Echo frémit sous le regard moqueur du libraire. Non, il n'a pas pensé que Lorenzo n'était pas humain. Peut-être est-ce faux ? Lui était bien une nymphe, pourquoi cet homme ne viendrait-il pas d'un autre conte, d'une histoire où les hommes voleraient ou contrôleraient les éléments comme des dieux. L'idée est assez terrifiante s'ils pourraient avoir gardé de tels pouvoirs ici et apparemment c'est le cas si ce qu'il a entendu est vrai. Dan tous les cas, le raisonnement de Lorenzo est faussé, c'est un simple sophisme et le brun ne le croit pas si sot pour ignorer comment marchent les doubles standards.

Il le fusille du regard, les joues rouges de colère et de gêne. Oh, c'est si facile de se moquer, n'est-ce pas ? Il aimerait bien le voir à sa place. Il sait qu'il est pathétique et ridicule à être même incapable de prononcer son nom en tant que le sien. Autant qu'il l'était quand il est tombé amoureux la dernière fois. Allons-y moquons-nous de la pauvre nymphe, ce n'est pas comme si elle pouvait se défendre de toute façon. Plus que la colère, ce comportement le rend triste.

Lorenzo se fige soudain à sa dernière remarque. Oh, en voilà un qui sait de quoi il s'agit. Tout le monde ayant vécu assez connait ça en général. Le désespoir face à quelqu'un qu'on aime, ce qu'on ferait pour lui. Pourtant sa réaction est bien plus méchante, vicieuse. Echo se retient de trembler. Pour lui, tout semble être affaire de volonté. Si seulement c'était aussi simple, Echo n'aurait aucun mal à parler normalement. Certaines choses laissent parfois trop de marques pour ça.

Echo se fige, lui lance un regard venimeux. Bien sûr…Il est si facile de rire d'un personnage de papier, d'une histoire tragique faite pour guider les hommes et leur faire peur.

— Non.

Et il ne sait pas trop à quelle question il répond en le disant. Sûrement les deux. Il a envie de le gifler pour son indélicatesse. Une autre fois peut-être. Cet homme arrogant, capricieux et méprisable, il le recroisera surement. Et s'il se délecte ainsi de sa condition, c'est bien qu'il ne mérite pas les mots du brun. Il récupère ses livres qu'il cale entre ses bras, recule d'un pas, puis deux. Dire au revoir ? Quelle idée. S'il en avait envie, la dernière phrase de Lorenzo lui en a coupé toute possibilité. Il tourne finalement les talons, s'enfuit presque. Qu'il déteste cet homme.