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    Stephen King. Un prénom. Un nom. Trois fois rien. A certains, ça n'évoque rien. A d'autres, ça leur rappelle vaguement quelque chose. Et enfin, il y a les adeptes. Adeptes de quoi ? De ses livres, des livres de Stephen Fucking. Et puis il y a moi. Moi, création de cet esprit que je n'arrive pas à tellement qualifier. « Enfoiré » serait peut-être le premier mot qui me viendrait assez naturellement. Et en même temps, sans ses mots, sans son imagination, je ne serais pas là. Mon existence se résume à ce connard qui a décidé de m'en faire baver dans un bouquin. Comment je suis censé vivre avec ça ?

    Même avec les années passées ici, je ne sais toujours pas comment dealer avec ça. Pourtant, depuis le temps, j'aurais pu essayer de comprendre non ? Et d'accepter ? Sauf qu'au lieu de voir les choses en face, j'ai préféré les ignorer. Et pendant longtemps, j'ai fait semblant de ne pas être intéressé par qui il était. Mais c'était de la poudre aux yeux. J'sais pas si j'étais crédible jusque là mais à force de me mentir à moi-même, j'ai fini par me décider que tout ça, ce n'était plus très raisonnable.

    Le déclic est venu devant ma télé. Improbable hein ? Mais c'est quand j'ai vu ce portrait de je-sais-plus-qui, un auteur d'un siècle passé, que tout le monde avait déjà presque oublié. Il était là, ici, dans ce monde et il racontait ce qu'il avait vécu. C'est là que je me suis demandé « et si un jour, c'était lui qui passait à l'écran ? ». Je sais pas trop ce qui s'est passé là-haut mais cette simple perspective m'a foutu un frisson. Est-ce que j'avais vraiment envie d'en découvrir plus sur lui assis sur mon canap', pendant que sa tronche passerait sur un écran et qu'il expliquerait comment lui est venu mon histoire ? Non, clairement pas.

    Alors j'ai fait ce qui m'a paru le plus logique, j'ai tenté de rentrer en contact avec le journaliste qui avait fait ce fameux portrait. Faut dire que j'aimais assez bien son boulot, mais ça, j'me suis gardé de le dire ouvertement... Par chance, il a bien voulu me rencontrer et m'écouter. Non pas que le type était une méga-star du journalisme et overbooké par le boulot, mais j'suis bien conscient que j'suis pas le mec le plus avenant du monde et que j'donne pas facilement envie à ce qu'on se casse le cul pour moi. Mais lui, il a bien voulu m'aider. Et chercher un peu plus sur ce fameux Stephen Fucking (oui, ce doux surnom me tient à cœur).

    En plus de ça, ce journaliste c'était pas n'importe qui, c'était lui aussi un de ces écrivains renommé. Alors raison de plus pour qu'il puisse plus facilement répondre à mes questions, m'éclairer sur ce que je n'étais pas sûr encore de comprendre. Arthur Rimbaud s'est donc mis à faire des recherches pour moi.

    Jusque-là, il ne m'a pas dit grand chose. Le strict nécessaire, le basique. Rien de très excitant. Des éléments purement factuels qui ne me concernent pas directement et qui ne m'apportent pas beaucoup plus d'information sur sa personnalité, ni sur mon origine. Mais Arthur a appelé, et il m'a donné rendez-vous. J'imagine donc qu'il doit avoir deux ou trois choses à me faire découvrir. Enfin, je l'espère. Car j'apprécierais moyen de me déplacer pour rien. Je l'aime bien Rimbaud mais faut pas abuser non plus. Alors si je me suis cassé le cul à venir ici, me perdre dans un café à l'allure cosy, paisible et discret, c'est pas simplement pour boire le thé et échanger des politesses.

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    Il n'y avait aucun sens à la raison. Elle semblait si floue, si brumeuse, et plus sinueuse encore à chaque fois que l'on cherchait à la saisir, à la contrôler, à se l'approprier. J'aurais pu être satisfait de cela. C'était comme de l'ivresse, mêlée à de l'incertitude. Impalpable. Délicat. Les mouchoirs de soie semblaient moins doux que cela encore, recroquevillés près d'un jabot vulgaire, souillés par le sentiment piteux et navrant de la tristesse humaine. Mais cela était vivant. Cela était pur, et cela était certain. Je n'aspirais à rien d'autre qu'à cela. Quelques jours, ma satisfaction était pleine, entière, et suffisante. La liberté était cruellement absente, toujours, alors je me contentais de l'inventer. Je n'avais plus l'illusion de croire en sa frêle présente; j'enchaînais les autres, et alors, je devenais bien plus libre qu'eux. Conter leurs vies, les laisser croire à jamais prisonniers de ce passé. Pas de réincarnation, pas de nouveau départ. Tu as été, et tu resteras. A jamais, ton enfer te rattrapera. Et bercés quelques soirs là-dedans, ils se mordaient le cou et la queue.

    Probablement n'y avait-il ici pas meilleure satisfaction, que celle capable de faire oublier sa propre peine. Je ne m'en rappelais que quelques soirs, dans la chaleur des draps mouillés. Alors, il suffisait de ne plus penser. Jamais ne plus rien penser. N'en avait-il pas toujours été ainsi, après tout ? La folie n'avait-elle pas déjà tenté de me dévorer, jusqu'à m'arracher les tripes et l'esprit ? Lorsque la liberté devenait trop sauvage, il fallait s'oublier sur quelques mots, quelques travaux, quelques œuvres parfois. Il n'y avait jamais assez à faire, et rien n'allait assez vite. Que d'abjectes sensations.

    Carrie. Lui, et son service. Il n'y avait rien de particulier à cela, rien de bien original. J'avais pu, l'espace d'un instant, apprécier l'étrange animosité des recherches. Ce n'était rien de plus que du travail supplémentaire. Mais qu'importe pour qui fut-il, tout semblait particulier, trop spécifique peut-être. L'auteur, Stephen King, ne se trouvait pas à Insomnia. Personne, même, ne semblait le connaître. Comme une gangrène cachée, enfouie, si profondément qu'elle en devenait à peine décelable. Il n'était pas le seul en ce cas, pourtant. Mais bien de ses œuvres existaient, étaient rangées avec précaution sur les étagères de la bibliothèques. Parmi elles, Carrie. Créature d'horreur. Cependant, plus rien, à présent, ne pouvait en émaner.

    « Carrie ! »

    Carrie. Il attendait là, devant son café, et on le devinait impatient. Son visage n'avait plus rien à voir avec l'oeuvre décrite. Je l'observais, avec une légère insistance. Pouvait-on trouver des brûlures, sur ce corps qui n'était plus le sien ? J'avais tant cherché pour son égoïste conscience, et me voilà à présent trop curieux.

    « Je suis ravi que tu sois venu. »

    Un sourire, et un hochement de tête sur le côté. Je m'installais sur la chaise face à lui, un peu hâtivement, et commandais rapidement un café et un verre d'eau sans attention particulière. Déjà, cette jambe commençait à s'agiter d'une impatience régulière. Je déposais sur la table une chemise noire, plastifiée, dont la courbure laissait deviner une légère épaisseur de documents qu'elle contenait.

    « Je suppose que tu veux aborder le sujet directement, n'est-ce pas ? »

     

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    Les cheveux blancs – trop blancs – de Rimbaud apparaissent finalement sous mes yeux. Difficile de l’ignorer avec cet éclat lumineux qui règne sur sa tête. On dirait presque un halo, tel un ange. Et moi, ça me donne envie de mettre des lunettes de soleil plutôt que de devoir supporter cette lumière trop pure.
     
    Pourtant, je sais bien que sous ce visage faussement angélique, il n’est pas celui qu’on pourrait penser qu’il est. Il faut dire qu’il a une vie des plus… atypiques. Oui, je me suis quand même un minimum renseigné sur le personnage avant d’aller lui demander de l’aide. Et franchement après en avoir appris plus sur lui et après l’avoir rencontré quelques fois, je n’arrive toujours pas à me faire un avis tranché sur lui. Il est Arthur Rimbaud, c’est tout ce que je peux affirmer avec certitude. Le reste, c’est le flou total. Et sa chevelure n’aide pas à y voir plus clair tellement elle est aveuglante.
     
    En soi, quel est le problème ? Je me fous de ne pas bien le connaitre tant qu’il répond à mes questions. Et si c’est le dernier des connards, alors tant mieux. Ca me poserait par contre plus de problèmes si dans cette vie, il avait décidé d’être un parfait petit ange au service de l’ancien Maire. Qu’importe, Stephen Fucking est pour le moment la seule raison qui nous relie, et les questions politiques ou morales restent au pas de la porte.
     
    « C’est moi qui devrais plutôt te remercier non ? Par contre, j’suis désolé pour l’endroit, j’ai pas trouvé mieux. Mais leur café est… pas trop mal. »
     
    Disons qu’il se boit, c’est déjà ça. Et si on oublie l’ambiance plutôt chaleureuse de l’endroit qui m’irriterait presque, ici, au moins, personne ne nous prêtera attention et ne tendra l’oreille pour nous écouter. Les tables sont espacées et la plupart des clients n’ont rien de suspicieux, Arthur et moi y compris, il nous suffit de balancer un sourire pour faire envoler n’importe quel préjugé à notre encontre. Et ouai, je peux avoir l’air aimable quand je le veux.
     
    Mes yeux se posent directement sur le dossier posé sur la table. Bien sûr que ma curiosité est à vif. Et en même temps…
     
    « T’as tout compris. Plus vite tu m’auras tout dit, plus vite on aura fini. »
     
    Et je pourrais mettre ça derrière moi. Ou pas.
     
    Putain.
     
    On a rarement les réponses qu’on souhaite entendre. Je devrais pas faire exception. Alors comment je ferais après ? Je ferais semblant ? Comme si rien ne s’était passé ? Probablement. De toute façon, ce qui est fait est fait. Y a pas moyen de retourner en arrière, ce que j’ai vécu, ce que j’étais, ce que je suis devenu, c’est indélébile. En savoir plus sur ce connard n’y changera rien.
     
    « Allez vas-y, balance ! »
     
    Et mets-moi à découvert. Car c’est ça le plus effrayant, est-ce qu’en savoir plus sur ce type finira par me mettre à nu ? Est-ce qu’il est une sorte de miroir de mon âme ? Putain, j’fais dans la poésie maintenant, rien ne va plus.

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    Et l'âme chancelle. Soudainement. Juste ainsi. Là, sur la table, lentement, les documents s'étalaient. Le corps contenu s'agitait doucement, s'efforçant de faire glisser ses mains et ses sens dans des gestes calmes, souples, et contrôlés. Le serveur apporta le café et le verre, et ne fut remercié que d'un sourire machinal, automatique. Une habitude singulière, répétée, négligée. Combien de fois avait-il effectué ce geste sans s'en rendre compte ? Les mots étaient abjects, l'effort bien trop éprouvant. Mais rien n'avait changé, bien sûr, alors il fallait s'y faire. S'habituer à l'état humain. Et Carrie l'avait été, aussi. Mais pouvait-il juste comprendre, un instant, cette répulsion qui n'était pas destinée à l'humanité mais à la condition seule ? Bien au-delà de l'être, il y avait l'esprit. Et c'était lui, le plus fourbe, le plus démoniaque ; ainsi en avait jugé le gamin du démon.

    Les feuilles se dévoilaient, tour à tour. Certaines n'étaient que du texte, d'autres des photos. Des photos de couverture, de pages de livres, mais aucun visage, aucun paysage n'apparaissait jamais. Dans les textes, des noms revenaient, encore, sans cesse. Celui de Stephen King, tout particulièrement. Tout ce qui précédait les quarante premières années se trouvait là, rassemblé, ajusté, daté. Tout était tracé, rédigé, aligné, répété et vulgarisé. Mais rien qui ne soit récent ne ressortait. Rimbaud resta silencieux, un instant, le temps de présenter les pages dans l'ordre. A un moment, on pouvait observer la photo de la page de couverture de l'une des éditions du roman de Carrie présent dans la bibliothèque d'Insomnia.

    « J'ai interrogé tous ceux capables de tout connaître. La plupart d'entre eux ignorent l'existence de cet homme, dans quelque monde que ce soit. Même auprès de la Mairie, il n'est pas recensé. »

    Les registres de la Mairie étaient les plus fiables. Les moins accessibles, sans doute, et le laisser-passer était d'une rareté inconsidérée. Pourtant, rien n'y figurait. Pas encore. Tant de noms n'apparaissaient pas, et il était sans cesse modifié. Chaque jour, de nouveaux êtres issus de mondes différents apparaissaient. D'autres disparaissaient quelques fois. Est-ce qu'ils mourraient ? Est-ce qu'ils étaient oubliés ? Mais ce n'était pas le cas de Stephen King. De l'origine de ces registres jusqu'à aujourd'hui, jamais son nom n'était été noté, mentionné, ni même entendu. Carrie était le premier être qui invoquait sa mémoire. Même les œuvres glissées dans les étagères de la bibliothèques étaient encore bien récentes, à peine couvertes d'une fine couche de poussière.

    « Nous avons bien des descriptions de lui, quelques fois. Des biographies de son passé. Mais tout s'arrête soudainement. Des quarante dernières années, nous n'avons rien. Je suppose... que cela veut dire qu'il est toujours vivant. »


    Son ton était morne. Presque éteint. Il n'y avait aucune passion dans sa voix. Il fixait Carrie sur ces derniers mots, et prit simplement sa tasse de café qu'il mena à ses lèvres, sans intérêt plus particulier.

     

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    Tous ces bouts de papier me donnent la gerbe. Toutes mes interrogations sont couchées sur ces vulgaires papiers, traduites par des mots, des phrases qui me dévoilent un peu trop à mon goût. Ou alors, peut-être que tout ceci est creux et vide de sens. Peut-être que Rimbaud n'a rien trouvé de tangible. Mais la simple idée qu'il en sait peut-être plus sur ma personne que moi-même me donne envie de vomir sur tout ça. N'est-ce pas injuste qu'il soit maître de sa propre vie alors que moi, je n'ai absolument rien choisi ? A part depuis que j'ai mis les pieds dans cette ville, à part depuis que Devil nous a donné sa reconnaissance et se considération. Mais sinon, rien n'est de mon fait. Tout ce qui m'a construit vient d'un type dont j'ignore absolument tout, et plus particulièrement ses motivations. Quel esprit tordu a-t-il pu ainsi me donner cette vie ?

    Croyez pas que je regrette quoique ce soit. J'assume parfaitement ce qui m'a mené jusqu'ici et je ne changerais rien. Ou presque. Peut-être que je prendrais juste un peu plus de plaisir à tuer tous ces cons si j'avais l'occasion de revenir en arrière. Car c'était bien trop court, bien trop rapide. Et ma mort bien trop inattendue. Je ne saurais d'ailleurs jamais quelle était l'étendue de mes capacités. Mais tout cela était joué d'avance, prévu par le récit d'un unique homme ne se souciant pas une seule seconde de la potentielle existence de sa création. Et en parlant d'existence...

    Mes yeux se lèvent vers Arthur, mes sourcils se froncent et mes mâchoires se crispent.

    « Quoi ? »

    Tout ça pour ça ? Rien ? Nada ? Que tchi ?

    « T'es sérieux ? On sait rien sur cet enfoiré ? »

    Je sais pas comment digérer la nouvelle et Rimbaud doit bien s'en apercevoir. S'il finit pas par se foutre de ma gueule avec ça en plus à mon actif...

    Je me recule et m'enfonce dans mon siège, bras croisés. Stephen Fucking est toujours vivant. L'information principale est là. Il n'a pas encore connu la mort. Et à cet instant, une seule chose m'éveille : j'aimerais être celui qui la lui donne. Mais ça m'est impossible, je le sais bien. Ou tout du moins, en l'état actuel, aucun moyen ne m'est offert pour y arriver. Mais peut-être que Devil...

    « Et toi, t'en penses quoi de ce mec ? Du peu que tu sais, il te donne quelle impression ? Je te parle pas de trucs factuels, mais simplement ton ressenti, sur ce que ça t'inspire. »

    Un avis extérieur serait le bienvenu. J'en sais rien si Arthur peut se montrer parfaitement objectif dans l'affaire. Ainsi que sincère. Parce que je le connais pas assez. Mais pour le moment, c'est le seul à qui je peux demander une telle chose, le seul à savoir tout ce qu'il y a savoir sur le commencement de mon existence. Me demandez pas ce que je ferais de son avis mais je crois que j'en ai simplement besoin pour ne pas avoir envie de tuer le premier venu juste pour essayer de substituer cette pauvre personne à mon créateur.

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    Pouvait-on simplement s'imaginer ce qu'une oeuvre pouvait ressentir ? L'humain éprouvait quelques fois de la culpabilité, du regret, de la nostalgie, du désir ou de l'envie face à ses propres souvenirs. Mais une oeuvre n'avait jamais dicté ses choix. Elle n'avait jamais éprouvé de réelle sensation car elle n'a jamais vécu. Tout s'est incarné, tout s'est matérialisé, lorsqu'elle s'est retrouvée ici. Rimbaud le comprenait quelques fois, lorsqu'il écoutait le récit de toutes ces œuvres, ces personnages fictifs, ceux qui n'ont été issus que d'une imagination quelque peu fertile et d'un peu d'encre et de papier. Il le comprenait, quelques fois, mais ne le saisissait jamais réellement. Et face à la colère ou à la frustration naissante de Carrie, il ne savait pas même comment réagir. Il ne lui a jamais été donné de réelle compassion; comment pouvait-il en éprouver pour un être qu'il ne savait même pas réel ?

    Il serrait les poings, légèrement, en pensant à la confession de cette femme. Mais cela n'était pas une femme; et il s'agissait de sa propre confession. Alors, comment est-ce que ces choses là pouvaient reprendre vie ? Comment est-ce que cela fonctionnait réellement ? Est-ce que tous les auteurs, tous les compositeurs, toutes les personnes ayant eu, un jour, la prétention de pouvoir offrir un semblant de vie à un être qui n'existait pas, pouvaient risquer de voir leurs œuvres surgir d'un néant dont la conscience même ne déterminait pas les limites ? Cela était si sombre, si effrayant, déchirant comme pouvait l'être la lame de l'orgueil et de l'arrogance humaine lorsqu'elle déchirait la mélasse noire de l’infamie.

    « Il était doué. Il l'est sûrement encore. »

    C'était un fait qu'il fallait reconnaître. Sa plume était bien différente des œuvres d'autrefois, de l'époque où la poésie était un art brillant et où les textes parlaient réellement. Mais probablement avait-elle cette agressivité sauvage et nouvelle que Rimbaud ne connaissait pas encore, et apprenait, lentement, doucement, à apprécier dans une décadence cruelle.

    « Il n'y a pas que toi, dans ce cas. Il a écrit tant d’œuvres similaires. Personne n'y fini jamais heureux. Et pourtant, il semble avoir un succès glorieux. Les gens aiment ça. »

    Il leva les yeux, et fit signe à un serveur. Il commanda un nouveau café, très fort, très serré, très noir. Combien en avait-il bu, depuis le début de la journée ? Cela n'avait aucune importance, sans doute.

    « Si tu te poses la question, aucune autre oeuvre de lui ne s'est retrouvée ici, à part toi. Pas encore, du moins. »

    Rien qui ne soit connu ou recensé, du moins. Rimbaud n'avait jamais rencontré ce genre de cas, d'auteur vivant et d'oeuvre morte. Pas même un auteur réellement récent n'avait foulé le sol d'Insomnia à sa connaissance. Alors, qu'étaient réellement les auteurs, aujourd'hui ? Qu'était devenue la littérature, autrefois si censurée ? Comment tout cela avait-il pu évoluer, alors qu'autrefois, tout stagnait, horriblement, terriblement ?

    « Les gens achètent ces œuvres, et les auteurs continuent à les écrire. C'est ainsi que cela fonctionne. Le monde s'adapte. L'homme recherche dans la littérature ce qu'il ne trouve pas ailleurs. Et l'heure est au crime et à l'horreur. Ils veulent avoir peur. Ils aiment le dégoût. La souffrance des autres les rend moins triste dans leur quotidien. Ils n'ont plus l'impression de mourir à petit feu, ils n'ont plus l'impression d'être malheureux, lorsqu'ils ressentent de l'hilarité pour la douleur des autres. Et quoi de mieux que des personnages qui n'existent pas ? »

    Le serveur apporta le café fumant et brûlant, le déposa sous le regard fixe de Rimbaud. Il observait un point qui n'était pas Carrie. Un point qui n'existait sans doute pas. Il se contenta de saisir le café et de l'avaler d'une traite, sans se soucier de la brûlure provoquée par le liquide qui semblait lui faire perdre les sens gustatifs.

    « Tu ne devais pas exister, Carrie. Ce n'était pas dans ses projets. Tu n'aurais jamais dû connaître tout cela. »

     

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    Clairement je grince des dents. Si j’avais envie d’avoir l’avis de Rimbaud, c’était parce qu’au fond j’espérais qu’il me le descende. Mais finalement, la première chose qu’il dit s’apparente plutôt à un compliment. Et ouai, ça me fait chier. Je m’en balance qu’il soit doué. Doué à faire souffrir les gens ? Quel bel exploit.

    Mais j’dis rien, j’rumine en silence et j’écoute le reste.

    C’est qu’il peut se montrer bavard quand il s’y met. Apparemment, le sujet l’inspire. Mais je n’arrive pas à savoir s’il y trouve un réel intérêt et ce qu’il en pense sincèrement. Il se contente d’énumérer des faits, et c’était pas ce que je recherchais.

    « Les gens sont surtout très cons. »

    Mon malheur fait le bonheur des autres. Ils se plaisent donc à lire des histoires sordides pour se sentir moins misérables. Même si cela implique que certaines personnes y laissent la vie. L’humanité est égoïste, c’est pas une réelle surprise.

    « C’est peut-être pas plus mal que je sois le seule ici alors, ça évite que la ville soit envahi de psychopathes en puissance. »

    A force de créer des êtres abominables, l’univers de Stephen Fucking  est désormais une bombe à retardement pour ce monde. Cela me réjouirait-il de rencontrer un de mes semblables ? Non, je ne pense pas. Rien ne me réjouit vraiment de toute façon, et désormais les rôles se sont inversés, c’est moi qui trouve de la joie dans la mort des autres.

    « Mais tout ça, ça répond pas vraiment à ce que je t’ai demandé. »

    A-t-il évité soigneusement la question ? Je sais pas. Peut-être. Qu’importe.

    « Après tout, c’est pas très important. Et t’as raison, j’aurais pas dû exister, ça règle le problème. »

    Ou ça l’excuse d’une certaine manière. Mais je sais que le jour où ce type mettra les pieds dans cette ville, je me ferais une joie de lui retirer cette seconde vie. Je ferais en sorte de le faire pourrir six pieds sous terre, ce sera une maigre compensation et ce sera sûrement un des rares espoirs qui permettra de me lever le matin. La vengeance fait partie de moi, c’est lui qui l’a créé et c’est lui en fera les frais une dernière fois.

    « En tout cas merci d’avoir cherché. J’pense qu’on peut en rester là maintenant. Il  me reste plus qu’à attendre que cet enfoiré finisse par se pointer. »

    Je soupire et étire mes jambes sous la table. Tout cela m’a crispé et je peux à présent souffler. Rien n’est véritablement résolu mais je n’ai plus le choix, il ne me reste qu’à prendre mon mal en patience.

    « Mais dis-moi, en étant de l’autre côté de la barrière, tu ne te demandes pas ce que tu as pu provoquer à cause de ce que tu as écrit ? »

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    Tout cela n'était pas un drame, en soi. Du moins, pas ainsi que tu l'imaginais. Cette notion de souffrance ne t'inspirait rien, Rimbaud. Avais-tu perdu toute la saveur de tes sentiments ? De tes émotions ? Ou bien, tout cela n'avait-il jamais existé ? Un mensonge, une croyance stupide, des simili de pensées abstraites. Et tu t'étais calqué pendant si longtemps, trop longtemps, sur ce que tu croyais réel. Puis, doucement, la vie t'avait rattrapé. Elle t'avait happé et englouti à tout jamais, et à présent, tu te noyais dans ce gouffre béant et incertain.

    « Tu estimes être un psychopathe ? »

    Tu n'étais pas assez certain pour pouvoir prétendre savoir ce qu'était réellement un psychopathe; pourtant, tu étais bien assez convaincu que ces êtres là n'avaient pas grand nombre d'émotions. Mais Carrie semblait relativement furieux. Une furie qui le rendait incroyablement vivant. Et n'étaient-ce justement pas les émotions qui rendaient les hommes si dangereux ? Tu baissais les yeux, l'espace d'un instant. Cette colère n'était pas dirigée contre toi, et pourtant, elle t'affectait plus qu'elle ne le devrait. Et tu le savais, n'est-ce pas ? Elle était ton reflet. Tu l'avais croisé bien trop souvent. Et elle t'effrayait. Toutes les choses qu'elle était en mesure de provoquer, tu les connaissais. Non, Carrie n'était pas un psychopathe. Et cela était bien regrettable.

    Tu désirais un nouveau café. Tu savais bien que ce n'était pas la substance, que tu recherchais. Simplement cette sensation de brûlure qui traversait ton corps tout entier, pour venir y mourir. Définitivement. Probablement parce que cela te rappelait les liqueurs que tu buvais autrefois, dans tes songes ou dans ton ivresse. Cela faisait bien longtemps que la caféine ne te faisait plus grand chose - ou du moins, tu t'en étais persuadé. Mais tu chassais loin de toi l'idée de commander de nouveau. Cela n'aurait été qu'un prétexte pour détourner ton attention de ce que disait Carrie. Cela n'était pas juste lui. Tu haïssais les conversations, et pourtant, elles te permettaient de maîtriser tes pensées. De ne pas sombrer dans un flux incessant et terrifiant. De ne pas faire de cauchemar éveillé.

    Car voilà la chose dont tu avais le plus peur. Toi-même.

    « Je ne pense pas que de stupides poèmes puissent avoir un quelconque impact négatif. »

    Néanmoins, tu te souviens avoir passé des jours, des semaines entières sans dormir, à lire et relire tes œuvres inlassablement. Il y avait ces poèmes, et puis ces proses. Quelques fois, tu te méfiais même de tes lettres. De tout ce que ton esprit tordu et torturé avait pu engendrer. Tu avais scruté chaque pronom, chaque perception d'une existence, chaque chose qui aurait pu revenir à la vie avec une personnalité et une histoire. Et tu en avais trouvé. La plupart étaient insignifiants. Mais il y en avait qui provoquaient en toi assez de douleur et d'angoisse pour te faire suer, dès lors que tu rencontrais un nouveau visage. Oui, tu t'en souviens. Et tu savais que tu ne pourrais échapper éternellement à cet être; il surgirait. Un jour, il surgirait, et il te briserait.

    Tu soupirais. Tu ne savais pas très bien comment tourner la chose, tu ne savais même pas ce qu'attendait Carrie de toi. Tu avais mis sur la table toutes les informations que tu avais jugé nécessaires. Et tu n'avais, à présent, rien de plus à offrir. Ton avis ? Tes sentiments ? Qui pouvait bien s'en soucier ?

    « Je suis pas certain de pouvoir te satisfaire, si je ne dis pas exactement ce que tu souhaites entendre. Tu me trouves sans doute égoïste, car à tes yeux, je ne suis qu'un auteur. »

    Et ta vie a pourtant été bien plus grande, bien plus longue, bien plus riche que cela. L'écriture n'a été que quelques années de ton existence, et dans la période la plus lointaine de tes souvenirs. Elle n'a pas été la plus insignifiante, pourtant. En un sens, tu as été bien heureux qu'elle arrive si tôt. Mais cela a été aussi trop cruel. Qu'est-ce que cela pouvait importer à Carrie, de connaître tous les détails de cette ridicule existence ? Il ne voulait qu'attiser le feu de sa haine à l'encontre de Stephen King. Et, de ce point de vue, tu étais simplement incapable de l'aider.

    « J'ignore sincèrement ce que les créations peuvent éprouver. Cela est quelque chose de difficilement imaginable. »

     

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    Si j'estime être un psychopathe ? Il en a des bonnes celui-là. J'en sais rien, j'ai pas un doctorat en psychologie, en psychiatrie, ou autre connerie qui commence par « psy ». J'sais juste que je tourne pas totalement rond parce qu'apparemment, c'est pas « normal » de tuer les gens quand on est pas content. Et dans mon autre vie, il me semble que j'étais foutrement pas content. Alors j'ignore ce que cela fait de moi mais pas sûr que ça fasse de moi la personne la plus saine du monde. Après, on peut me coller n'importe quelle étiquette sur la tronche, ça ne changera pas grand chose. Alors, je balaie la question d'un geste de la main parce que sincèrement, le sujet n'est pas là. Et j'ai pas envie qu'on entre dans une introspection de ma personne. Rimbaud en sait suffisamment comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche.

    Par contre, la suite est bien plus intéressante. J'dois vous avouer quelque chose à ce stade... Les fameux poèmes de Rimbaud je les ai pas vraiment lus... Plutôt survolés dirons-nous. A vrai dire, c'est pas franchement ma tasse de thé. Déjà parce que ça m'emmerde, et ensuite parce que je pige pas tout. Et le fait de savoir que je n'arrive pas à tout décoder, ça me frustre. J'suis pas la personne la plus intelligente qui existe mais quand même... Avoir ce sentiment de se sentir bête, c'est sacrément chiant. Alors j'évite de me ridiculiser moi-même. Et au final, je n'ai pas beaucoup d'idée sur ce qu'a écrit Arthur. Mais en soi, il n'a probablement pas tort, quels peuvent être l'impact de ses poèmes ?

    « Alors si je prends la chose à l'envers, tu penses qu'ils ont un quelconque impact positif ? Parce que si c'est ni l'un, ni l'autre... ça veut dire que tes poèmes n'ont servi à rien. Ce serait foutrement triste tu trouves pas ? »

    Mais moi ça me fait sourire.

    Si je pouvais au moins avoir la satisfaction que les auteurs peuvent aussi avoir ce qu'ils méritent... Que ce soit par un simple malheur, un manque de reconnaissance ou bien tout simplement l'oubli, alors j'y trouverais un certain réconfort. Rimbaud n'y est bien entendu pour rien dans tout ça mais indirectement, j'en veux à tous les gens de son espèce. Il est si facile d'en vouloir à la terre entière, de se trouver des excuses pour justifier des actes ignobles. Et moi, ça me convient bien. Je n'éprouve aucun remord à me comporter comme le dernier des égoïstes.

    « Ou n'éprouvent pas. Question de point de vue. »

    Car j'ai bien l'impression qu'il y a bien des choses que je n'arriverais plus à ressentir. Que mon être s'est obscurci et que je n'ai aucun désir de retrouver la lumière. C'est peut-être choisir la facilité mais je m'en balance.

    « Mais t'inquiète, je te demande pas de faire amende honorable pour tous ceux de ton espèce. Et puis, j't'en dois une pour avoir fait toutes ces recherches. Si jamais je peux te rendre la pareille, n'hésite pas. »

    Même si j'vois pas bien comment un croque-mort pourrait lui être d'une quelconque utilité. Mais sait-on jamais... un cadavre à dissimuler, ça peut vite arriver.

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    Ô Carrie... Tu étais bien apte à te torturer l'esprit seul, et pourtant, voilà qu'il insistait avec langueur. En d'autres circonstances, peut-être aurais-tu apprécié cet acte qui n'était pas si téméraire. Mais cette fois, cela en était presque douloureux. Pourtant, tu n'avais même pas envie de lui soulever la table au visage, ou de lui cracher du café brûlant sur les yeux. Peut-être aurait-ce été ironique. Tu n'avais même pas envie de partir, et de noyer ton âme et tes pensées dans ses sottises superflues que tu haïssais. Ou du moins, tu ne savais pas. Rester, ou partir. Quelle était cette chose qui t'enchaînait donc le cœur ? Avais-tu seulement une fois hésité à partir, autrefois ? Mais cela n'en valait plus la peine, à présent. Tu tournais légèrement la tête, minant de regarder les tables vides sur le côté, et cherchant simplement à te faire avaler tes propres convictions.

    « Peu importe la manière dont tu prends les choses. Ces poèmes étaient là pour moi-même. Pour les désirs et les espoirs d'un gamin, et ses émotions déjà bien trop foutues. Tout ce qu'on leur donne, et tout l'impact qu'ils peuvent avoir ne dépend pas de moi. »


    Oui, tu y avais cru. Autrefois, tu y avais cru, avec l'esprit naïf qui te dévorait encore. Tu t'y étais attaché, et puis finalement, tu avais oublié. Tu t'étais lassé, noyé. Mais avais-tu regretté ? Cette rancœur ne t'avait jamais quitté. Jusqu'au bout, elle avait lacéré ton dos de coups de poignards et avait tissé une toile de cicatrices dont tu ne savais te défaire. Tu étais mutilé par des choses que tu n'expliquais pas. Des choses dont tu avais toujours préféré te détourner. Mais en fin de compte, tu savais que jamais tu ne les oublierais.

    « Qu'est-ce qui est le plus redoutable, d'après toi ? Que ton auteur ait écrit ces mots, ou bien cette vie, ici ? Si elle n'avait jamais existé, tu n'aurais jamais souffert de tout cela, ni de rien d'autre. »

    A nouveau, tu posais ton regard sur lui, intéressé, presque fasciné. Tu avais probablement des dizaines, des centaines de questions à lui poser. Ne venait-il pas de dire qu'il t'en devait une ? Alors, ta curiosité n'avait fait qu'un pas. Ou bien, peut-être, était-juste un moyen de te détourner du malheur auquel tu aimais tant faire face. Si d'autres étaient plus hargneux, alors tu n'avais rien à perdre à l'être aussi. Et si d'autres étaient bien moins lotis, alors de quoi pouvais-tu bien te plaindre ? Peut-être que l'espace d'un instant, tu saurais oublier cette folie qui s'agitait doucement sous le draps de l'inconscience, et que tu cachais avec timidité juste derrière toi.

    « En résumé, les mots sont-ils plus cruels que la vie ? »

     

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    Le cruel dilemme que se pose toute création. N’avoir eu aucun libre arbitre sur son existence ou ne pas avoir existé ? Et j’ai pas encore réussi à répondre à cette question… Je sais pas si un jour j’y parviendrais d’ailleurs. Je pense qu’à une certaine période de ma vie, j’aurais préféré ne pas être né, que ma mère ne me mette pas au monde. Mais à cette époque, je ne savais pas que je n’étais pas véritablement venu au monde normalement, que c’était la main d’un écrivain qui avait accouché de mon existence. Finalement, ma pauvre mère n’y était pour rien dans ma misérable existence. Dois-je encore lui en vouloir d’avoir voulu mettre fin à ma vie ? Je crois bien oui, sinon, je serais bien obligé de culpabiliser d’avoir mis fin à la sienne.

    « La vie ici me convient bien mais parce que j’ai décidé de changer, de ne plus être celui, enfin celle, que j’étais avant. Je ne pense plus être la Carrie de Stephen King. Mais est-ce que toutes les créations réussissent-elles à faire ce choix ? Et est-il véritablement un choix ? Est-ce que ce n’est pas encore un leurre et que je me plais dans cette illusion ? Vous avez pas ce problème vous, vous écrivez sans penser aux conséquences et personne ne vient vous le reprocher. »

    La vie de créateur est bien plus douce. Même si je sais que la vie de Rimbaud n’était pas parfaitement reluisante, elle est bien plus facile à accepter que les nôtres. Enfin, c’est ce que j’en pense. Et je ne chercherais pas à convaincre qui que ce soit de ma position, c’est pas mon rôle.

    « Toi, t’aurais plus tendance à dire que la vie est plus cruelle. Mais parce que tu ne connais pas l’impact des mots. Enfin, pas vraiment. »

    Et je soupire, me passe la main dans les cheveux dans un geste las.

    « Mais tout ça n’y changera rien. Et j’suis pas là pour me plaindre de ma vie actuelle. Je préfère laisser le passé où il est. Et puis, j’suis sûr qu’un jour viendra où je pourrais éclater la tronche de ce putain de roi à la con. »

    Un sourire s’étire sur mes lèvres rien qu’à cette pensée. Cela pourrait mettre des mois, des années avant qu’une telle opportunité ne se présente, mais j’attendrais patiemment. A moins que ce monde ne finisse en cendres d’ici-là… Mais peut-être apparaître-je à nouveau autre part. Une troisième chance ? C’est peut-être un peu trop demander…. Surtout pour un sale type comme moi.

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    Tu souriais. Doucement. Tristement. Et tu ne savais même pas pourquoi cette mélasse absurde de sentiments te traversait le corps. Est-ce qu'il s'agissait de colère, d'ennui, de lassitude ? Tu ne savais plus. Tu étais perdu, et sans doute appréciais-tu plus cette incertitude qu'elle ne t'effrayait. Alors, sagement, tu acquiesçais. Comme un enfant qui s'assagissait avec la fatigue.

    « Sans penser aux conséquences ? Tu as sans doute raison. Nous étions bien stupides de ne pas concevoir que des personnages issus de l'imaginaire puissent être un jour dotés d'émotions et de sentiments. »

    Et tu riais de cette tendre ironie, comme si cela pouvait suffire à apaiser ton cœur. Mais tu savais bien que tu n'en étais pas capable. Cela était trop tard, déjà détruit, déjà corrompu. Et tu soufflais doucement, jouant du bout des doigts avec les coins d'une pochette ou d'une feuille que tu pliais, tirais, caressais. Tu t'impatientais. Tu te lassais. Tu te languissais. Cette sensation-ci n'était-elle pas horrible, lorsqu'elle parcourait ton corps et faisait vibrer ton échine dans des frémissements imperceptibles ?

    Tu observais le serveur, allant de table en table. Mais tu ne le distinguais plus. Tu observais les cafés, les bières, les sirops, les sodas, et divers chocolats et cocktails sans être capable d'y poser un nom, sans pouvoir déterminer leur nature. Bientôt, tu n'en saisissais plus l'image, et tu comprenais que ton regard absent était incapable de se fixer de manière correcte sur un point.

    « Mais en sachant à présent cela, et en supposant qu'il existe autant de mondes que de morts... Ne pourrais-tu pas simplement te venger de la même manière qu'il a provoqué ta souffrance ? Je veux dire, peut-être ne sera-t-il jamais présent dans ce monde. Peut-être ne pourras-tu jamais le rencontrer. En écrivant tout ce qui pourrait satisfaire ta haine, peut-être pourras-tu y trouver une quelconque satisfaction. »

    A ces mots, tu te mordais doucement la lèvre, dans une espèce de crainte paranoïaque. Ce tournis et cette vue qui se troublait ne te dérangeaient pas; tu en avais à présent bien trop l'habitude. Mais l'idée qu'il puisse y avoir d'autres mondes, d'autres morts, d'autres résurrections, tout cela te faisait hérisser le poil. Tu n'étais même pas certain de percevoir la douce excitation qui jaillissait au fond de ton âme, et tu n'imaginais pas l'éclat qui illuminait tes pupilles frémissantes, qui perçait ces yeux bleus abandonnés. Tu avais oublié de continuer à jouer avec ce coin de feuille bien trop abîmé à présent pour que ce document puisse être conservé de manière présentable, et tes mains s'étaient simplement figées sur la table, comme déjà mortes.

    « J'ignore sur quels critères les créateurs et les créations sont ramenés à la vie, et même si toute cette stupide théorie s'avère fausse, considère que si certains hommes ont souhaité écrire un jour, c'est sans doute parce que l'écriture est bien la seule chose capable de soigner certains maux. »

     

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    Il marque un bon point. Et son ironie me tire un sourire. Si j'avais été à sa place, certainement que j'aurais pensé de la même manière et que je n'aurais pas imaginé une seule seconde que mes écrits puissent prendre vie. Et d'ailleurs, je ne me suis jamais essayé à l'écriture, ça me paraît être un choix raisonnable, comme un acte de solidarité envers mes pairs. Et aussi parce que j'écrirais très probablement comme un pied.

    Mais c'est justement ce que propose Rimbaud, que je me mette à écrire. Que j'évacue toute ma frustration et toute ma colère sur le papier. En soi, l'idée n'est pas si mauvaise. Mais ça me paraît bien trop insipide par rapport à ce que je veux réellement. Et ce que je veux, c'est entendre son pouls sous mes mains qui cesse de battre. Et pas seulement l'imaginer à travers des mots.

    « Ce serait bien loin de me satisfaire. Depuis que je suis ici, j'ai imaginé bien des façons de mettre fin à sa vie, et plus je l'imagine, plus j'en ai envie. L'écrire n'y changera rien. »

    Et si je dois attendre des années alors soit. Peut-être qu'entre deux je parviendrais à lui trouver un quelconque substitue. Peut-être une personne que je me ferais un plaisir d'égorger juste pour me faire un peu patienter. Mais comment décider que quelque puisse prendre sa place alors que j'en sais si peu sur lui ? Je ne sais même pas à quoi il ressemble.

    « Et toi alors, ça a soigné tes maux ? »

    Ses poèmes ont-ils permis de le guérir ? Au point qu'il n'écrive plus jamais ? J'en doute. Alors j'estime ne pas à avoir besoin de sa réponse. A la place, je lui souris et me lève.

    « Merci en tout cas, de t'être emmerdé à faire ses recherches. Et je maintiens ce que j'ai dit, si un jour tu as besoin que je te renvoie l'ascenseur, n'hésite pas. »

    Je n'ai aucune idée si je le reverrais ensuite, si nos chemins se recroiseront. Seul l'avenir nous le dira. Je regarde une dernière fois les quelques documents encore sur la table, les seules traces d'un homme que je jure un jour de tuer. Et je n'ai pas besoin de ces quelques bouts de papier pour me le rappeler, Arthur peut bien les garder, les bruler, les déchirer, qu'importe.

    « A la prochaine Rimbaud. »

    Je laisse un billet derrière moi pour régler mon café, lui lance un dernier regard, un dernier sourire au coin des lèvres et m'éloigne de la table pour sortir, et rien de plus. Et je mets cette histoire de Stephen King derrière moi. Jusqu'à la prochaine fois.

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