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    Marcellin de Marbot
    Marcellin de Marbot
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    Emploi : Lieutenant de police
    DC : Lieutenant Kijé
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    < Vive l’empereur ! >


    Cela faisait déjà quelques semaines que la paix avait été déclarée, et le général n’était toujours pas revenu de son étonnement. Tout d’abord parce que le retour à la normale avait été si abrupt, que c’en était à ne pas croire qu’il y a pas si longtemps, les morts piégés dans cette cité luttaient de toutes leurs forces pour échapper à ce que l’on supposait être une annihilation définitive. Tout ce que la brume avait englouti s’était reconstruit, repeuplé, jusqu’au commissariat que Marcellin avait retrouvé rempli de nouveaux agents, qui travaillaient comme s’ils eussent été là de toute éternité — mais qui, quand leur lieutenant essayait de leur parler des événements, n’avaient pour réponse qu’un regard vide et fixe. Heureusement, les cellules de dégrisement étaient là pour attester que la quasi-fin du monde n’avait pas été qu’un cauchemar ; qu’ils aient porté des toasts un peu trop arrosés à la paix, ou tenté de noyer des souvenirs horribles, au petit matin, c’était toujours la pêche miraculeuse aux ivrognes.

    Bien sûr, en laissant de côté cet aspect surnaturel, Marcellin ne pouvait s’empêcher de se souvenir qu’il avait déjà vécu une époque de ce genre. Il avait eu encore plus de mal à se remettre de la paix de 1814, sans parler de celle, définitive, de 1815. Privé soudainement de la guerre qui l’avait vu grandir, et du souverain dont les conquêtes sanglantes en avaient fait un homme, le colonel Marbot avait pas mal erré dans les rues de Paris, plus abruti que désespéré, incapable de se faire à l’idée que j’ai devant moi des années sans campagne. Au moins, il avait une famille pour occuper son attention. Il avait une femme et un fils qu’il connaissait à peine, et à qui il pouvait désormais consacrer tout son temps. Ici … ? La routine reprenait ses droits. Mais Marcellin supportait encore moins qu’avant de rester entre quatre murs. Sans pouvoir tout à fait mettre de mots dessus, il ne se sentait pas à l’aise avec ses nouveaux collègues et subordonnés. Ils étaient efficaces et d’assez bonne composition pour la plupart, mais impossible d’oublier qu’au prochain caprice des créateurs de cette ville, eux aussi essaieraient sans doute de le mettre en pièces.

    Difficile en effet de croire à la paix cosmique. Après tout, la résignation de Napoléon à l’île d’Elbe n’avait pas duré un an. L’accolade de Tilsitt était oubliée depuis bien longtemps quand, cinq ans après, les Français entrèrent dans Moscou. Et ce baiser échangé au bord de la tombe n’empêcherait certainement pas, si Marcellin revoyait son Anglais…

    Il aurait bien voulu ne pas y penser, ne pas chercher sans cesse des prétextes pour remuer ce souvenir. Après tout, ce baiser n’était pour lui qu’une de ces impertinences que s’autorisent les hommes qui vont mourir. Si Doyle se méprenait là-dessus, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.

    Bien sûr, si les choses étaient si simples, Marcellin n’y reviendrait plus. Mais l’inconscient humain est une chose capricieuse. Témoin cette volonté propre que semblaient avoir pris ses jambes, depuis qu’il marchait en réfléchissant, et qui l’avait amené sur cette grande place, en vue d’un bâtiment encore plus neuf que les autres. A vrai dire, ce n’était pas tant la façade classique de l’édifice qui avait retenu l’attention du baron de Marbot, que la statue qui le toisait depuis le sommet d’une fontaine qu’il ne se souvenait pas non plus avoir vu avant. Cet auguste personnage en toge, coiffé de lauriers, aurait pu être n’importe qui, mais Marbot reconnut aussitôt l’empereur des Français. Alors seulement il suivit le regard de bronze, qui pointait vers le frontispice de la bâtisse nouvelle : Musée Napoléonien. Il s’était promis de ne pas le chercher, au moins pas avant d’avoir redonné un semblant d’ordre et de normalité à sa vie en Insomnia, cependant, puisqu’il l’avait trouvé… Oh certes, il savait que tous ces dons inattendus des deux tyrans divins n’étaient que des hochets, faits pour les distraire du mal qu’ils avaient commis et de celui encore plus grand qu’ils avaient failli commettre ; mais Napoléon l’avait lui-même dit, c’est avec des hochets que l’on mène les hommes, et Marcellin ne pouvait pas prétendre y être insensible.

    Une figure du grand homme l’avait guidé jusqu’ici ; deux autres marquaient l’entrée, le général et l’empereur, Bonaparte et Napoléon. L’intérieur du bâtiment, avec ses grands panneaux explicatifs et ses mannequins, paraissait toutefois beaucoup moins austère que le laissait penser son abord. Cela aussi convenait au sujet. Napoléon n’aurait certes pas fait mourir un million d’hommes pour lui sans cette simplicité étudiée dont tout vieux grognard pouvait donner mille exemples.

    Marcellin n’était pas le seul à découvrir le musée ; il était cependant le seul à y être venu en uniforme, si peu napoléonien fût-il. A vrai dire, dans un premier temps, plus que l’exposition en elle-même, c’étaient les autres visiteurs qui l’intéressaient. A la façon dont ils regardaient les fresques qui dessinaient, le long des murs, une chronologie de la charnière entre les siècles, à l’attention qu’ils prêtaient aux détails des uniformes, à leur manière de déchiffrer les documents d’archives, le général essayait de les classer, entre ceux qui ne connaissaient rien à l’époque mais venaient attirés par la nouveauté, ceux qui avaient étudié la période, et ceux qui l’avaient vécue, sinon eux-mêmes, au moins à travers les récits de leurs pères. Il essaya d’engager la discussion avec quelqu’un qui observait une tenue d'artilleur à cheval comme s'il se revoyait dedans ; mais l'homme, qui du reste avait une assez piètre figure, le toisa et s'écarta sans répondre.

    C'était sans doute pour le mieux. Soixante années et quelques n'avaient pas fait oublier à Marcellin que son premier duel avait été avec un de ces canonniers bâtards – l'épithète s'appliquait bien sûr à leur arme, encore que certains soldats la méritaient amplement.

    Dans la salle consacrée au volet militaire des Cent-Jours, un autre visiteur frappa l'attention de Marcellin. Il n'essaya même pas de classer celui-ci, puisqu’il reconnut aussitôt Doyle. Bien sûr, il fallait sans doute plus qu'un général mal embouché pour décourager le légiste de s'intéresser aux temps passés... Absorbé comme il le paraissait par une représentation d'une charge des lanciers anglais à Waterloo, il n'avait pas encore dû remarquer le rustre en question. Marcellin hésita à l'aborder. Il pouvait passer son chemin, ou à la limite, faire semblant de s'intéresser au tableau d'en face – qui méritait en effet un peu d'attention, ne serait-ce que pour le réalisme glaçant avec lequel il représentait les cadavres de chevaux et d'hommes –, et laisser Doyle décider s'il était prêt ou non à le supporter. Toutefois, hussard il était, hussard il restait, surtout dans ce cadre où il sentait les souvenirs déferler à la vue de toutes ces figures qui appartenaient pour lui non à l'histoire, mais à la mémoire, même si comme tout le monde, il était obligé de regarder les batailles de l'extérieur et ne pouvait s'y projeter qu'en imagination. Il n'allait pas se défiler ou laisser la main, surtout pas sous les yeux ardents du maréchal Ney, qui depuis son cadre doré semblait mettre les visiteurs au défi de lui dire en face que Waterloo était une défaite.

    Good day, Sir, lança-t-il, toujours avec cette prononciation approximative, mais il n'était plus à cela près. Je ne sais plus si je vous ai demandé si vous aviez un aïeul dans l'armée de Wellington. Cela ne vous paraîtrait pas amusant, de découvrir que c'est un parent à vous qui m'a donné ce coup de lance entre les côtes ?

    Contrairement à Napoléon au sommet de son génie, le général n'avait pas choisi son champ de bataille ; mais tout compte fait, mieux valait rencontrer Doyle ici, où ils pouvaient au moins commencer par d'autres sujets que celui qui importait réellement, comme Marcellin s'appliquait à le faire – comme s'ils se revoyaient au bout de quelques jours seulement, comme s'ils avaient passé leurs derniers moments ensemble à deviser gaiement. Marcellin était même prêt à retracer étape par étape l'humiliation de Waterloo et de louer la froide prudence par laquelle Arthur Wellesley avait triomphé de l'orgueil français, si c'était la seule chose que Doyle acceptait d'entendre de lui. Au moins, les lignes de communication étaient rouvertes.

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    Il était un imbécile.  

    Il en était venu à cette conclusion, son regard fatigué observant avec désintérêt son visage aux traits tirés, le noisette vif et intelligent de ses yeux s’étaient noyés sous l’océan d’angoisse et de doute, il ne savait plus ce qu’il devait faire, ce qu’il fallait faire. Lui qui avait toujours eut une ligne de conduite parfaite, lui qui savait toujours et dont le contrôle faisait pâlir de jalousie les fiers marins qui avaient tout vu avant lui, lui qui n’avait jamais reculé devant une nouvelle aventure, une vie liée de découverte et de nouveauté. Lui qui était toujours allé de l’avant, si tant que jamais ses métiers n’avaient su le retenir, le poussant du pôle nord à l’Afrique sans distinction. Le voilà aujourd’hui, enchaîné à une ville qu’il ne pouvait pas fuir par ses aventures inconscientes, emprisonné dans une ligne de conduite et incapable de savoir quoi faire désormais.  
    Son regard suivit la courbe droite du mur pour rencontrer cette porte qui était apparue dans son appartement depuis qu’il l’avait retrouvé, derrière il savait que se trouvait une immense salle d’archive, des livres à ne plus savoir quoi en faire, des centaines de volumes contenants même parfois quelques écrits inédits ou tirés à si peu d’exemplaires que le vieil homme ne pensait jamais pouvoir les lires un jour, mais il était loin d’être un idiot au fond des choses, il comprenait ce que tout cela signifiait, une excuse pitoyable. Un moyen d’amender ses erreurs de la pire des façons, comme si offrir quelques jouets suffirait à effacer l’horreur de ce qui s’était passé... peut-être, se dit-il, chez certains être à l’esprit étroit et faible, probablement qu’un petit cadeau laissé sur le pas de la porte excuserait la violence et la cruauté de deux êtres qui s’étaient servis de leurs vies comme de pions.  

    Mais pas pour Doyle, jamais pour Doyle. Il avait passé ces derniers temps à penser. Penser à s’en arracher la matière grise, à chercher des réponses qui étaient restée insolubles même pour lui. Plusieurs vies... ils avaient vécu plusieurs vies dont aucuns d’eux ne se souvenaient ! Ils avaient frôlés la mort, ils avaient combattus comme des enfants affrontant le cauchemar sous le lit, impuissant. Contrôlés et baladés tel de vulgaire ballerine sur une scène trop grande pour eux. L’existence même d’entité si puissante, capable de détruire tout d’un simple soupir l’avait angoissé, mais au-delà de ça c’était son impuissance, cette incapacité à trouver une solution. Il s’était toujours vu comme un homme plein de ressource, capable de trouver une sortie qu'elle soit impossible ou non. Mais il s’était résigné... il s’était résigné à l’impuissance et il ne se le pardonnait pas. Et puis... et puis il y avait eu ça.

    Il grinça des dents en chassant ce souvenir en particulier, prenant le temps de se laver, de se raser, de se coiffer puis de s’habiller, une tasse de café et quelques scones pour le repas. Ainsi plongé dans un quotidien basique il ne pensait pas à ça, il n’y pensait pas et ainsi refusait de penser aux conséquences. Et quelles conséquences, il les connaissait déjà, il savait ce qui allait se passer c’est pourquoi il avait pris grand soin de ne plus jamais croiser la route d’un certain policier. Il dût cependant se rendre à l’évidence alors qu’il tentait de noyer sa fatigue dans une tasse de café noir, il n’aurait jamais l’occasion d’effacer cette histoire de sa mémoire, pas quand ce moment avait illuminé les ténèbres d’une situation qu’il pensait à bout de souffle, pas quand cette lumière si forte avait fait vibrer son cœur et son corps comme jamais auparavant car s’il avait cru être épris du général avant ça, ce qu’il avait ressenti et ressentait toujours depuis n’avait rien à voir. La corde sensible qui étreignait son cœur ne cessait de lui faire mal, de lui hurler d’appeler l’homme pour essayer d’obtenir une réponse quelconque, plus que le silence pesant qui régnait sur cette partie de sa vie. Mais sans grande surprise, cette réponse il la connaissait. Le rejet. Il n’avait pas besoin du général pour la lui confirmer. Mais nul doute qu’il finirait par être confronté à la question, lorsqu’il serait prêt. Pour le moment il avait déposé un congé maladie à la morgue, il avait besoin de temps et de recule, il avait besoin de chasser les cauchemars également et hors de question cette fois de demander de l’aide à Marbot. Il serait donc seul.  

    Il souffla. Il avait l’impression d’avoir fait dix pas en arrière dans sa relation avec le général. Quand bien même... quand bien même ils s’étaient embrassés. Il se sentait terriblement embarrassé par ce souvenir, par cet abandon dont il avait fait preuve aux bras du Français, et pourtant il était terriblement heureux de l’avoir fait. Enfilant sa veste, il débarrassa son appartement de sa vieille présence ruminante et se dirigea en ville, il était tellement facile de discerner les vraies personnalités de ces fausses personnes faites de cire et de poussière, il y avait les traumatisés le regard légèrement hagard, marqué par une fin du monde bien trop réelle et il y avait les indifférents, souriant et saluant les passants comme si hier et demain n’avait aucune importance. Le vieil anglais n’avait plus confiance du tout dans ces poupées sans visage qui pouvait à tout moment tendre une nouvelle fois leurs griffes décharnées vers lui pour tenter de détruire sa plus pure existence. Non il ne voulait pas se retrouver à nouveau aussi exposé, aussi impuissant. Levant haut et fort ses défenses d’anglais froid et indifférent il attrapa le petit prospectus qu’il avait reçu dans sa boîte aux lettres concernant le nouveau musée Napoléonien qui venait d’ouvrir, voilà qui lui changerait les idées... enfin si tant est que se précipité au cœur de l’époque de l’homme qui tourmentait son cœur changerait une seule idée de son cerveau. Quoiqu’il en soit il avait pris soin de choisir un jour de semaine pour être certain de ne pas croiser le dit général. Tout précaution prise, il avait pénétré dans le balai silencieux de l’histoire avec une satisfaction que seul un historien pouvait comprendre, s’enfonçant pièce après pièce pour découvrir toutes ses choses qui avait bercé les idées vive de sa première vie d’adulte. Des myriades de chose qu’il connaissait déjà, qu’il avait déjà vu ou lu mais qui exposé aussi fidèlement lui apportait une vague sensation de réconfort, qu’importe qu’il ait été ramené à la vie et tué plusieurs fois, qu’importe que la vie se soit montrée cruelle avec lui, l’Histoire existait, l’Histoire avait bien eut lieu et c’était un point d’accroche auquel il ne voulait pas cesser de croire. Ses pas le firent traverser les pièces en croisant les rares promeneurs assez curieux ou nostalgiques pour se trouver ici aussi. Pas de général en vue, parfait. Quand il arriva à la salle réservée à la victoire de Waterloo... enfin défaite dans le contexte actuelle il prit le temps d’approcher une tableau, cherchant à voir s’il reconnaissait tel ou tel figure dans la mêlé des lanciers.

    Il était tout à son observation quand une voix lui parvint, faisant frissonner sa peau et sursauter son cœur, ciel... devait-il être si malchanceux, il prit le temps de se composer une expression, indifférence, froideur, rejet, s’il devait être rejeté alors il rejetterait l’autre en premier, comme aux échecs c’était celui qui jouait son coup en premier qui était le plus à même de gagner.  Inspirant, solidifiant son expression et son bouclier anglais il tourna lentement les talons vers l’homme et ancra son regard dans le sien. Lorsque leurs prunelles s’accrochèrent et plongèrent l’une dans l’autre, la réalité de la situation le frappa.  

    Ils s’étaient embrassés, ils avaient aimé ça, Marcellin allait le rejeter à ce sujet.  

    La douleur passa, elle était commune dans sa relation avec l’homme depuis qu’il s’était déclaré à lui, sans succès. Mais il n’était pas prêt à se laisser à nouveau jouer de la sorte, le Français n’était certainement pas au courant du typhon qu’il risquait de subir. Un sourire aimable, factice se dessina sur les lèvres de l’homme.

    -Bonjour à vous aussi Marbot. Je serais fort surpris que mon père ou mon grand-père aient quoique ce soit à voir avec vous. J’espère que vous apprécier votre petit cadeau pour aveugle impotent Marbot, profitez-en bien.  

    Sur ses mots il tourna les talons, rompant toute communication et tout contact visuel, reprenant sa route le long des décorations de la pièce. Il savait ce qui marchait sur le général, la froideur et l’ignorance, l’homme supportait mal l’idée d’être laissé seul à ses souvenirs quand il leurs attachaient plus d’importance qu’à n’importe qui dans cette ville. Mais l’Anglais n’avait pas le courage d’affronter l’homme, pas aujourd’hui. Lorsque son cœur serait prêt, lorsqu’il trouverait la détermination et la force de supporter la douleur et le rejet du Français, peut-être accepterait-il de revenir vers lui avec la même amitié courtoise qu’autrefois. Peut-être. Avec un micro sourire éphémère, il se fit la réflexion que cette pièce était peut-être une allégorie de leur propre situation, la défaite Française face à la patience Anglaise. Peut-être qu’après tout, cette pièce signerait la fin de quelque chose elle aussi.  
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    Form square! Raise your bayonets! Et voilà comment on brise une charge de cavalerie française. En matière de tranchant, le regard de Doyle valait bien ces lames d'acier qui déchiraient le ventre des chevaux comme de vulgaires sacs de toile – enfin, pour le peu que Marcellin en avait vu, car l'Anglais ne s'était pas éternisé après son dernier coup de pique. Alors pourquoi diable le général était-il si tenté de le poursuivre ? Et quelle idée vraiment, d'avoir commencé sur le ton de la raillerie ? Il fallait réessayer, tâcher de se reprendre, et peut-être Doyle aurait-il tellement pitié de sa balourdise qu'il l'écouterait...

    Ce diable d'homme valait-il vraiment tant d'acharnement ? Il ne suffisait pas de répondre « Bien sûr ! », encore fallait-il dire pourquoi. Mais ce genre de réflexion attendrait. C'était après tout la première fois que Marcellin apercevait l'Anglais depuis la quasi-fin du monde, auquel il manquait encore un nom facile à retenir, quelque chose qui marque autant les esprits que « le 18 brumaire », ou « la Terreur blanche » – le sujet de la salle suivante. Depuis qu'ils avaient rompu leur étreinte, et avaient dérivé loin l'un de l'autre, emportés par cette liesse timide, faite plus de soulagement que de joie véritable. Certes, le général n'avait ensuite pas fait grand-chose de son côté pour retrouver Doyle. Il aurait aimé qu'assez de temps se fût écoulé pour le rendre complètement indifférent à ce souvenir, pour pouvoir essayer de donner l'illusion d'une table rase. Mais la vue de Doyle avait mis cette résolution sens dessus dessous ; sans avoir la moindre idée de ce qu'il fallait dire, Marcellin voulait continuer à lui parler, ne serait-ce que parce que la brume lui avait rappelé ce que des années de vie militaire lui avaient appris, et qu'il avait failli oublier dans une vie sans enjeux : l'existence humaine est une chose trop fragile pour en plus la charger de non-dits et de conflits latents.

    Tant pis s'il fallait pour cela troubler la gravité de la salle d'exposition, où Louis XVIII et son parti faisaient face à leurs victimes. Marbot aurait pu être du nombre, après tout son nom figurait sur cette liste des proscrits où, pour sauver sa place, Fouché avait balancé tous les autres serviteurs de Napoléon. Pour l'heure cependant, il avait mieux à faire que s'il ne s'était pas dépêché de se réfugier en Allemagne, il aurait lui aussi été arrêté et fusillé. Et pourtant, si son existence terrestre s'était finie en 1815, il serait mort sans une œuvre à son nom, et le capricieux créateur ne l'aurait pas saisi au vol...

    Doyle, attendez ! Dites-moi au moins comment vous allez, offrit-il en faisant quelques longues enjambées pour rattraper l'Anglais et se placer en travers de sa route, sans le quitter de l'oeil. Et quand vous comptez reprendre le travail. Votre remplaçant est un âne...

    Rien à faire, il avait la langue liée pour le seul objet dont ils avaient vraiment besoin de parler sérieusement. Pour ne rien arranger, quand, dans cette frustration, il jeta un regard autour de lui comme si une de ces images figées allait prendre vie pour lui souffler conseil, et ne vit en premier que le cadavre de Ney, étalé face contre terre devant le mur de l'Observatoire.

    Bon, je le reconnais, ce n'est pas l'endroit idéal pour discuter. Et si nous sortions ? Vous aurez tout le temps de voir Sainte-Hélène plus tard.

    L'entourage de toutes ces vieilleries ramenant les anciennes habitudes, il faillit prendre Doyle par le bras, comme il l'eût fait d'un capitaine d'état-major avec qui il avait quelque mouvement de troupes à planifier ; mais il n'avait pas tout à fait oublié à qui il avait affaire, et s'il avait envie de secouer un peu son gentleman anglais, il ne voulait pas le mettre tout à fait en furie.

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    Mais il revenait à la charge, doté de cet éternel manque de tact qui n’avait jamais laissé l’anglais indifférent mais qui désormais lui semblait insupportable. Ne pouvait-il pas comprendre le message ? N’y avait-il pas assez d’avertissement dans sa voix et son regard comme un félin grondant avant de mordre. Mais Marcellin était un cabot têtu et nul doute que prendre quelques coups de crocs mortels ne le dérangerai nullement s’il pouvait en tirer la gloire d’avoir terrasser l’animal qui les portaient. Mais Doyle n’était pas félin à se laisser écraser par cette impétuosité française. Quand l’homme enjamba la distance entre eux, coupant toute retraite telle une armée sur un champ de bataille il oscilla entre la colère et la lassitude, peut-être un dosage des deux suffirait, mais les mots de l’ancien général finir d’épuiser la si grande patience de l’écrivain, ses poings formèrent pendant quelques secondes une boule furieuse avant qu’il ne la relâche, concentrant cette colère passionnelle dans son regard et dans sa voix, déchirant une bonne fois pour toute l’image parfaite et gracile de l’anglais indifférent alors que son bras se levait vivement et que le claquement froid de sa main sur la joue de Marcellin retentit dans la pièce. Il avait reculé d’un pas le temps de prendre une profonde inspiration et soudain, le typhon se déversa autour d’eux avec une violence inouïe, les barrières de sa résistance s’effondrèrent pour laisser déferler sur le pauvre homme tout ce qu’il avait accumulé de son comportement de ces derniers mois.  

    -Je savais que vous étiez un mufle mais votre manque de convenance devient de plus en plus horripilant, ne vous rendez-vous pas compte que je ne veux plus vous voir ? Que j’ai tout fait pour mettre entre nous le plus de distance possible justement pour éviter cette discussion où vous allez jouer les innocents ne comprenant rien ? Où vous allez amener à mes pieds toutes les excuses du monde pour refuser de parler de ce qui s’est passé ? Pour rejeter une nouvelle fois tout ce que j’ai ressenti et le courage qu’il m’a fallu pour vous le confier ? Que voulez-vous Marbot ? Que je retourne dans le cercle des rares anonymes qui prennent le temps d’écouter vos vieilles histoires ?! Parce que je sais que c’est cela qui vous chagrine, j’ai appris à vous connaître et je sais comment vous pensez, les seules choses qui vous intéressent elles sont ici !

    D’un geste dramatique il exposa la salle pleine de vieux souvenir que le monde avait commencé à oublier.

    -Je ne suis pas ici pour être la poupée de vos épopées ! Je n’ai pas souffert votre indifférence pour retourner à notre petite amitié viril et pleine d’opposition ! Il n’y a pas de retour en arrière Marbot, il serait temps pour vous de le réaliser ! Le temps n’avance que dans un sens même pour nous, vous ne pouvez pas effacer tout ce qui s’est passé d’un sourire et d’une accolade, je ne suis pas un de vos compagnons d’armes qui vous épaulait autrefois sur le champ de bataille, je ne suis pas votre ami ! Cela fait bien longtemps que je ne vous vois plus ainsi ! Votre manque d’empathie vous était peut-être utile durant l’époque glorieuse où régler un problème se situait dans une baïonnette ou une épée mais les gens ont évolué et moi le premier. Vous désirez faire comme si de rien était ? Je ne vous forcerais pas du contraire, mais pas à mes côtés. Je ne supporterais pas votre gentille camaraderie, vous avez déjà bien assez fait souffert mon cœur. Vous allez fuir encore et encore jusqu’à me laisser briser par votre stupidité ?

    Au fur et à mesure de sa tirade furieuse il s’était rapproché du Français jusqu’à ce que son odeur d’homme n’envahisse son espace personnel, jusqu’à ce qu’il puisse sentir sa chaleur de la pointe de ses doigts jusqu’au bout de son menton, ce dernier légèrement relevé pour fixer l’œil unique du policier, ses lèvres minces pincées dans une expression furieuse, ses yeux noisette brillant de colère mais de tristesse également. Il avait tant de chose sur la conscience, il n’était pas assez fort pour suivre une nouvelle fois la conquête d’un homme aussi buté et aveugle, il n’avait pas la force d’être l’acolyte silencieux encore une fois. Ainsi tout près de lui, il résista à cette impulsion qu’il avait déjà éprouvé durant cette fin du monde impromptue, faisant taire ses émotions folles pour le fixer avec acidité et souffler.  

    -Et ensuite quoi ?  

    Et il se détourna à nouveau, il accusait l’homme d’être un fuyard mais peut-être n’était-il pas mieux... détournant le combat après avoir asséné ses coups pour échapper à la pression de cette pièce qui soudainement lui semblait insupportable, parce qu’il savait, malgré tous ses grands discours encore une fois, que quoiqu’il arriverait son amour serait toujours fidèle à l’homme aveugle et stupide qu’il venait de fustiger.  
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    < Nor Hell a Fury, like a Briton scorn’d >


    Une bordée vive comme l’éclair, et une retraite tout aussi prompte. C’était, après tout, la tactique dont Nelson avait usé pour anéantir la flotte française. Et un instant, quand Marcellin avait senti le soufflet, quand le sang bouillonnant lui était monté à la tête, il avait voulu intercepter cette main insultante, en broyer tous les os jusqu’à rendre son propriétaire aussi manchot que l’amiral anglais… Cependant, une autre portion tout aussi primitive de son cerveau, habituée à régler les questions d’honneur, lui rappelait que dans l’affaire, c’était lui l’offenseur. C’était lui qui, égaré par ce lien si ténu que l’histoire militaire créait entre eux, s’obstinait à traiter Doyle comme un frère d’armes, un de ces hommes endurcis qui ne s’encombraient pas de considérations sur leurs propres sentiments ou ceux de leurs camarades, pour qui la bonne entente allait de soi, quels que soient les torts des uns et des autres, parce qu’il viendrait toujours un moment où chacun aurait entre ses mains la vie d’un autre… et il avait oublié une dimension essentielle de ces liens. C’étaient des amitiés de guerre. Et quand les tyrans se donnaient l’accolade et effaçaient le passé, les hommes ordinaires entraînés par leur folie voyaient au contraire ressortir les vieux griefs, et laissaient libre cours aux nouveaux.

    Doyle, j’étais prêt à discuter sérieusement avec vous, et ce temple des vieilleries n’est pas vraiment…

    Il avait essayé de se faire entendre par-dessus l’ouragan furieux qu’il avait déchaîné, sitôt qu’il avait compris que Doyle n’allait pas le laisser se défendre, mais n’avait pu empêcher les mots de le frapper comme autant de coups de sabre. Bien sûr. La guerre et la paix n’avaient rien à voir avec leur affaire. Dans l’une comme dans l’autre, si Doyle n’avait pas eu l’idée saugrenue de s’enticher d’un homme aussi peu fait pour l’amour de son prochain…

    A trop s’accrocher à ses positions, on perd la guerre. Les généraux du siècle précédent avaient été vaincus par la jeune génération faute d’avoir compris cela à temps. Marcellin avait peut-être déjà perdu une amitié qui avait pris à ses yeux une importance démesurée dans cette vie inutile, mais il pouvait au moins prouver qu’il n’allait pas persister jusqu’au bout dans la même erreur. Même s’il fallait pour cela admettre qu’un intrépide officier de l’Empire avait cédé à la peur de l’inconnu, la plus mauvaise conseillère qui soit.

    Un peu de tenue, vous êtes dans un lieu public, et il y avait quelque chose de grotesque à prolonger une scène pareille entre deux images d’exécutions et un portrait de Louis XVIII, coeur éteint s’il en fut jamais. Cette pensée au moins avait réussi à l’empêcher d’exploser, de prendre Doyle par le col — il était si près, ç’aurait été si facile — quand l’Anglais suivant sa coutume avait attaqué une à une toutes les failles de sa cuirasse. Mais personne ne semblait pressé de rappeler à l’ordre les deux trouble-visite, et un général a rarement le luxe de choisir son champ de bataille, surtout face à un adversaire qui, de son propre aveu, s’applique à l’éviter. Cette fois, Marcellin ne se contenta pas de barrer la route à Doyle, il lui saisit rudement le bras et le força à se retourner. Tant pis pour les manières ; de toute façon, qu’est-ce qu’un foutue bête comme lui pouvait bien y connaître ?

    ”Ensuite” ? Vous ne pouvez pas finir là-dessus, Doyle ! … Ecoutez, quand vous … quand vous vous êtes confié à moi…

    Impossible de commencer par là. Malgré sa bonne résolution d’abandonner les forteresses intenables, Marcellin demeurait persuadé d’avoir été de bonne foi ce jour-là. Et dans ce genre de situation, les paroles ne s’envolaient pas, loin de là, elles coulaient comme le plomb. N’importe, sans desserrer un instant son emprise sur le bras de Doyle, il soupira profondément comme pour effacer l’ardoise.

    Vous savez comme moi que c’est à l’approche de la mort que les hommes se révèlent, Doyle, dit-il avec l’autorité calme d’un spécialiste en la matière. Mais vous avez raison. Il est trop tard pour se rattraper. Et ce sera sans doute tout aussi bien si vous ne croisez plus jamais ma route. Ainsi je finirai par arrêter de me demander pourquoi j’ai embrassé sincèrement un homme aux yeux de qui je ne serais jamais qu’une brute sans coeur.

    Sur ce, il lâcha l’Anglais comme il l’avait saisi, comme pour le renvoyer sur sa trajectoire rétrograde. Après tout, quitte à rester prisonnier des défauts de son autre vie, pourquoi ne pas renouer jusqu’au bout ? Plutôt que de gérer les conflits qui ne pouvaient se régler ni par l’épée, ni par l’intercession d’un tiers, il était plus simple d’attendre et d’oublier, et même le cadre étriqué d’Insomnia pourrait y suffire. Qui plus est, s’ils en restaient là, le général aurait la satisfaction de n’avoir jamais cédé, de n’avoir jamais admis ses vrais torts. A défaut de vraies victoires sur lui-même ou sur les autres...

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    FT. Marcellin de Marbot
    Sa colère déboula entre eux avec la franchise d’un Ecossais, loin était se retenue Anglaise, loin était sa froideur britannique, à cet instant le plus important il était Ecossais, il revenait à ses origines laissant revenir le galop de son naturel, sifflant et tempêtant jusqu’à ce qu’il puisse enfin vider la totalité de ce qu’il avait sur le cœur, ce qu’il retenait dans ses bras depuis si longtemps derrière des barrières infinie d’éducation et de bonne manière, non il n’y avait plus rien de tout cela à ce moment précis et si un impromptus viendrait à interrompre cette ouragan de ressentiment il apprendrait lui-même ce que cela signifiait de se mettre à dos Sir Arthur Conan Doyle. Pourquoi tant de rage ? Pour beaucoup de raison, les silences et les retours en arrière pour ne citer qu’eux, les longues heures d’angoisse, l’attente et le désespoir qui avait écrasé à plusieurs reprises ses émotions. Il avait lutté pour garder la façade devant l’incompréhension du général, il avait maintenu le change comme si de rien était mais c’était à devenir fou, se balançant sur la corde raide de ce qu’il pouvait supporter, dansant au bord d’une falaise qui autrefois avait accueillie l’expectation de sa propre fin, de celle de l’auteur qu’il avait été pour Sherlock Holmes. Son regard en furie plongeant en avant, fuyant cette situation, fuyant l’homme qui hantait trop souvent ses pensées à son goût, l’amour était une chose ridicule et pathétique.  

    Pourtant, il le retint. La surprise trahit un sursaut dans ses épaules alors qu’il tournait la tête vers lui, fixant son visage contrarié, bien entendu que le Français aurait pu laisser parler ses réflexes face à son agression, bien entendu qu’il aurait pu lui broyer les os et terminer une bonne fois pour toute ce qu’il y avait entre eux, cet oisillon encore tellement fragile qu’il n’attirait que pitié et fatigue. Mais il était bien vivant, il ne tenait finalement qu’à eux d’en faire quelque chose d’autre, quelque chose de mieux. L’homme aurait pu crier sur lui, aurait pu répondre à ses accusations par les siennes, attaquer là où la douleur aurait été la plus forte. Mais ce n’était pas ainsi que le général agissait, il le savait et quelque part c’était probablement pour cela qu’il s’était permis tant de colère, parce qu’il voulait pousser le Français hors de ses retranchements, faire jaillir quelque chose d’autre que cette tête de mule de lui. Il était fier, il était droit, incapable de se remettre en question et manquant bien trop de tact, il avait tout ce qui déplaisait à l’Anglais...et pourtant quand ses yeux le virent, ils découvrirent à la place d’un loup indifférent un chiot incertain. Il avait de la fragilité lui aussi, cet air incertain et pourtant résolu, cet éclat et la façon dont ses épaules s’étaient baissées. Oui... peut-être devrait-il donner plus à cet homme qui n’avait été bâti que par la guerre, il était le mieux placé pour le savoir.

    Sa colère dégonfla et son cœur s’enfla d’autres émotions bien plus fortes, bien plus douce. Il resta immobile alors que ses réflexions filaient à toute vitesse, les options étaient peu nombreuses. Soit il décidait de franchir cette porte derrière lui et ne plus jamais revenir en arrière, ne plus jamais entendre parler du Français et il savait que cela mettrait un point final à leur roman. Soit … soit il prenait la patience et l’amour qu’il couvait depuis si longtemps pour permettre à cet oisillon de devenir à magnifique phœnix intemporel. Il se demanda un instant si, dans une de leurs précédentes vies ils s’étaient aimés. S’ils avaient été confrontés aux mêmes questionnements, aux mêmes erreurs. Sa tendresse noya tout ce qui existait dans son esprit à cette idée et il ferma les yeux, refusant de bouger.  

    -Oh my dear love...

    Il esquissa un sourire faible avant de venir d’un geste attraper cette main qui l’avait tant offusqué quelques secondes avants, il enlaça ses doigts aux siens et se rapprocha à nouveau, prenant le temps, récupérant les fragments de son courage et de sa patience.  

    -J’ai essayé de mon mieux de vous faire comprendre pourquoi Marbot. Quand j’ai décidé de vous ignorer, d’être froid avec vous avant les évènements du centre commercial. Vous avez ressenti mon absence. Vous aviez ce regard lorsque que vous m’avez revu, comme si vous attendiez quelque chose de moi après tant de silence.  

    Il échappa un petit rire

    -Vous n’êtes pas une brute sans cœur à mes yeux. Vous êtes bien plus que cela, et dieu sait que je déteste tous vos défauts. Mais ils compensent vos qualités innombrables, je crains d’être obligé de vous dire les choses puisque vous ne voulez pas les comprendre par vous-même. Je suis au regret de vous annoncer que vous avez des sentiments pour moi Marcellin. Ainsi, je vous pose la question... une dernière fois, je ne pourrais pas de nouveau jouer la comédie avec vous, pas après tout cela. Désirez-vous mettre un terme définitif à notre relation, quel qu'elle soit, ou bien... désirez-vous essayer de laisser parler votre cœur pour une fois, lâcher prise et... aller vers l’inconnu avec moi à vos côtés ?

    Il releva enfin la tête vers lui, son regard se fixant dans le sien car il était de guerre lasse, car il était devant lui un homme nu sur le champ de bataille qu’avait été leur relation jusqu’à présent, un combat qu’il avait perdu depuis longtemps mais dont il désirait essayer de gagner la guerre. Une dernière fois.    
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    Marbot pensait mener un combat d’arrière-garde. Quelques actions désespérées pour sauver l’honneur, un peu comme ces combats dans la plaine de Versailles, livrés alors que Napoléon avait déjà jeté l’éponge, pour clore vingt-trois ans de guerre par des victoires françaises, si insignifiantes fussent-elles. Déjà il était prêt à tout confiner dans un coin inusité de sa tête, à se faire quelques réflexions profondes sur le sort des braves généraux fusillés en attendant que Doyle s’éloigne, puis à continuer vers Sainte-Hélène comme s’il ne s’était rien passé. Au mépris de tous ces plans, Doyle ne s’éloignait pas. Ce feu ardent de l’homme poussé à bout, qui lui avait un instant donné l’air magnifique d’un cheval qui se cabre, semblait s’être apaisé. Marcellin ne fit rien pour l’arrêter quand il vint prendre la main qui venait de le malmener. Loin de se soustraire, il voulait même entraîner Doyle vers lui, non pour danser la valse, mais… Comment ce diable d’homme pouvait-il exercer un tel pouvoir sur lui ? La réponse n’était pas très loin à la portée du général, parce qu’il ne s’était jamais débarrassé de cet instinct primaire de l’officier subalterne, qui est de mettre ses pas dans les pas d’hommes d’exception. Certes Doyle n’était pas taillé dans la même roche que ceux que Marcellin avait suivi jusque-là, mais les temps changent.

    Evidemment, il s’obstinait à comparer ce qui n’était pas comparable, et il ne pouvait s’empêcher de sentir son amour-propre se hérisser en constatant que c’était encore une fois Doyle qui lui livrait la clé de ses propres émotions. Mais pouvait-il vraiment s’en étonner ? Comme tous ceux qui prétendaient trouver des solutions simples aux problèmes intemporels de la vie humaine, il était dans l’erreur et l’illusion, et le blocus sentimental qu’il s’imposait depuis tant d’années méritait sans doute de rejoindre les forteresses circulaires au panthéon des fausses bonnes idées. Il fallait seulement quelqu’un pour le lui faire comprendre. Doyle semblait s’être résigné à ce rôle, tandis que Marcellin à sa place aurait depuis longtemps jeté l’éponge.

    A votre avis, puisque vous me connaissez si bien ? reprit-il, d’un ton peut-être plus insolent que ce qu’il aurait voulu, mais résolu à ne pas laisser filer le fond de sa pensée. Je ne veux pas vous perdre, et surtout pas par ma faute. Quant à savoir si c’est par amour ou si, comme vous le disiez, parce que vous êtes mon meilleur public… Ne comptez pas sur moi pour résoudre ce casse-tête. En tout cas pas dans ce musée. Vous voyez ? On nous observe.

    De sa main libre, il désignait non pas un autre visiteur, mais un buste en plâtre contre le mur ; une simple ébauche, mais qui rendait à Labédoyère son front large et ses sourcils hautains. Oh certes, où qu’il fût, ce n’était plus lui qui pourrait accuser Marcellin de se fermer comme une huître au moment où ses amis avaient besoin de lui hors du domaine strictement matériel et militaire…

    Ce n’est pas seulement pour plaisanter, s’empressa-t-il d’ajouter. Je sais bien que ce ne sont que des images, et pas des plus réalistes, mais je trouve difficile d’évoquer avec vous un quelconque avenir quand, à chaque fois que je tourne la tête, je vois un nouveau rappel du passé.

    Ayant proposé cela, ayant commencé lui-même à se diriger vers la sortie, il renonçait aussi aux échappatoires faciles que lui offraient les reproches silencieux de Labédoyère ou d’autres contemporains. Tant pis ; n’avait-il pas dit au même Charles, avant qu’ils s’élancent tout deux à l’assaut des murs de Ratisbonne, Quand le vin est tiré, il faut le boire ?

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