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    L'Apothéose. Si un jour on avait dit à Antoine qu'il se retrouverait devant les portes d'un bordel avec l'intention d'y entrer et d'y... consommer, il aurait ri au nez à quiconque aurait prononcé une telle ineptie. Ce n'était pas qu'il détestait ou abhorrait ce genre de lieux, mais plutôt qu'il n'y avait jamais vu un intérêt, à part assouvir des fantasmes ou des désirs sexuels qu'il arrivait très bien à gérer tout seul. Il n'en avait nul besoin, encore plus si c'était un bordel composé d'hommes. Après tout, il n'avait jamais été intéressé par ces derniers et n'avait même pas cherché à le faire, d'ailleurs. Beaucoup de gens lui disaient que c'était dommage, qu'il ratait quelque chose et surtout, qu'il se privait bêtement de plaisirs fondamentaux pour l'être humain. Il se contentait de hausser les épaules avec un désintérêt total. Il n'excluait pas le fait d'être un jour attiré par un homme, mais ça n'était pas encore arrivé, alors il ne se forcerait pas à coucher avec un beau mâle juste pour faire plaisir à la société dans laquelle il vivait maintenant. Lui, il avait besoin de sentiments forts, besoin de ressentir cette envie de protéger quelqu'un à n'importe quel prix. Inutile, donc, de préciser qu'il était plus du genre romantique que libertin. Sans compter qu'il restait profondément attaché à sa femme qu'il avait laissé dans le monde des vivants, même après sa mort. Par conséquent, il avait peur (bêtement, certes) qu'en s'engageant dans une nouvelle relation, il en oublie celle qu'il avait aimé si ardemment qu'il ne pouvait se séparer d'elle trop longtemps. Ce n'était pas qu'il n'arrivait pas à passer à autre chose, c'était, qu'au fond, il ne voulait peut-être pas de ce changement, effrayé à l'idée qu'il se fasse et efface.

    Et pourtant, le voilà devant les portes d'un bordel. Oh non, il n'avait pas changé d'avis sur la question, bien entendu. C'était un ami qui l'avait traîné jusqu'ici (ce qui était déjà un exploit), en prétextant qu'il devrait essayer avant de refuser la chose en bloc. Il s'était bien gardé d'écouter l'avis personnel d'Antoine, qui avait répété qu'un bordel, pour une première expérience de l'homosexualité, ce n'était peut-être pas la meilleure solution à ce soi-disant problème. Mais rien à faire, il n'avait pas réussi à lui faire renoncer. Fatigué et cherchant la paix avant tout, l'aviateur avait fini par le suivre, non sans arborer une mine maussade. Il avait beau être un joyeux luron rêvasseur la plupart du temps, il ne fallait pas non plus exagérer. Son ami, qui l'avait accompagné (avouons-le, il se retenait de rire, mais ne pouvait empêcher de laisser s'échapper un sourire narquois), ouvrit la porte d'entrée du bordel. Sourcils froncés, Antoine jeta un coup d'œil discret à l'intérieur de la bâtisse. Rien de bien spécial, ce n'était qu'un hall d'entrée ordinaire. Pourtant, l'appréhension et l'envie de fuir le tenaillaient déjà. Il attrapa son ami par l'épaule.

    " Ça suffit, maintenant. Je rentre chez moi. "

    Il voulut joindre le geste à la parole, mais ce type était aussi borné que lui. Il le fit rentrer dans le bâtiment par la peau du cou. A contrecœur, l'aviateur se retrouva devant une rangée de prostitués. Apparemment, il devait sélectionner l'un d'entre eux. Sauf qu'il n'avait pas envie de choisir, en fait. Son ami (avec lequel il risquait d'être sacrément en froid à l'avenir) l'avait planté là après avoir payé pour lui, précisant bien que ce serait dommage de s'enfuir et de gâcher cet argent dépensé si gentiment. Tu parles ! Il avait surtout gagné à une partie de cartes contre lui, oui. Cela faisait longtemps qu'Antoine n'avait pas été mis en rogne comme ça. Il détestait perdre, et il détestait les conséquences de son échec. Maintenant, on lui mettait la pression, et il voyait bien qu'il devait faire son choix avant que quelqu'un ne s'impatiente. Alors, son regard balaya rapidement la rangée et il choisit un des hommes au hasard, un certain Eros. Mal à l'aise et blasé, Saint-Ex se retrouva donc à suivre le jeune homme jusqu'à une des chambres. Il fut silencieux tout au long du chemin, totalement renfermé sur lui-même. Il n'était pas d'humeur à s'engager dans des discussions futiles, et vu le contexte de sa présence en ces lieux, cela pouvait se comprendre.

    La seule chose qu'il fit quand il entra dans la chambre (non sans un bref instant d'hésitation, peut-être qu'il avait encore le temps de fuir) fut de s'appuyer contre l'un des piliers du lit, bras croisés. Il faisait tout pour éviter l'autre homme du regard, les joues écarlates mais le visage exprimant plus de la mauvaise humeur qu'autre chose. Il projetait de laisser un quart d'heure passer, et il s'en irait aussi vite qu'il était venu ici.

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    Je frottais ma peau autant que possible, avec juste ce qu'il faut de douceur pour ne pas la rendre rouge. Ce n'est pas attirant. Je devais donc faire attention au choix des savons, des shampoings, à la manière de me laver et, cette fois pour des raisons budgétaires, au temps que je passais sous la douche. Or, je m'en fichais royalement. Je passais toujours au moins quinze minutes sous la douche, c'était le minimum requis pour me débarrasser de toute cette crasse, cette souillure, pour me permettre de me replonger dans son rôle de bienfaiteur que je dois jouer plusieurs fois par jour. Retrouver le masque du beau blondinet, oublier ce qu'il vient de se passer, ne pas penser aux minutes et aux heures qui se sont écoulés et que j'ai compté à chaque instant.
    J'éteins le jet, fredonnant une chanson alors que je m'essuie consciencieusement et m'habille avec les vêtements sélectionnés par le patron: une horrible chemise blanche, un gilet noir sans manche et un pantalon de toile bordeaux. C'est laid, ça ne me va pas, mais je n'ai pas le choix. J'enfile la tenue imposée et descend lentement, très lentement l'escalier. J'entends les voix de mes collègues, je sens la présence du boss, je vois les lumière du hall qui projettent des halos trop clairs sur les marches. Je m'arrête juste avant, restant encore un peu dans l'ombre. Je saisi mon bras droit, secoué d'un frisson incontrôlable. J'inspire profondément. « Pourvu que ce ne soit pas moi... Pourquoi l'espérer ? Ce sera moi. C'est toujours moi. ».

    Le hall est bondé, c'est la grande présentation. Deux clients se tiennent à l'entrée, bien que l'un d'entre eux s'en aille presque aussitôt, après une accolade à son pote visiblement. Un rictus étire le coin de ma lèvre. Tu parles d'un cadeau... En même temps, comment lui en vouloir ? Nous sommes des morceaux de viande, notre présence se résume à ça. Celui qui est resté, un grand blond aux yeux bleus, je pense ne l'avoir jamais vu avant. D'ailleurs on voit tout de suite que ce n'est pas un habitué. Il est mal à l'aise, il ne sait pas quoi faire, il regarde partout, et il fait son choix rapidement. Trop rapidement. Sur moi. Ça tombe sur moi bien entendu. Je retiens un soupir, sentant un bref frisson me parcourir l'échine. Je me lève et lui fais signe de me suivre de la façon la plus enjoué que je puisse trouver. Je deviens bon à force de simuler, je me tromperai moi-même ! En même temps, il faut bien avouer que j'ai toujours eu beaucoup de talent !

    La porte est restée entrouverte. Je la pousse et me dirige directement vers le lit pour m'installer dessus. Mes yeux se pose alors sur lui. Étrange ça... Je pensais qu'il était juste stressé, par manque d'habitude. Mais là on dirait plutôt qu'il est énervé, en tout cas pas heureux d'être là. Je fronce un instant les sourcils. Qu'est-ce qu'il lui arrive à celui-là ? C'est bien lui qui est venu ici, il a fait la demande, il a choisi, alors POURQUOI il reste simplement accoudé contre mon pilier de lit comme un empaffé ? En tirant la tronche en plus !

    Je m'exhorte au calme. Il a peut-être juste besoin d'aide. Peut-être que certains humains ont l'air boudeur quand ils sont stressés, allez savoir. Je tapote le lit à côté de moi pour lui faire signe de me rejoindre.

    -Tu n'as pas envie d'approcher ? Ce sera mieux pour m'expliquer ce que tu veux... ou me montrer, dis-je d'une voix enjôleuse.

    Je vomis dans ma tête, mais je sens que si je n'y mets pas du mien, ça ne viendra pas de lui. Or je veux vraiment que ça se termine vite. Je veux pouvoir retourner sous cette douche pour me laver du prochain massacre qui va avoir lieu., pouvoir m'arracher la peau pour en imaginer une nouvelle, pouvoir voir ma vie s'enfuir dans la tuyauterie en même temps que l'eau...

    -Allez approche, ne sois pas timide. Je serai gentil, très gentil, répétais-je avec un clin d'oeil.

    Autant que nécessaire oui. Je dois faire mon job, je dois le faire.
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    -Tu n'as pas envie d'approcher ? Ce sera mieux pour m'expliquer ce que tu veux... ou me montrer.

    Dos tourné et n'ayant pas bougé d'un centimètre voire même d'un millimètre tellement il était raide comme une statue de glace, Antoine avait très bien entendu le prostitué blond à la voix enjôleuse, allongé sur le matelas, tout en prononçant ces mots qui lui firent l'effet inverse et lui tirèrent une grimace. Ce n'était pas une grimace de dégoût, non, plutôt de celles qu'on tirait quand on se retrouvait dans une situation gênante. Pour la définir proprement, celle-ci exprimait un embarras déjà bien entamé. Il ne prit même pas la peine de répondre quoi que ce soit à ça, sa colère s'atténuant et se transformant en un simple agacement dû à la gêne et à sa malchance. Cet idiot ne voyait donc pas qu'il se fichait bien de lui et qu'il n'avait aucune intention de toucher qui que ce soit, ni même qu'on pose un seul doigt sur sa peau ? Il ne lui expliquera rien, et ne lui montrera rien non plus. Campé dans son mutisme, il ne décroisa pas les bras pour autant.

    -Allez approche, ne sois pas timide. Je serai gentil, très gentil.

    … Il aurait dû fuir pendant qu'il en était encore temps. Le visage encore écarlate, il resta dos à l'homme qui était censé lui offrir du plaisir charnel mais qu'il refusait pour des raisons déjà citées. Trop embarrassé et en pétard contre le monde entier mais surtout trop fier pour lui donner la chance de voir l'expression qu'il arborait, Antoine décida tout de même de sortir de son mutisme, répondant d'une voix étonnamment calme qui laissait néanmoins transparaître une certaine froideur.

    " Arrêtez cette comédie, c'est ridicule. C'est difficile à croire, mais je ne suis pas venu ici pour profiter de vos services. "

    Il demeurait clair sur ses intentions, au moins. Se rendant compte qu'il se comportait de manière très désagréable, Antoine regretta instantanément son impolitesse. Il ferma les yeux tout en se pinçant l'arête du nez et se força au calme. Bien que cette situation provoquée par un échec fut hors de son contrôle, s'en prendre au blond ne rimait à rien. Après tout, il n'avait rien à voir avec ça, il devait juste faire son travail et il ne lui rendait certainement pas la tâche facile. De plus, il réagissait de façon beaucoup trop démesurée pour ce que c'était. Ce n'était qu'un bordel, ce n'était pas la fin du monde, et même si son ami avait payé cette chambre et cet homme pour lui, il n'était pas obligé d'y faire quoi que ce soit. Toutefois, il ne comptait pas se plaindre auprès du patron du bordel mais s'il repartait au bout de trois minutes, cet employé risquait peut-être d'avoir des ennuis par sa faute. Il ne souhaitait pas ça. L'aviateur passa une main dans ses cheveux courts en poussant un soupir las, encore irrité quoique bien moins virulent qu'il l'était quelques minutes plus tôt.

    " Excusez-moi. Je n'aurais pas dû m'emporter comme ça. "

    Non, ce qui l'énervait le plus, c'était d'avoir perdu aux cartes, et ce fatras dans lequel il s'était retrouvé ne faisait qu'empirer sa réaction de très grand mauvais perdant. Le pire, c'était qu'il savait depuis le début qu'il était nul aux jeux, mais il avait quand même relevé le défi et joué avec cette terrible personne. Manque de chance, il avait encore perdu et il était malheureusement du genre à respecter le plus possible les deals, les paris et promesses qu'il faisait, peu importe ce qu'elles étaient. Il n'en serait pas là si il avait été moins sérieux et borné. Sa rose lui avait toujours répété qu'il était bien de l'être, mais que s'il ne se posait pas de limites, il risquait de se brûler. Elle n'avait jamais eu autant raison qu'à cet instant.

    Le voilà qui se consumait presque de honte.

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    Il ne me regarde toujours pas et, honnêtement, au-delà de m'énerver, ça me fait un peu peur. Quelle mouche le pique cet homme-là ? Pourquoi il regarde le mur en me tournant visiblement le dos ? Difficile de ne pas voir que le problème ici... c'est moi. Cette pensée me parcourt tel un frisson, remontant le long de mon épine dorsale. Je le fixe intensément, du moins je fixe son dos, comme si sur ce dernier était gravé la réponse à l'attitude pour le moins bizarre du grand blond. Rien ne me prépare à ce qui vient ensuite.

    Je me lève à demi, prêt à aller le chercher après avoir rassembler tout le courage et l'envie que je pouvais, lorsqu'il se retourne brutalement suite à mes sollicitations pour me crier à moitié dessus. Confus, je retombe doucement sur le matelas, les yeux écarquillés. Jamais encore personne ne m'avait dit ça, encore moins de cette manière. D'ailleurs, personne ne m'a jamais parlé sur ce ton ! Je fronce les sourcils et, à la limite du grognement, je me relève avec force pour faire le tour de la colonne et planter mon regard dans celui de ce sale grincheux de vieux.

    -Mais c'est quoi ton problème au juste ? T'es pas là pour profiter de mes services ? Pourquoi t'es là au juste alors hein ?, demandais-je en riant, avec un léger accent de mépris.

    Je m'avance vers lui, si proche que je pourrai lui donner un coup de boule (ce qui, au passage, me défoulerait bien) sans effort. Mes yeux aussi azur que les siens fulminent de colère et, également, d'incompréhension. Je ne le comprends pas, je en comprends pas son attitude. Qu'est-ce qu'il veut au juste ? Tous ceux qui viennent dans cet endroit sont là pour donner libre cours à leur lubricité, pour jouer avec moi, me prendre comme leur poupée. « C'est bien pour ça que je suis là après tout » pensais-je, serrant les poings. Mais lui... je ne le comprends pas... Est-ce qu'il essaie de me piéger ? Oui, c'est sûrement ça, il n'y a pas d'autres solutions. Il veut jouer un quelconque jeu pervers, me provoquer parce que ça doit l'exciter de se faire désirer ou que son partenaire se mette en colère. Les humains sont ainsi, leurs fantasmes n'ont pas de limite. J'en ai connu des comme ça.

    Et pourtant... pourtant je n'arrive pas à m'en convaincre quand je le vois comme ça. Il a l'air trop... je ne sais pas comment l'exprimer, trop naturel pour ça. Ce mélange d’agacement et de gêne que je perçois chez lui n'est pas feint. Ou peut-être que je me trompe complètement. Je secoue la tête. Impossible que je me trompe.

    -Ne me fais pas croire que tu n'as pas envie d'assouvir tes désirs, je ne te croirais pas. Tous les humains ont besoin de se défouler, tous ont besoin d'un partenaire car ils révèrent le jeu des plaisirs. Tu es comme tous les autres, tu viens profiter aussi, ne cherche pas à me faire croire le contraire, dis-je froidement. Mais si c'est un jeu auquel tu veux jouer...

    Je me contraint au calme, répétant comme une litanie dans ma tête que ce doit être un jeu d'amour, un jeu de rôle débile qu'il veut me faire jouer. « Accroche-toi Éros, joue-le jeu maintenant. Si tu ne le fais pas, tu n'auras pas ton argent et ça, c'est impensable ». Je respire un grand coup, puis offre à mon client un visage illuminé, arrangé d'un sourire charmeur. Il faut que je joue le jeu, c'est mon métier, je dois faire plaisir. En donner, en inspirer... C'est mon rôle, et je m'en suis toujours acquitter.

    -Pardon, je suis un méchant garçon... Mais nul besoin de te faire désirer, tu vois bien que je suis déjà tout retourné, lui susurrais-je tout en adoptant une posture lassive.

    Alors, comme à chaque fois que l'action vient, je me prends à rêver d'étoiles, d'univers, de chez moi... Je revois les cieux et les galaxies, je revois le monde à son commencement et comment il s'est transformé petit à petit. Je m'évade.
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    " Libre à toi de ne pas me croire... "

    Il avait marmonné ces quelques mots avec mauvaise humeur. Le message qu'Antoine avait essayé de faire passer à Eros n'était visiblement pas assez clair, le prostitué le prenant dans un sens totalement différent de la signification originale. Il avait ignoré et balayé les excuses qu'il avait exprimées quant au ton agressif avec lequel il s'était adressé à lui quelques minutes plus tôt, comme si cela n'avait pas d'importance, comme si les mots de l'aviateur n'étaient que futilités et mensonges. S'ajoutait à cela la nouvelle proximité perturbante entre leurs deux visages. Encore mal à l'aise, Antoine, qui ne pouvait pas reculer plus, fut contraint de soutenir le regard du jeune blond, irradiant visiblement de colère tandis qu'il lui exprimait un point de vue qui lui fit froncer les sourcils, pour ensuite détourner les yeux en passant d'une expression crispée à un visage plus décontracté. Eros, en argumentant sur les désirs humains, avait temporairement plongé l'écrivain dans une réflexion intense, son agacement s'évanouissant avec ses introspections silencieuses. Il n'écoutait plus son interlocuteur. Comme les autres humains ? Était-il vraiment comme les autres ? Quels autres ? Cela dépendait de comment il définissait ce qu'étaient ces autres qu'il avait mentionné. La sienne semblait très négative, il devait sûrement parler des clients qu'il voyait quotidiennement.

    Saint-Ex était soumis au désir sexuel comme tous les autres hommes, c'était une évidence. Il était vrai que cela faisait bien des années qu'il n'avait pas eu de rapports avec qui que ce fut. Pour cause, il n'y avait aucune femme sur Insomnia. Du coup, il s'était retrouvé seul et célibataire pendant de longues années, et sa vie amoureuse était aussi vide qu'un colis ouvert. Les hommes qui allaient au bordel venaient pour combler leur manque, leurs fantasmes et leur solitude, c'était un fait. Lui, il n'avait pas posé les pieds dans cette chambre pour la même raison, mais en y réfléchissant, il fallait admettre que parfois, il se sentait seul. Il avait apprivoisé des amis, mais il n'avait plus aucune rose à enlacer depuis si longtemps. Ça ne l'empêchait pas de se contenter de vivre comme il le faisait depuis son arrivée ici, cela dit. Il n'aurait donc pas la prétention d'affirmer qu'il était différent des autres, du moins en ce qui concernait certains aspects. Certaines occasions s'étaient présentées à lui durant ces onze ans de sa deuxième vie, des personnes qu'il appréciait beaucoup, mais il s'était refusé à ces prétendants. Aucun homme n'avait encore réussi à émouvoir son cœur romantiquement parlant, et à attiser son désir à ce jour. Est-ce que cela lui arriverait ? Est-ce qu'il arriverait à oublier et remplacer son amour perdu dans un monde de vivants ? Plus les années défilaient, plus il se rendait compte que s'il avait été relativement facile de quitter Louise, son ex fiancée, oublier son ancienne épouse lui paraissait être une chose particulièrement ardue.

    Était-ce vraiment un jeu ? Eros prétendait qu'il jouait lui-même le jeu d'un jeu dont il ignorait totalement l'existence et les règles jusqu'à ce qu'il l'évoque à voix haute. Antoine avait perdu à une autre partie, c'était bien ça le problème. Quant à savoir si de nouvelles règles s'étaient créées lorsqu'il avait posé les pieds dans ce bordel, c'était une bonne question. Une règle où il jouait à l'homme froid et inaccessible, comme dans un jeu de rôles ? A ses yeux, il était aussi inexistant qu'un véritable propriétaire d'étoiles, ce jeu. Antoine n'était ni particulièrement froid en général, ni inaccessible, et ce prétendu jeu ne lui plaisait pas particulièrement. En fait, il ne jouait pas, et le jeu dont il parlait ne l'intéressait pas le moins du monde. Ayant écouté ses dernières paroles d'une oreille distraite, l'aviateur quitta sa bulle de réflexion et poussa un nouveau soupir excédé lorsqu'il remarqua enfin ce sourire affiché sur le coin des lèvres d'Eros. Il sonnait aussi faux que les autres. De la colère de Saint-Ex perdurait une petite pointe d'agacement facilement mise de côté. L'expression fermée, les lèvres trop proches des siennes, il planta ses prunelles bleues dans les siennes, de la même couleur, mais dans un ton légèrement différent. Il remarqua quelque chose d'étrange dans le regard du blondinet. Comme s'il redoutait ce qui allait suivre. Antoine leva sa main qui sembla se diriger vers la joue du jeune homme qui lui faisait face et... ébouriffa ses cheveux d'or en bataille avec énergie et gentillesse tout en brisant la proximité de leurs corps.

    " Je t'ai déjà dit d'arrêter cette mascarade... "

    Sur ces mots, l'écrivain, toujours le teint légèrement rosé et mains dans les poches, quitta le pilier pour aller se placer à la fenêtre. Il sépara les rideaux de velours, ouvrit les vitres sales et respira l'air frais du soir tout en contemplant pensivement le ciel nocturne. Il commençait à étouffer dans cette atmosphère lourde de parfums entêtants, d'amour simulé et de luxure.

    " J'ai perdu aux cartes, et la contrepartie était que je devais aller tester ce bordel. C'est pour cette seule raison que je suis là, et pour des raisons personnelles, je n'ai aucune intention de jouer à ce jeu dont tu me parles. Je compte rester ici plus que quelques minutes pour que tu ne sois pas blâmé à cause de ce stupide pari, et puis tu ne me reverras plus. "

    Il avait fourni ces explications sur un ton légèrement agacé. Il était naturel qu'Eros se méprenne sur ses intentions. Après tout, cette situation n'était pas commode, et lui-même réagissait de manière franchement maladroite. Antoine se tourna vers le blondinet tout en s'appuyant contre l'encadrement de la fenêtre, un sourire timide sur le coin des lèvres. Il n'aimait pas le conflit, donc il préférait adoucir le ton de cette conversation.

    " En ma présence, tu n'es pas un prostitué, et je ne suis pas ton client. Tu n'as rien à faire, et je n'ai rien à te montrer. De toute façon, je vois bien que tu n'en as pas envie, c'est évident, vu l'opinion que tu te fais des être humains ainsi que de leurs désirs, et le regard vide que tu m'as adressé il y a quelques instants. "

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    « Libre à toi de ne pas me croire »

    En entendant cette phrase, je ne peux empêcher un froncement de sourcils, tandis que mes yeux ne le lâchent pas. Il est toujours agacé, je le sens, je le vois sur ses traits, dans son regard. Il dit ça pour se débarrasser de moi. Or, pour une raison qui m'échappe, cela provoque davantage ma colère. A quoi il joue cet idiot ? Pourquoi est-ce qu'il prend plaisir à me tourmenter comme ça ? Je ne me suis pas suffisamment fait comprendre ? N'a t-il pas déjà compris que je ne résisterai pas à ses fantasmes ? Pourquoi fait-il durer le supplice aussi longtemps ? Qu'est-ce qu'il cherche A LA FIN ?

    Sa main s'abat sur mon crâne, et ébouriffe mes cheveux dans un mélange de tendresse et de maladresse. Les yeux écarquillés, je me laisse faire, sans rien dire, contemplant le semblant de sourire qui paraît naître au coin de ses lèvres. Je le suis du regard pendant qu'il s'éloigne pour ouvrir la fenêtre. Il ouvre la fenêtre... Il l'ouvre... Je ne bouge toujours pas. Cette fenêtre... Le patron la fermait toujours quand je recevais des clients, car il craignait que je ne m'enfuis pendant mes séances de plaisir, comme j'avais coutume de le faire quand j'étais libre. Alors il la fermait avant chaque réunion dans la grande salle, pour être sûr que je reste jusqu'au bout avec mon prétendant du moment. C'est amusant maintenant que j'y pense, je n'ai jamais pu contempler le ciel pendant ces instants. On ne le voit pas vraiment en même temps, ma fenêtre donne surtout sur la façade d'un immeuble de l'autre côté d'une petite ruelle, pratique pour s'échapper le soir ou le matin, avant que tout le monde ne se réveille. Je contemple le profil de l'homme, entouré par la lumière de l'encadrement, frottant mes cheveux d'un air distrait. Je suis perdu. Je ne comprends plus rien. D'abord ce docteur Watson, maintenant lui... Pourquoi régissent-ils tous comme ça ? Watson n'était pas un client lui, je m'en suis servi comme excuse. Mais lui...

    Ses mots ma parviennent au même moment, comme un écho lointain qui essaye de me ramener à la réalité. Il a perdu un pari. C'est tout. Il est seulement suite à la perte d'un stupide jeu. Mes yeux, auparavant baissés vers le sol, remontent lentement vers lui alors qu'il me tourne toujours le dos. Alors... Il n'est pas venu pour moi ? Étrangement, cela ne me faisait aucun effet. Pour cause, je ne savais pas ce qu'il convenait de ressentir. Jamais une personne, un client au sens propre du terme puisqu'il a quand même payé son rendez-vous ne m'avait dit ça. Il repartira dans quelques minutes. Pour ne pas que j'ai de problèmes. Je serre les poings, ma mâchoire se contracte. Je veux intervenir mais il reprend la parole à nouveau, doucement, sans l'agressivité qu'il me manifestait au début. Il me regarde sans énervement, voire même presque gentiment je dirai. Je cligne des yeux une fois, deux fois, bêtement.  Ses mots... Je les entends, mais je ne les comprends pas. Cela se voit que je n'en ai pas envie ? Je n'ai pas à être prostitué avec lui ?

    -Idiots... vous êtes tous bêtes, dis-je à voix basse.

    Je ne les comprends pas. Je ne vois pas ce qu'ils veulent dire. Pourquoi veulent-ils donc tous m'épargner tout à coup ? Watson m'a défendu, lui ne veut pas me souiller, pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils ont dans la tête ? Comment fonctionnent-ils ? Ça m'énerve. Ça m'énerve profondément parce que je ne parviens pas à les cerner. Je ne parviens pas à les comprendre. Ce qui me déstabilise d'autant plus car je vois bien qu'il ne ment pas. Je vois l'absence de désir chez lui. Il ne me regarde pas avec les mêmes yeux. Il ne m'adresse pas le même sourire. Comment ? Pourquoi ? Ces questions continuent de se cogner contre les parois de mon crâne sans que je parvienne à trouver une quelconque réponse.

    -Je n'aime pas les humains. Ils sont bestiaux, idiots, incapables de se contrôler. Ils ne voient que leurs désirs et les moyens d'y parvenir. Quand je suis revenu à la vie ici, j'ai constaté que c'était la même chose, que rien n'avait changé. Et pourtant... Il y a des gens comme toi visiblement... Des gens que je ne comprends pas, qui ne ressemblent pas à ce que je connais. Et ça m’agace, expliquais-je, dans un mélange de frustration et de perplexité.

    Je m'approche de lui, et viens poser mes mains sur le rebord de ma fenêtre, juste à côté de lui. Je penche légèrement la tête en arrière pour pouvoir contempler le ciel. Il a une saveur différent ce soir, allez savoir pourquoi. J'ai l'impression de le regarder différemment. Peut-être est-ce à cause de ce sentiment étrange qui m'étreint la poitrine, ce sentiment de perdition, de vide total, à présent rempli d'incompréhension. Qui est cet homme ?

    -Dis-moi, sais-tu qui est Eros ? Ou plutôt... qui j'étais ?
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    " Tu sais, comme il existe d'innombrables étoiles dans le ciel, les âmes humaines sont tout aussi nombreuses et différentes. Certaines brillent fort, d'autres sont presque éteintes. "

    A ses yeux, les humains étaient donc bestiaux, idiots, incapables de se contrôler, en plus d'être des égoïstes. Eros avait développé un peu plus ses paroles précédentes, ce qui donna lieu à de nouvelles réflexions internes de la part d'Antoine, dont une pensée proférée à voix haute, adressée à son interlocuteur. Il aimait beaucoup cogiter sur des sujets aussi vastes. Ce qu'il en pensait ? Eros n'était pas totalement dans le faux, il fallait bien le reconnaître. Bien qu'il fut, à son avis, très extrême dans sa façon de voir les choses. Antoine avait une vision bien plus optimiste, plus humaniste et altruiste de toutes ces âmes qui peuplaient le monde des vivants ou celui des morts. Il ne se mettait pas d’œillères, ou du moins il essayait de ne pas en avoir, mais il était pleinement conscient des mauvais aspects de l'humanité. Avarice, égocentrisme, narcissisme, et tant d'autres choses qui composaient les caractères humains divers et variés. Cependant, il ne fallait pas non plus omettre les bonnes choses, et il en existait tout autant. L'Homme était aussi bien capable d'aimer que de faire la guerre. Parfois, il en venait même à aller en guerre parce qu'il aimait beaucoup trop fort. Ils étaient tous faits de paradoxes et de milles émotions, milles nuances de personnalités insignifiantes ou importantes confrontées les unes aux autres, ce qui déclenchait souvent de nouveaux conflits, de nouveaux amours, de nouvelles amitiés, maints ascenseurs émotionnels et tant d'autres choses lumineuses. Les êtres humains étaient complexes, beaucoup trop pour être définis par seulement quelques adjectifs. Toutefois, Antoine ne savait rien de la vie de cet homme. Il ne pouvait donc pas deviner pourquoi et comment il avait été amené à penser ainsi. Regardant droit devant lui sans vraiment observer quoi que ce soit de particulier, il continua paisiblement.

    " Les humains ont des tas de traits communs, et pourtant, ils sont tous différents, d'une certaine manière. J'en ai rencontré énormément dans mon ancienne vie, ici également, et, si il y existe des individus peu recommandables, il y a aussi énormément de personnes qui valent la peine d'être connues. Il suffit de ne pas s'arrêter à sa première impression. Il m'est arrivé de détester quelqu'un aux premiers abords, et puis, avec le temps, de me rendre compte que cette personne n'était pas aussi détestable que je le croyais. "

    L'aviateur, plus calme à présent, sourit d'un air désolé.

    " Après, sans vouloir faire dans le jugement, je me doute que certains de tes clients ne redorent pas vraiment le blason de l'humanité à tes yeux. "

    De son vivant, Antoine s'était lié d'amitié à beaucoup de gens, bien qu'il fut un homme assez réservé et souvent silencieux. Des personnes précieuses qui étaient restées dans son cœur et qu'il avait pleuré. Certaines d'entre elles s'étaient envolées dans le ciel avant que lui ne le fasse accidentellement. Il s'était toujours demandé si, eux aussi, ils vivaient dans un lieu semblable au sien. En tout cas, il ne les avait jamais trouvé ici et s'était résolu à abandonner ses recherches il y avait quelques années. Il était évident qu'ici bas, il y avait principalement des artistes, des personnages de fable et autres divinités ou créatures fantastiques devenues humaines. En entendant sa question, Antoine avait tourné un regard curieux en direction d'Eros. Sans se poser plus de questions, il était parti du principe que son nom n'était qu'un pseudonyme idiot pour un prostitué. Bien sûr, il était possible que cet homme fut l'ancien dieu de la mythologie. C'était d'une triste ironie accablante, de constater que le dieu de l'érotisme et de l'amour se retrouvait à travailler dans un bordel. Dieu de l'amour condamné à en offrir par lui-même au lieu de créer des idylles tumultueuses, mais un amour aussi faux qu'une contrefaçon et surtout, contraint.

    " Oui. Mais j'adore les histoires, alors si tu as envie d'en raconter une pour passer le temps, je t'écouterais avec joie. "

    Depuis sa mort, il ne cessait de faire des rencontres étonnantes. Il avait beaucoup étudié la mythologie à une période de sa vie, et rencontrer Eros en personne était un privilège qu'il n'aurait jamais cru voir apparaître dans son ancienne vie. Après tout, il était une divinité, un mythe. Qui aurait cru qu'il existait réellement ? L'aviateur, les yeux brillant comme ceux d'un enfant devant son nounours préféré, ressentait une pointe de joie qu'il n'avait pas jusqu'ici. Quelle agréable surprise ! Le dos toujours appuyé à l'encadrement de la fenêtres, Eros à ses côtés, il ferma les yeux et se concentra sur l'air frais qui caressait ses cheveux.

    " Parle de ce que tu veux. Exprime toi. "

    Après tout, ils avaient le temps. Si dans les autres chambres, ça suait et ça chantait une ode aux plaisirs de la chair, ici, ils parleraient paisiblement et chanteraient la vie sous les étoiles que la fenêtre ouverte encadrait, tel une peinture vivante.

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    Mes yeux se levèrent vers le ciel. Le soir tombait, les nuages se coloraient d'un mélange chatoyant entre le orange et le violet. On ne voyait aucune étoile encore, pourtant elles étaient là. Je le savais mieux que quiconque, j'avais vécu auprès d'elles après tout. Cela fait plusieurs millénaires maintenant, cependant, j'ai presque l'impression que cela ne fait que quelques heures. C'est un peu comme aller se coucher après une longue journée, pour se réveiller tout étourdi par le trop plein de sommeil... jusqu'à ce que l'on réalise que des siècles se sont écoulés depuis que l'on s'est couché. C'est un drôle de sentiment à vrai dire. On peut difficilement le décrire. Un mélange de frustration de vide, de déchirement aussi. De penser qu'une divinité puisse être oubliée si longtemps. Ils me parlent des âmes humaines, aussi diverses que le sont les étoiles. Un léger sourire étire le coin de mes lèvres.

    -Je ne sais pas... Vos âmes sont invisibles à nos yeux.

    Je comprends ce qu'il désigne par « âme », que nous appelons énergie ou essence. C'est une notion bien humaine, qui faisait déjà débat de mon temps, et qui semble n'avoir jamais cessée de s'accroître jusqu'à maintenant. L'âme... Une sorte de création divine dont nous aurions doté les humains pour qu'ils aient un sens, des sentiments, un siège pour quelque chose de plus que des chairs et du muscle. Mais derrière ça, je comprenais son message, à savoir que tous les humains étaient différents, que ma vision était trop limitée. Une grimace déforma un instant mon visage. Il me traite de borné, mais il ne voit pas ce que je vois tous les jours. Ce n'est pas lui qui doit s'allonger sur ce lit pour réaliser les fantasmes de clients tous plus farfelus les uns que les autres. Les rôles, la violence, la douceur excessive. Au final, ces trois mois passés ici m'ont fait comprendre que les humains sont toujours esclaves de leur désir.

    -Ta vision est intéressante, mais naïve, dis-je d'un ton neutre. Tu pars du principe que vous êtes tous différents, je pars du principe que vous êtes tous les mêmes. J'en viens à me dire que, au final, peu importe notre point de départ, nous arriverons au même résultat. Même le plus saint des hommes est soumis au désir, aux pulsions, aux envies. Voilà pour quoi de tels lieux existent...

    Je me retourne, sautant d'un bond agile pour m'asseoir dans l’entrebâillement de la fenêtre, inspirant l'air frais qui circulait avec délice. Mon regard se fit farouche pourtant, jetant à la pièce qui constituait ma chambre, ma vie à présent, des traits assassins. Comme s'il voulait la faire disparaître à jamais sous les débris de ce bâtiment infâme.

    -Je ne doute pas qu'il y a toujours apprendre sur les humains, repris-je, l'air songeur. Mais dans ces endroits, c'est leur véritable nature, leurs instincts primaires qui resurgissent car il a été bâti pour cela. En cela tous se ressemblent. Tous... sauf toi.

    Je lui lance un regard de côté, rougissant légèrement, toujours sans savoir pourquoi. Je bondit hors de ma fenêtre et me dirige vers le placard situé à côté de lui, dans un coin de la pièce.

    -Tu es une énigme pour moi. Les gens comme toi en général le sont. Tes instincts ne s'éveillent pas comme ceux des autres, ton regard est clair, tu es... normal, achevais-je en le regardant sans comprendre.

    J'ouvris la porte du placard et en sortit l'énorme bouquet que j'avais acheté chez le fleuriste l'autre jour. Je le cachais ici pour ne pas qu'un client le casse par inadvertance, et le mettre hors de porter du patron. Je ne voudrais pas qu'il me l'enlève. Les milliers de couleurs différentes, associées aux fleurs de toutes natures rendaient ce bouquet quelque peu unique, en plus de la fragrance prenante dont il embaumait ma chambre. Mais là, il n'y avait aucun risque. Cet homme ne ferait rien de mal à mon bouquet. Un détail attire mon attention. Un pétale de rose est sur le point de tomber. Je le cueille délicatement, puis caresse doucement chaque fleurs, les couvant d'un regard lumineux. J'entends les paroles du faux client au-dessus de moi. « Exprime-toi, parle autant que tu veux, raconte-moi des histoires... ». Il savait qui j'étais. Le savait-il vraiment ? Un doux sourire, sans ironie ni amertume, s'épanouit sur ma bouche et éclaire mon visage.

    -Alors tu sais ce que je suis, ce que j'étais du moins, prononçant ses mots avec une certaine nostalgie. Je suis sûr que tu m'associes à l'amour quelque part dans ton esprit. Je ne peux pas t'en blâmer, l'histoire m'a fait ainsi. Mais l'amour... est une notion humaine, qui n'existe pas pour moi. Je suis le dieu du désir plutôt, au sens originel du terme, c'est à dire au sens du lien. Lorsque je suis apparu, j'ai lié toutes choses en ce monde, j'ai uni les dieux, les hommes par le désir, les relations ou un lien plus ténu, plus immatériel qu'il serait difficile de te décrire. Pour faire simple, tout avait un sens. J'étais chargé de cette harmonie, j'organisais tout pour que le monde tourne comme il le devait, se peuple comme il le devait. Je suis un principe d'unité dans la dualité. Je suis le lien.

    Mes doigts effleurent de nouveau mes fleurs, alors que je me baisse pour respirer plus profondément leur parfum. Leur odeur envoûtante a tôt fait de me plonger dans la mélancolie, me rappelant les plaisirs oniriques des temps jadis. Je remonte un instant les yeux vers l'homme, toujours adossé au montant, avant de les abaisser une nouvelle fois sur les plantes, espérant qu'il suive mon regard.

    -Je suis avant tout créateur. Ici... ce n'est rien. De la luxure, un monde sans foi ni loi, sans règles, sans respect. C'est tout ce que je peux offrir.

    Je me redresse finalement et parcourt la courte distance qui me sépare de la fenêtre, pour m'y réinstaller, cette fois en position allongée dans l'encadrement, faisant bien attention de ne pas cogner ou déranger mon interlocuteur. Les premières étoiles étaient apparues dans le ciel, bien qu'on ne les distingue pas encore tout à fait. Mes yeux se firent brillants, un rayon d'espoir semblait couler à allure tranquille sur mes traits pendant que je me perdais dans mes souvenirs.

    -C'est là-bas que j'étais. Tu sais, on nous a donné une apparence humaine, mais à la base, je ne suis rien de plus que des particules stellaires. Je ne suis rien de plus qu'elles, dis-je en désignant les étoiles d'un geste ample. Les dieux et les hommes ne vivent pas dans le même monde.

    Ma voix se brise au même moment. Mon regard se perd à l'horizon tandis que le passé refait surface. La digue que j'avais longtemps placé autour de mon cœur s'ouvrit petit à petit. Il m'avait demandé de parler, de lui raconter, il voulait savoir, il voulait des histoires. Qu'est-ce que je pouvais dire ? Qu'avais-je réellement à dire ?  Moi-même j'ai dis vivre là-haut, que le monde des dieux et des hommes étaient séparés. Au fond, je ne sais pas vraiment. Je ne sais même pas ce que je dis. Suis-je dans le vrai ou l'erreur ? Ce dont je me souviens... Est-ce qu'il y a vraiment quelque chose à se souvenir ?

    -J'étais heureux. Quelque soit l'endroit où j'étais, j'étais heureux. J'avais chaud, j'étais sauf, je savais que rien ne pouvait arriver de mal, j'étais en harmonie totale avec ce qu'il y avait autour de moi, en paix. Le temps n'avait aucun sens. Il n'y avait pas de forme, je n'avais pas de... corps à moi, c'était un tout, mais c'était toujours moi tu comprends ? Tout était doux, j'étais complet, achevé. Je ne comprends pas vraiment la théologie moderne, chrétienne ou quoique ce soit... vous appelleriez ça le paradis sûrement. Mais je n'y suis plus...

    Je déglutis. Je prends un moment pour respirer, prenant conscience que je faisais une sorte d'apnée depuis le début, sans que mon rythme soit trop rapide pour autant. Une boule me nouait la gorge, mon estomac était comme tordu par des nœuds. Des sensations que je connaissais trop bien pour les avoir éprouver depuis que je suis ici.

    -On m'a arraché à ce lieu, pour m'envoyer dans cet endroit. Ici tout est si... dur, violent, éblouissant, assourdissant. Tout ce que je touche, tout ce que je sens... c'est ça l'Enfer. Juste... vivre chaque moment les uns après les autres, puis le suivant encore après, en sachant ce que j'ai perdu...

    Je ne parvins pas à finir ma phrase. Ma rêverie s'arrêta au même moment. Je cligne des yeux, prenant de nouveau conscience du lieu où je me trouvais. Je secoue la tête pour chasser tous les souvenirs qui reviennent au galop et me replacer dans l'instant présent. Mes yeux rencontre l'azur de mon compagnon. Je les détourne bien vite, sautant pour la troisième de la fenêtre pour me diriger vers le lit, sans pour autant m'y asseoir, en lui tournant le dos.

    -Pardon, je parle dans le vide.

    Je passe une main sur mon visage. Cette dernière revient légèrement humide, tout comme ma joue.
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    Comme il s'y attendait, les paroles et le récit du dieu Eros furent des plus captivants, bien qu'Antoine avait ressenti une mélancolie et une tristesse grandissante au fur et à mesure qu'il s'exprimait sincèrement devant lui, évoquant un passé révolu, un présent triste ainsi que un futur sans espoir aucun. Si Eros le voyait comme une énigme, alors Antoine, qui ne pouvait pas prétendre comprendre véritablement ses sentiments, voyait clairement que cette étoile déchue vivait une vie malheureuse. N'y avait-il pas une tâche sombre dans le tableau de cette étrange immortalité chez chacun d'entre eux ? L'écrivain connaissait la sienne, qui se manifestait par l'ennui. Ainsi existaient un tas d'autres peintures abîmées par le temps et les coups de pinceaux trop violents ou si peu inspirés que les couleurs en devenaient fades à en mourir. Lorsque le blond termina son histoire, Antoine ferma les yeux, les bras croisés, toujours positionné contre la fenêtre de la chambre.

    Il réfléchissait, examinait tout ce qu'il avait appris avec une attention toute particulière, sentant que tout ces mots qui avaient franchi la barrière de ses lèvres étaient d'une importance tristement capitale aux yeux d'Eros, qu'il ait parlé dans le vide ou non. Et ce n'était absolument pas le cas, contrairement à ce qu'il pouvait croire. Oui, l'aviateur ressentait une certaine empathie pour ce dieu devenu homme. Lui aussi avait toujours voulu atteindre les étoiles sans jamais y parvenir, bien que la raison en fut bien différente, plus humaine. A la place, les voilà coincés dans un paradoxe douloureux, immortels et mortels à la fois, perdus sur une île dont l'espace temps n'était pas tout-à-fait commun. Ils perduraient dans ce monde entre la vie et la mort, qu'il fut un Enfer ou un Paradis pour l'un ou pour l'autre. Antoine, même s'il lui arrivait constamment de se mentir à lui-même, le voyait parfois comme une punition, un purgatoire éternellement ennuyeux dans lequel il ne pouvait que tourner en rond dans une cage délimitée par des mers et des montagnes qui ne menaient à rien d'autre que le néant. Ce n'était pas le cas à son arrivée, mais onze ans plus tard, le temps se faisait long et il s'en trouvait régulièrement las.

    Après un instant de silence contemplatif d'une durée plus ou moins longue, chacun plongeant à bras ouvert dans ses pensées respectives, Saint-Ex' s'avança vers le jeune homme et cueillit un autre petit pétale de rose qui n'allait pas tarder à faire face à la gravité pour ensuite se faner et se transformer en poussière de fleur. Il le contempla d'un œil intéressé. La rose dont elle était issue était belle, d'un rouge intense, et le bouquet était une explosion de fragrance et de couleurs resplendissantes.

    " C'est un très joli bouquet, qui signifie beaucoup de choses si on prend la peine de connaître le langage des fleurs. "

    Debout à une distance respectable, il lui tendit gentiment le pétale qu'il avait sauvé d'une chute inévitable.

    " La rose rouge, c'est un symbole d'amour passionnel. Cette rose blanche, ici, exprime la pureté, l'amour chaste, l'attachement et la paix. Le jasmin est une invitation au rêve et au voyage. L'églantine est la fleur du poète. Et ainsi de suite. "

    Il lui sourit.

    " Si tu as choisi ces fleurs, c'est que les émotions humaines de ce genre ne t'échappent peut-être pas autant que tu ne le penses, dieu ou non. Ou peut-être qu'inconsciemment, tu souhaites les ressentir un jour. "

    Ce n'était qu'une hypothèse lancée comme ça, une idée plaisante exprimant un espoir qu'Eros ne semblait pas connaître à l'heure actuelle. Pour lui, la rose rouge était un symbole capital, un mémento de sa femme perdue qu'il aimait d'un amour passionnel. Cette fleur prenait un sens tout particulier que d'autres ne comprendraient peut-être pas. Chaque personne pouvait trouver une symbolique personnelle dans chaque choses. C'était une des innombrables beauté que l'humanité avait créé, et donner un sens aux choses avait toujours été quelque chose d'important depuis des temps reculés. Antoine s'assit un instant sur le lit, en face d'Eros, le grincement de la literie ponctuant son geste.

    " Tu as peut-être raison. Je suis un homme à la vision naïve et humaniste, et je ne suis pas dénué de désir non plus, au contraire. J'en suis conscient, et je suis très loin d'être un saint. Ma situation actuelle m'incite au célibat. Les bordels ne m'intéressent pas et quand je te vois, bien en face de moi, craignant ce qui aurait dû arriver dans un tel lieu, je le suis encore moins. Personne n'est innocent, c'est une évidence. Je me répète encore un peu, mais j'insiste sur le fait qu'être humain implique du positif et du négatif. L'un de va pas sans l'autre, mais il est aussi possible de maîtriser ses instincts les plus noirs. La plupart des gens le font et je ne suis pas une exception à la règle, tu sais. Ni une énigme particulièrement difficile, d'ailleurs. Il suffit de voir les choses d'une autre perspective. "

    Antoine se releva. Il se détourna d'Eros et contourna le lit, mains dans les poches, puis se dirigea ensuite vers la porte d'un pas tranquille. Il avait assez passé de temps dans cette chambre embaumant maintenant le parfum agréable du bouquet de fleur d'Eros, fragrance remplaçant celle du bordel, étourdissante. Normalement, il ne serait pas puni par sa faute. L'aviateur ne quitta néanmoins pas tout de suite la pièce, n'ayant pas fourni une réponse complète à ce récit passionnant qu'il lui avait offert, tel un cadeau venant tout droit des étoiles. C'était plus ou moins le cas. Alors, lui aussi voulait lui offrir un présent en retour. Un peu d'espoir dans un monde qu'il voyait comme un supplice éternel.

    " En ce qui te concerne, je pense qu'il t'est possible de reprendre un rôle de créateur, bien qu'il soit très différent de celui que tu endossais autrefois. Transformer cette nouvelle existence en quelque chose de nouveau, de positif et de constructif. Il suffit de trouver comment prendre ta vie en main sans te laisser aveuglément ballotter par celles, sales, de ces êtres si différents de ce que tu es et que tu as l'air de tant détester. Le désespoir est destructeur, pas créateur. Le rêve et la persévérance le sont, eux."

    Il croyait vraiment que tout n'était pas perdu pour ce dieu perdu au milieu des humains esclaves de leurs désirs. Si à lui, on lui avait coupé ses ailes mécaniques permettant de voler dans de longues distances à travers des continents, le désir et les liens étaient des concepts qui ne disparaîtraient pas. En tout cas, pas tant que les humains peupleront cette ville et ses alentours.

    Main sur la poignée de la porte, Antoine resta là, son geste en suspend, peut-être dans l'attente d'une réponse.

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