❝  Depuis le temps que John me nargue avec Death, j'ai fini par craquer. - Mon pseudo, c'est Shigurai, j'ai 21 ans, et j'ai très hâte de vous rencontrer

Comme il l’a découvert une semaine après son arrivée à Insomnia, Death a une fâcheuse tendance à attirer les regards, et tout cela est le résultat de plusieurs traits physiques pour le moins inhabituels, même au milieu d’anciennes créatures en tous genres. Ses cheveux, auparavant inexistants au vu de son physique de cadavre en état de décomposition, sont maintenant si nombreux qu’il n’avait aucune idée de quoi en faire, oscillant entre le blanc et l’argenté en fonction de la lumière qui se reflétait dessus, et ils sont certainement sa caractéristique la plus banale.

Ce qui attire le plus le regard, lorsqu’on le voit passer dans le coin de notre regard, ce sont sûrement ses cornes pointues partant vers l’arrière. Après les avoir testées de différentes manières, Death peut vous assurer qu’elles sont très résistantes, mais le fait qu’elles partent vers l’arrière les rend complètement inutiles en termes de self-défense. Au final, ce n’est rien de plus qu’un atout esthétique, qu’il a appris à accepter.

Sa peau est certainement à égalité sur l’échelle de l’étrangeté avec ses cornes. Son bassin et le bas de son torse sont noirs comme une nuit sans étoile ni lune, ses mains, ses pieds et sa tête sont l’équivalent du ciel nocturne que l’on voit lorsque l’on s’éloigne de la civilisation, un soir de pleine lune, alors que les étoiles brillent à pleine puissance, et entre ces deux couleurs, un dégradé du plus bel effet. Et parce que le Dieu de ce monde semblait avoir voulu pousser la métaphore jusqu’au bout, des étoiles semblent danser sur sa peau, bougeant parfois, représentant toutes sortes de constellations, que Death s’amusait parfois à reconnaître, lorsqu’il ne trouvait pas le sommeil. Seule étrangeté qu’il ne comprend toujours pas : cette marque sur son torse, comme un étrange losange, qui semble se répéter sous ses yeux. Y a-t-il réellement une raison à ce physique qui sortait tant de l’ordinaire, ou bien Dieu s’ennuyait juste lorsqu’il le fit venir à Insomnia, et s’était dit que jouer avec ses nouveaux pinceaux serait une idée brillante ? Enfin, au moins avait-il eu la décence de lui accorder le mètre soixante-quinze, qui était suffisamment grand pour atteindre la plupart des étagères.

Pour finir de le décrire sur une nouvelle note d’étrangeté, ses yeux sont entièrement noirs, si ce n’est pour son iris, qui se trouve être bleue le jour, mais dorée la nuit. Encore une fois, aucune utilité si ce n’est le divin esthétisme.  

C’est toutefois dans ces yeux que l’on peut voir une infime partie de ce qui caractérise Death, fondamentalement. Death est un homme qui s’est pris de passion pour les expériences en tout genre, et son regard semble briller d’une nouvelle lueur lorsqu’il a une nouvelle idée en tête. Parfois, cela lui vaut des ennuis, comme lorsqu’il se dit qu’un nouveau mélange de médicaments pourrait donner un résultat intéressant sur ce patient atteint d’une petite grippe, et que celui-ci se retrouve coincé une semaine aux toilettes. Généralement, Death mettrait cela sur le dos d’une malencontreuse déformation professionnelle. Ce n’est pas toujours facile de se dire que soigner les gens est la bonne chose à faire lorsque l’on a passé des millénaires à concocter des fléaux plus tordus les uns que les autres.

Ceci dit, Death est assez obstiné, et s’il se met en tête qu’il souhaite guérir quelqu’un, ou bien prendre sous votre nez la dernière tablette de chocolat – merveilleuse trouvaille, d’ailleurs, le chocolat –, il le fera, et ce peu importe combien de temps il devra se battre pour cela. Après avoir vécu une éternité, ce ne sont pas quelques nuits blanches de lutte acharnée contre une maladie qui allait l’achever. De plus, les maladies, c’est lui, c’est son domaine, c’est sa fierté. S’il décide que l’une d’elle doit partir, alors elle devrait simplement lui obéir. Bon sang tout était plus simple lorsqu’il avait un contrôle total sur toutes sortes d’infection.

Dans le fond, Death est un grand nostalgique. Il n’est arrivé à Insomnia que six mois auparavant après tout, et a été légèrement brusqué par la tournure des évènements. L’hôpital avait tourné à plein régimes pendant un certain temps, ce qui lui permit de se faire une place, mais aussi de se noyer dans le travail. Cependant, il se rendit vite compte qu’il n’était pas le plus utile, étant donné que la plupart des gens qui venaient n’étaient pas des malades ordinaires, et qu’il ne pouvait donc pas les soigner de lui-même, et simplement assister les médecins. Ceci étant dit, sa nature curieuse se révèle utile dans ces moments-là, et il tente tant bien que mal d’apprendre sur le tas, même s’il ne s’agit pas de son domaine de prédilection. Son but à long terme ? Pourquoi pas diriger l’hôpital, infecter une bonne centaine de personnes, et tous les faire payer pour avoir accès à ses soins ? Enfin, il lui restait encore un sacré bout de chemin avant d’y arriver, et il ne se faisait pas trop d’illusion. Son pouvoir n’est qu’un pâle simulacre de ce qu’il était autrefois, et il allait lui falloir trouver d’autres occupations pour passer le temps.  

Du fait de son corps, il s’est trouvé une certaine fascination pour l’astronomie, et passe la plupart de ses nuits à la belle étoile, dans un coin éloigné de tout lampadaire, pour admirer le ciel, et tenter de trouver des parallèles entre son corps et le corps céleste. De plus, comme le disait la prophétie, il était souvent suivi des créatures sauvages de la terre, ce qui lui permet de nos jours d’apprécier la compagnie d’animaux sauvages. La plupart du temps, ils apprécient aussi sa présence. Parfois, malheureusement, il arrive que Death doive prendre la fuite lorsqu’il se rend compte un peu trop tard que ce gentil chien ne courait pas vers lui pour recevoir des caresses, mais pour goûter à un bout de sa chaire.