes amis, les uns après les autres, partir. A cause de moi. Unique responsable d'un hiver sans fin dans mon coeur, petit à petit j'ai arrêté de parler. Je ne voulais plus d'amis, je ne voulais plus m'attacher à quelqu'un de peur de lui faire du mal.
Je n'ai jamais eu de souvenir de ma naissance, et je ne saurai dire à partir de quand j'ai eu accès à ces "pouvoirs magiques". Comme s'ils avaient toujours été en moi, comme si je ne pouvais être rien d'autre que l'icône d'un hiver sans fin. Je ne vais pas vous raconter les longues soirées à me recouvrir de neige, où la fois où je me suis tenu, nu en face d'un soleil éclatant pour tenter de perdre mes pouvoirs -soit dit en passant, expérience non renouvelable, c'était du suicide- mais je veux bien partager un souvenir avec vous, le seul et l'unique qui aujourd'hui compte à mes yeux. Sous la glace, tout parait plus beau, tout parait plus faux. Je suis resté coincé sous la glace pendant 3 jours et 2 nuits, interminable compte à rebours. Embrasse moi, démon de glace. C'est à ce moment là que j'ai voulu me débarrasser de tout, de ma culpabilité, de mon déshonneur, de cette destinée dont je n'ai jamais voulu être le héros, laissez moi mourir, tué par mon propre élément. Je croyais y arriver, au bout du deuxième jour je ressentais la sensation de gel, ma vue devenait trouble, mon coeur ralentissait doucement et je n'entendais plus rien. Et alors que je m'endormais peu à peu, à la surface, de l'autre côté de la glace, une petite fille. Je n'ai jamais su si c'était vrai, ou si simplement elle était la reflet de ma folie. Elle me regardait, un sourire d'enfant aux lèvres, ses grands yeux bleus plongés dans les miens. Elle me parlait, impossible d'entendre. Sa main contre la mienne, séparées par cet immense bloc de glace. C'est comme si elle avait voulu me sauver, me sortir de ma prison de givre. J'ai fermé les yeux, emporté par le sommeil, et je ne l'ai plus jamais revue. Pour cause, à mon réveil, j'avais changé d'univers.
Il y a un an que je suis arrivé à Insomnia.