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    FT. Marcellin de Marbot
    Ils marchaient ensemble, les rues froides accueillaient leur pas hésitant et les passant les regardaient parfois avec un mélange d’émotion entre tendresse et gêne, mais l’homme ne se souciait pas de tout cela, suivant les pas du général, légèrement en retrait par rapport à lui, il profitait de l’air froid de cette journée pour s’aider à se remettre les idées en place, chassant l’Ecosse de son sang pour reprendre la contenance de son éducation et de ses mœurs anglaises, il avait été bien trop loin. Ce n’était pas dans son habitude de laisser ainsi exploser son ressenti sur les autres mais fallait-il avouer que le Français l’avait poussé à bout et Doyle n’était pas homme à se laisser marcher sur le pied puis tendre la joue. Hagard, il releva la tête pour observer le dos tendu et fort qui se tenait devant lui, avançant d’un pas conquérant qui était le sien, le pas d’un homme qui était habitué à marcher sur le rythme des clairons et des coups de baïonnettes, rien qu’à sa façon de marcher Arthur pouvait déterminer beaucoup de chose de lui, rien qu’à la chanson de son pas sur le pavé il pouvait en deviner son état mental, ses émotions, il savait qu’il pouvait mais il désira se garder dans un silence innocent, inconscient parce qu’il n’avait pas le courage d’analyser ce que ressentait son Français. Par crainte évidemment, par crainte d’y découvrir quelque chose qui le blesserait à nouveau.  

    Il continua de le suivre, inconscient de l’endroit où ils allaient et ce fut lorsque la porte claqua doucement dans son dos qu’il décida de revenir au moment présent, ses yeux mordorés se perdant sur la surface d’un mur neutre et dans l’ambiance spécifique d’un appartement où l’on ne vivait pas beaucoup. Pourtant, son odorat n’aurait pu le tromper et il reconnut partout l’odeur musquée et viril de l’homme qui se tenait devant lui. Alors seulement, dans la tiédeur de la pièce il réalisa que leurs mains étaient toujours liées l’une à l’autre, ceci expliquait peut-être les regards des passant sur eux. Ils avaient traversé la distance qui les séparaient du musée en se tenant la main, l’un guidant l’autre suivant en se perdant dans son propre esprit. Cette réalisation apporta une douce couleur sombre sur les joues de l’Anglais alors qu’il détournait les yeux, visitant dans un flash rapide la pièce et les différentes portes qui s’y trouvaient. Puis à nouveau il revint à son propriétaire, hésitant sur la marche à suivre maintenant qu’ils étaient ici, maintenant que la tempête était passée sur leur relation, sur ses non-dits. Il aurait pu partir, il aurait pu revenir en arrière et mettre une distance froide entre eux comme si rien ne s’était passé, mais il lui avait dit, il n’avait plus la force de jouer la comédie. Il était un homme d’action, un homme d’aventure et certainement pas homme à rester statique et inconsistant aussi, profitant de leurs mains jointes il se rapprocha du général et souffla  

    -Est-ce-que cet endroit vous permet de penser plus clairement ? Loin du regard de vos pairs, j’aimerais connaître le fond de votre penser. Pas celle du militaire, celle de l’homme.  

    Pour appuyer ses propos, il combla la maigre distance entre eux par son corps, pressant sa fatigue et sa tendresse contre le roc hésitant qu’était la stature de Marbot, sa main libre passa lentement dans son dos pour le ramener contre lui et sa tempe vint à la rencontre de la sienne, s’y déposant doucement dans une étreinte timide mais présente, et ainsi dans la chaleur tremblante de sa présence il laissa échapper un soupir las, il en avait tant eut besoin ces derniers temps de cette présence. De la sienne, pas celle d’un autre, pas celle de qui que ce soit d’autre. Non c’était pour lui que son cœur avait décidé de battre après tout. Ses mots coulèrent doucement de ses lèvres sans qu’il n’y oppose aucune résistance.

    -Je vous prie Marbot... lâchez prise, vous n’êtes plus un soldat ici vous n’avez personne à impressionner, personne à rendre fier. Il n’y a que vous, l’homme, et moi. J’aimerais...juste une fois entendre ce que vous ressentez, ce que votre âme vous dicte, pas votre éducation. J’ai ouvert à vous mes plus grandes faiblesses... faîtes en de même, juste une fois, libérez-vous du passé. Même si c’est difficile, ici il n’y a que nous.  

    Reculant légèrement sa tête, il plongea ses yeux dans le sien, restant attentif aux moindres changements sur son visage, dans la tension de ses épaules ou dans sa voix. Marbot avait rencontré Doyle dans sa froideur anglaise, dans sa passion historienne, dans sa colère, dans sa force de décision, mais jamais il n’avait connu Doyle lorsqu’il laissait parler son affection, il était un homme qui n’aimait qu’une fois et qui aimait de toute son âme, aussi sa main remonta de son dos jusqu’à la joue du général et il glissa doucement ses doigts sur sa peau, laissant la tendresse qu’il avait pour lui submerger ses gestes et son regard, restant silencieux. Au moins aurait-il pu profiter de ce moment si son Français décidait d’y mettre un terme.     
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    Marcellin de Marbot
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    Pour le général Marbot, il n’y avait évidemment rien de nouveau dans le musée. Rien, sauf Sainte-Hélène, dont il avait toujours évité les vues, consciemment ou pas. Sainte-Hélène dont la seule idée lui donnait envie d’écraser l’Angleterre sous son talon, quand il se représentait cet ultime séjour de l’empereur, tel qu’on le décrivait, froid, venteux, loin de tout.

    Loin aussi de ses pensées, lorsqu’il entraîna Doyle à travers les dernières salles du parcours, sans s’arrêter un instant sur les images de Longwood, sans même rien repérer qu’il examinerait plus tard, à loisir, quand il n’aurait rien de plus important à faire. Pour l’heure, ce qui importait, c’était que Doyle le suive. Et bien que l’Anglais se laissât mener sans trop de résistance, Marcellin n’osait même pas le lâcher une seconde pour passer son bras sous le sien. Comme s’il ne tenait qu’à cela que Doyle continue à lui emboîter le pas sans discuter, tel un brave soldat entraîné dans le sillage d’un conquérant. Finalement, il ne fallait pas grand-chose pour que même un pacifiste convaincu se laisse embrigader.

    Marcellin avait tout d’abord pensé que l’air de la ville, le soleil timide, et un banc loin de la statue de Napoléon pouvaient suffire. Après tout, l’amitié n’a pas besoin de portes closes. Mais même avec les intentions les plus honnêtes du monde, pourquoi s’encombrer de témoins ? Qui plus est, Marcellin n’avait pas encore rendu à Doyle ses invitations. C’était le moment d’y remédier. Evidemment, il pouvait sembler incongru qu’un homme lesté de tant de souvenirs décide que ses propres pénates étaient le meilleur endroit pour y échapper, mais le général traitait son appartement comme autrefois les maisons pestiférées, partant vite et revenant tard. Cela ne laissait guère le temps d’y semer sa mémoire.

    C’était tout de même étrange, de marcher dix minutes, sans doute plus, avec un homme qui d’ordinaire parlait tant, dans un silence que ni l’un ni l’autre ne voulait ou n’osait rompre. D’autant plus étrange que ce n’était pas à proprement parler désagréable. Vers la mi-chemin, Marcellin ne put s’empêcher de jeter un coup d’oeil à son portable. Aucun message, rien, ce qui l’arrangeait bien sûr, mais à la place du capitaine, il n’aurait pas laissé un de ses officiers s’éloigner si longtemps de son périmètre, sans le moindre début de rappel à l’ordre.

    Fait secondaire, à peine plus important que l’état de son appartement. Celui-ci n’était pas tout à fait aussi austère que la cellule dans laquelle son père l’avait enfermé après son premier duel, mais c’était surtout parce que son prédécesseur avait laissé un papier peint agréable à l’oeil, dont Marcellin n’avait jamais eu la patience de se débarrasser. Et à la chemise laissée négligemment sur un dossier de chaise, on reconnaissait un appartement de célibataire. N’importe, Marcellin n’avait pas amené Doyle ici pour lui faire faire un état des lieux.

    Il ne put retenir un rire amer en entendant Doyle élever la voix. Sans doute avait-il cru que, parce qu’il n’y avait ici ni tableaux ni armes, c’était le signe que Marcellin laissait le général Marbot à la porte en rentrant.

    Je suis navré, Doyle, mais je ne suis pas comme le Seigneur, je ne suis pas plusieurs personnes en une. Quoi que vous fassiez, où que nous sommes, vous aurez toujours affaire au général.

    Cependant, le coeur d’un général devait bien valoir celui d’un homme.... A condition d’être prêt à en retirer les dorures. Marcellin devait bien cela à Doyle qui s’appuyait sur lui comme un pèlerin fatigué, l’exhortant à faire comme lui, à abdiquer toute fierté, à répondre à la confiance par la franchise.

    Vous avez raison, dit-il doucement en passant sa main libre dans les longs cheveux de Doyle, il n’y aura que vous pour voir ma part de lâcheté. Au fond… c’est peut-être la preuve que je n’étais pas fait pour ce métier. Le sang, les blessures, tout ça n’est rien, mais la solitude ! Je ne supporte pas la mort des autres. Et croyez-moi, cela devient vite une habitude, de se dire qu’on n’aime personne et qu’on ne souffre plus.

    Au fond, les mots étaient là depuis longtemps. Il n’avait pas attendu les reproches et les exhortations de Doyle pour comprendre le mal et pour jurer qu’un jour, il l’extirperait de son coeur. Mais tout serment qui commence par “un jour” est condamné d’avance ; plus le temps passait, plus il avait été facile à Marcellin de se dire que ce blocus ne lui avait pas fait tant de mal, et qu’il ne lui restait plus assez d’années pour que cela vaille la peine d’essayer de changer. Et de fait, sans ce maudit Anglais, combien d’années se se seraient encore écoulées avant qu’il ne commence enfin à envisager de se remettre en question ?

    Je sais bien qu’il faut arrêter de fuir. Et même si je ne peux pas vous protéger, même si je dois vous survivre… Au moins j’aurai la satisfaction de vous avoir aimé.

    Il n’y avait qu’eux, mais c’était déjà trop. Plus que jamais, Marbot craignait que cet aveu de faiblesse ne rompe enfin l’enchantement, que Doyle se rende compte que l’homme qu’il avait admiré malgré lui n’était qu’un épouvantail de plus, et qu’il décide que ce n’était finalement pas à lui de colmater tant de brèches. N’importe. Pour une fois, les tortionnaires avaient raison : “Vous verrez, vous vous sentirez tellement mieux quand vous aurez tout dit.”

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    Avec douceur, il écouta ses mots, il écouta ses confessions avec la patience d’un homme qui sait, avec l’amour d’un homme qui vie. Ses doigts ne cessèrent leur caresse que pour savourer le contacte chaud et légèrement rugueux de sa peau sous sa main, il resta immobile quand les mots qui lui manquaient tellement s’élèverait enfin dans l’intimité de la pièce, quand enfin après tant de bataille et de retournement il se sentit rassurer dans ses certitudes, dans cet amour qu’il avait craint de voir brûler seul pour l’éternité.

    Inconsciemment ses doigts se pressèrent autour de la paume qu’il tenait déjà, affermissant sa prise comme pour affermir sa volonté, celle de ne pas se mettre à pleurer comme une jeune femme en fleur face aux choses qui lui souriait et pourtant l’émotion était bien là, s’engouffrant dans le trou de son cœur et colmatant avec une chaleur sucrée chaque blessure, chaque erreur, chaque désespoir. Le silence accueillis d’abord les mots du Français, parce qu’il ne faisait pas confiance à sa voix pour porter la valeur de ce qu’il ressentait à ce moment présent, parce qu’il avait besoin de temps pour gravir la montagne et reprendre son souffle.  

    Lentement, une fois son cœur assuré et son souffle retrouvé il vint reprendre sa caresse sur sa joue, glissant le long de sa peau jusqu’à poser sa paume sur le plat de son torse, cherchant les mots. C’était important pour l’homme, il le savait et dans sa vie il avait rarement eu entre les mains la fragilité d’un homme que la guerre avait perdu et brisé. Loin d’être déçu de l’homme qu’il avait face à lui, loin de perdre tout attrait pour lui ce ne fut que le contraire alors qu’il effleurait de sa conscience les fissures qui se trouvaient là depuis le début et qu’il aurait dû voir.  

    Peut-être que c’est ce qu’il aurait dû faire avec Touie... bien qu’il eût toujours été un homme attentif il avait peut-être eut le défaut de ne pas être assez à son écoute quand, au cœur de ses innombrables aventures il n’avait pensé qu’au découverte fantastiques du ski dans les Alpes Autrichiennes ou bien aurait-il dû rester à ses côtés et ne pas parcourir le monde de Vienne à Londres sans prendre en considération son état de santé déclinant, peut-être... Mais aujourd’hui il avait l’occasion de rattraper ses erreurs passées, l’occasion d’être là pour soigner les blessures qu’il n’avait pu prendre à Kingsley, son fils, que la guerre avait réduit et affaiblit si bien que la maladie l’emporta. Non... il était temps de prendre toute cette expérience pour en faire naître quelque chose de nouveau. Lentement, en s’aidant de sa main qui vint parcourir la chevelure d’ébène dans un geste presque mimique à la caresse tendre qu’il sentait dans ses cheveux, il attira le général à lui, posant son front contre le sien.  

    -Je connais vos blessures. J’en sais la douleur, la peur d’être le dernier en vie, la peur de ne jamais les revoir. J’ai perdu ma première femme, mon fils, mon frère à la maladie, deux de mes beaux-frères ainsi que deux de mes neveux à la première guerre mondiale. J’ai... été blessé par la mort de ceux que j’aimais, mais jamais je n’ai regretté d’avoir aimé Lili. Elle a été le soleil de ma première vie, chaque jour auprès de l’être qu’on aime est à savourer, à glisser dans son cœur pour éloigner les jours sombres. Car même si la fin nous sépare, car même si l’un de nous survit à l’autre alors chaque jour pourra être vécu en pensant aux sourires, aux rires, à la tendresse et la douceur, chassant la pluie et son augure car c’est ainsi que la vie est faîte. J’ai préféré me plonger dans la croyance de la vie après la mort, des fées et des démons pour éviter la solitude, vous avez préféré fermer votre cœur. Nous avons été fou tous les deux, mais n’est-ce pas là, la plus douce des folies que d’aimer à nouveau ? N’est-ce pas ici une chance de tout recommencer en faisant table rase de nos erreurs ? Je sais que rien ne pourra guérir vos insécurités et votre peur, je sais que l’angoisse de survivre sera toujours présente.  

    Il recula légèrement, juste pour plonger à nouveau dans sa prunelle à la couleur si semblable à la sienne, ne refoulant aucune des émotions qui tiraillaient son cœur.  

    -Mais je vous promets de réveiller chaque matin auprès de vous tant que le ciel m’en accorde le temps, je ne vous abandonnerais pas car même si la mort m’emporte je serais auprès de vous. Je suis un homme de la vieille école et mon amour n’existe qu’une fois en ce monde. Ce sera toujours vous, je suis certain que cela a toujours été vous, qu’importe le nombre de fois où le Seigneur nous a ramené à la vie.  

    C’était peut-être très fleur bleue, loin de l’image qu’il donnait habituellement de lui ou de ce qu’on pensait savoir de lui. Mais il se fichait de cela, il avait une conscience aigüe que ce moment était important, que ce moment encrait quelque chose de nouveau dans le livre fragile et leurs aventures. Ses mains continuèrent des caresses non-envahissantes, simplement tendre, simplement heureuse de trouver l’autre ici, près de lui. Lentement, comme pour masquer ses faibles incertitudes l’écrivain se redressa pour venir frôler ses lèvres des siennes, l’invitant, le questionnant sans le recours d’aucun mot. Après tout cette fois il n’y avait aucune fin du monde pour se cacher, aucune mort imminente pour éviter de se confronter à soi-même, c’était simplement la question de deux cœurs à nus se répondant finalement.
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    Marcellin de Marbot
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    Un long moment de silence… un long moment d’angoisse. Il était encore temps de chasser cet homme, de ne pas entendre son jugement, de rester avec de nouveaux regrets et de se remettre à écrire pour les atténuer, de réarranger l’Histoire à sa convenance comme il l’avait toujours fait. Même cette main qui passait dans ses cheveux, en miroir de la sienne, n’était pas faite pour rassurer le général. D’une seconde à l’autre, elle pouvait se refermer, le forcer à relever la tête et à entendre de nouveaux reproches. Dire qu’il avait été assez stupide pour croire un seul instant à ce vieux dicton des incapables, mieux vaut tard que jamais…

    Loin de là, Doyle le ramenait vers lui, front à front comme s’il consolait un enfant apeuré. Lui aussi avait besoin de temps pour trouver ses mots, pour étaler en plein toutes les peines de sa longue existence. Vous voyez, Marbot, vous n’êtes pas le seul à avoir souffert, lui disait-il en somme, et Marcellin entendait cela comme un reproche. Oui, ils souffraient, tous les hommes souffraient, mais certains trouvaient en eux assez de force et de sagesse pour continuer à vivre malgré tout, tandis que d’autres étaient assez stupides pour croire qu’il suffisait de mettre son coeur sous clé, de ne s’autoriser des émotions que lorsque le voisinage du sang et de la mort permettait d’éviter toute justification, puis de devenir cynique, à force de ne fréquenter que des milieux superficiels, et de se convaincre qu’il n’existait pas un seul sentiment sincère en ce bas monde.

    En Espagne, Marbot avait ri comme tout le monde du général qui avait proposé de créer des forteresses imprenables en les faisant rondes, donc sans points faibles. Ce pauvre diable était vraiment le seul à ne pas s’être rendu compte que pareil ouvrage n’avait pas non plus de points forts. Marbot avait ri, après avoir lui-même juré que son frère Félix serait le dernier homme qu’il pleurerait, après avoir renouvelé ce serment sur la tombe improvisée du capitaine de Viry, avant de refuser d’être autre chose pour Angélique que le père de leurs enfants.

    Doyle devait savoir tout cela, et pourtant il lui offrait une autre chance. Bien sûr. Puisqu’il n’avait pas peur, lui, de donner libre cours à ses sentiments, il n’allait pas lâcher l’homme qui les lui inspirait, surtout pas quand celui-ci était enfin à sa merci. Il y a toujours un moyen de transformer les plus nobles intentions en égoïsme.

    Mais le général Marbot ne valait-il pas mieux que cela ? Au moins devant l’homme qui l’avait admiré avant de le connaître, et qui, envers et contre tout, l’aimait désormais. L’homme fier que Marcellin avait vu se cacher et s’emporter, mais jamais mentir.

    L’homme observateur qui ne pouvait sans doute pas ignorer que son cher général continuait de mal le juger.

    Il détourna la tête, pour se soustraire à la douce invitation de Doyle, commençant insensiblement à se dégager de cette étreinte qui valait bien toutes les cages de fer. Il n’aimait pas ce fond mauvais qui se révélait dès qu’on grattait un peu l’auréole du brave hussard, mais c’était à lui et à lui seul de s’en défaire.

    Dieu merci, vous ne vous souvenez pas de tout le mal que je vous ai fait dans ces autres vies, dit-il en déposant un rapide baiser sur les lèvres de Doyle. Mais dans celle-ci au moins, continuons à nous épauler. A défaut de pouvoir remplacer ceux que vous avez perdu…

    Doyle ne lui avait jamais rien demandé de tel, bien sûr. Lui au moins semblait avoir réussi à accepter qu’une partie de son bonheur était restée en Angleterre, et que cela ne devait pas l’empêcher de célébrer ce qu’il trouvait ici.

    Vous savez, il faut que je fasse comme vous. Qu’au lieu de n’avoir que des histoires de guerre à la bouche, je puisse vous parler aussi de la paix. Oh certes, je n’ai pas été le meilleur des pères ou des maris, mais contrairement à ce que vous avez pu lire et entendre, ma vie n’a pas non plus été qu’une succession de catastrophes.

    Au fond, c’était cela aussi, solder ses comptes avec le passé. Faire le bilan de ce qu’il n’avait plus, non pas pour le regretter inutilement, mais pour savoir ce qu’il pouvait rebâtir. Mais pour cette tâche, Marcellin ne pouvait s’encombrer d’aucun bruit parasite, et notamment pas de la pensée qu’il n’avait rien à faire ici.

    Je ne vous chasse pas, assura-t-il en laissant enfin échapper la main de Doyle pour rajuster le col de sa chemise, tandis qu’il posait fermement l’autre sur l’épaule de son Anglais, mais je ne peux pas profiter indéfiniment de l’incompétence de ma hiérarchie. Non pas que je regrette d’avoir abandonné mon poste pour vous, mais objectivement, ce n’est pas le meilleur emploi des deniers publics. Vous voulez bien qu’on se retrouve à la fin de mon service ? Je vous promets que d’ici là, je n’essaierai pas de faire comme s’il ne s’était rien passé.

    Bien sûr, ce n’était peut-être pas Doyle qui avait le plus besoin de formuler cette assurance… N’importe, c’était une parole donnée, et malgré toutes ses faiblesses, le général Marbot n’était au moins pas homme à y manquer.

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    Sa tendresse rencontra la froideur de l’incertitude et cela le blessa bien plus qu’il ne le reconnaîtrait jamais, bien plus qu’il ne le dirait jamais à haute voix. Ses mains se détachèrent d’elle-même du général quand ce dernier chaloupa ses lèvres pour ne pas les toucher, quand il repoussa son étreinte avec toute la politesse dont il était capable, son cœur se serra et sa conscience lui souffla d’effacer toutes émotions, d’éloigner toutes les choses qui le blessaient maintenant alors qu’il s’était mis tant à nu devant l’homme... une nouvelle fois. Mais c’était ainsi après tout, Marbot n’était pas un homme à s’abandonner si facilement au bras d’un sentiment doux ou tendre et Doyle le savait, bien sûr qu’il le savait, il avait vu dans son regard le doute et le rejet même furtif et cela lui avait suffit.  

    Il avait naïvement cru, l’espace d’une seconde que ses mots avaient réussi à atteindre quelque peu le français. Mais rien n’y faisait, il n’était peut-être, finalement, pas de sa juridiction d’atteindre le soldat. Il n’était pas un combattant, il était un homme de lettre, un homme d’esprit et d’investigation. Peut-être... peut-être était-ce mieux ainsi ? Il avait eu la prétention de croire qu’il était capable de soigner les blessures d’un homme quand il était juste imbu de sa propre intelligence. C’était ainsi que les choses devaient être, dans l’écart grossier et froid qui se dessina entre eux. Bien entendu le général repris, avec sa sympathique habitude d’être l’homme accommodant, il écouta l’excuse pleine d’hypocrisie et de mensonge mais ses mots sonnaient vide à son oreille. Ne laissant plus rien passer dans son expression ou son regard, restant d’une indifférence glaciale alors qu’un sourire poli et inerte comme la mort fleurit sur ses lèvres.  

    -Je crains de ne pouvoir vous rencontrer plus tard dans la journée Marbot, je vais occuper mon après-midi et j’ai maintes choses à y faire. Mais je vous en prie, contactez-moi quand vous aurez du temps à me consacrer.  

    La magie s’était évaporée aussi vite qu’elle était arrivée, ne laissant plus que l’amertume d’une situation qu’il avait vu venir mais préféré ignorer, une situation qu’il avait volontairement aveuglé de son champ de vision. Ses bras le long du corps, le visage neutre, le regard inexpressif il tourna les talons en se dirigeant vers la porte. Dans d’autre circonstance peut-être aurait-il pris la peine de fouiller la pièce du regard une dernière fois pour engraver les détails du lieu dans sa mémoire curieuse, dans d’autre circonstance il aurait peut-être fait preuve de plus de politesse. Mais pas maintenant. Alors que ses pas le guidaient jusqu’à la porte il s’arrêta devant celle-ci, plissant les yeux comme un serpent mécontent avant de pivoter légèrement, offrant à Marcellin un trois-quarts altier et royal, le pressant de quelques mots avant de quitter les lieux  

    -Vous savez Marbot, je ne suis pas un imbécile, je connais le fond de votre réflexion et je sais très bien ce que vous vous imaginez... du moins j’en saisi l’idée. Si vous n’êtes pas sûr de vous, ne dites pas de mots dont vous ne contrôlez pas la portée. Vous craignez la solitude mais rejetez ceux qui vous approche, il y a une limite à ce que peut supporter un homme, vous comme moi. Je vous laisse ceci à méditer, peut-être cela vous atteindra-t-il quelque part derrière votre égo de soldat bien que mes mots semblent tomber dans l’oreille d’un sourd à chaque fois. Bonne soirée.  

    Et ainsi, sans un regard en arrière, il franchit la porte qui le séparait de l’extérieur et s’éclipsa loin de cette impression de souffrance et l’étouffant sentiment de honte qui gravissait l’échelle de son cœur, il avait tellement voulu y croire ! Quel idiot ! Quel imbécile ! Encore une fois, ce qu’il ressentait avait obscurcis son jugement ! Encore une fois il avait été le bourreau de sa propre vie. Pouvait-il en vouloir à Marcellin ? Oui, pour souffler le chaud et le froid sans jamais se situer, mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même pour avoir accrocher ses sentiments aussi haut à sa porte. Il avait besoin d’un verre de whisky, de silence et des écrits de son cher ami Edgar, peut-être... peut-être devrait-il l’inviter à la maison, qu’il puisse épancher sa peine distinguée sur son épaule ? Juste histoire de sortir ce qu’il avait bloqué dans sa gorge, tout ce poison qui était remonté aussi vite qu’il était descendu, lorsque dans sa passion naissante, il avait oublié à qui il avait à faire.  

    Il fut sûr d’une chose cependant, on ne l’y reprendrait pas.  
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