Tu sais.. quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil.

Revelio Nox Lumos

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「 Tu sais... quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil.. 」

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Cyrano & Prince

Le calme régnait dans le parc d'Insomnia -ou presque-. Au loin, le Petit Prince pouvait vaguement entendre des rires d'enfants et des échos de voix d'adultes. Le soleil allait bientôt se coucher et ils allaient bientôt partir. Peut-être que le Petit Prince devrait aussi rentrer, mais il n'avait nulle part où aller. C'est pour cette raison qu'il était ici, au milieu d'une étendue d'herbes avec comme compagnie des tulipes. Il venait assez souvent ici, surtout quand il ne pleuvait pas, pour piquer des sommes. La compagnie de ces fleurs était agréable, même si elles passaient leur temps à se disputer pour savoir qui était la plus belle. Le Petit Prince avait la chance d'entendre la même conversation chaque soir, quand il venait, et de répliquer les mêmes choses : « Vous êtes toutes belles, vous êtes toutes uniques, je ne peux pas choisir laquelle d'entre vous est la plus belle. » ou encore.. « Ma rose est encore plus belle que vous. » C'est vrai, le Petit Prince ne pouvait pas choisir. Et c'est encore plus vrai de dire que sa rose est la plus belle des fleurs. Mais généralement quand il disait ce genre d'affirmation, les tulipes se calmèrent. Elles étaient un peu idiotes mais attachantes et elles aussi aimaient la compagnie du jeune garçon. D'après leurs dires, c'est assez rare qu'on leur prête de l'attention comme le P'tit Prince le fait.

Comme à leur habitude, avant que le soleil ne se couche totalement et que le vent commence tout juste à se lever en une douce brise, les tulipes se refermèrent sur elle-même, laissant le petit homme seul. Elles venaient de s'endormir et maintenant, l'unique moyen de les réveiller était d'attendre le lever du soleil. Mais pour l'heure, le soleil était en train de se coucher. Depuis que le Petit Prince était arrivé ici à Amnesia, depuis neuf ans maintenant, il ne manquait jamais un coucher de soleil ! C'était son petit rituel, mais c'était bien long d'attendre toute une journée pour pouvoir observer un spectacle semblable à celui-ci. Sa planète lui manquait beaucoup, là-bas il ne lui aurait fallu que tirer sa chaise de quelques centimètres pour voir un second coucher de soleil après le premier ! C'est une douce distraction qui cache au fond une petite vie mélancolique car celui qui aime les couchers de soleil est triste. Une fois, il a pu observer 43 couchers de soleil ! Mais si sa planète lui manque, son petit astéroïde, sa rose lui manque encore plus. Et ce soir, rien que d'y penser en fixant le soleil de ses yeux bleus, il se met à pleurer doucement.

Le Petit Prince n'aime pas pleurer. Mais ça lui arrive, souvent, comme maintenant. Certains soirs quand il est persuadé d'être seul, il se laisse aller sans se retenir. D'abord doucement, noyant ses yeux dans une mer d'eau salée, puis vinrent les sanglots. Jusqu'ici le Petit Prince était allongé dans l'herbe, sur le ventre, les coudes posés sur le sol et la tête reposante sur les paumes de ses mains. Mais quand il sent les premiers sanglots rouler dans sa gorge, il se redresse pour s'asseoir sur les fesses. Le blondinet sait que les tulipes ne se réveilleront pas avant le lever du soleil alors il ne se retient pas. Il s'imagine être seul, il n'entend rien, ni les rires des enfants, ni les voix des adultes. Juste le sifflement léger du vent qui vient doucement soulever ses cheveux blonds et un grillon qui vient de se réveiller. Au fur et à mesure, le jeune garçon essuie les larmes sur ses joues mais ça ne fait que les étaler un peu plus et humidifier sa peau. Quand il pleurait ainsi, Antoine le réconfortait toujours avec une étreinte chaleureuse. Mais Antoine n'était pas là. Alors le Petit Prince était légèrement secoué par quelques spasmes, pensant à sa rose. C'était un chagrin d'amour.

683 moutons

Revelio Nox Lumos

Cyrano est agacé. Sa langue vient claquer contre son palais alors qu’il marche d’un pas déterminé. Par automatisme, par tic, il replace son chapeau correctement sur sa chevelure bouclée, réajuste le col de sa chemise. Il ne cesse de marcher. Il est énervé, pourrait s’emporter. Il a déjà affronté cent hommes, il pourrait le refaire aujourd’hui. Cyrano n’aime pas l’insolence, l’impolitesse et l’irrespect. Pour lui, le blond avec qui il a verbalement lutté aux sources d’eau chaude n’était que cela. Il est heureux d’enfin en être débarrassé, mais son sentiment, lui, ne s’en va pas, bien planté.

Cyrano avance. Il ne sait pas vers où, mais il avance. Mentalement, il rejoue la scène. Chaque regard, chaque geste, chaque parole. Il se retient de mimer, conscient qu’il est dehors, que des gens l’entourent et pourraient l’observer. L’élégant souhaiterait un peu de tranquillité, mais il rechigne à rentrer chez lui. Il a besoin d’air. Il a besoin de nature. Alors par instinct il rejoint le parc. Lorsqu’il s’en rend compte, ses lèvres s’étirent en un mince sourire.

Ici, j’aurai la paix.

Croit-il en tout cas. Il ne remarque qu’ensuite le petit brin d’homme allongé dans l’herbe. Cyrano se renfrogne un instant, puis se dit qu’après tout, le garçon ne le dérangera pas nécessairement. Il est possible de se trouver dans un endroit au même moment sans pour autant communiquer. Alors l’homme va s’installer un peu plus loin. Le soleil, peu à peu, dérive, s’enfuit. La Terre tourne, tourne et le fait disparaitre. Cyrano admire les couleurs. L’orange chaud mélangé au rose pâle sur un fond rougeoyant. Il ferme les yeux, apaisé. Dans son esprit, l’image est ancrée. Il la voit encore alors que ses paupières sont abaissées.

Des sanglots. Un sourcil se hausse sur le visage de Cyrano. Un œil est ouvert et vient zieuter à sa droite. Le petit brin d’homme est redressé. Le petit brin d’homme pleure sans plus s’arrêter. Deuxième œil ouvert. Second sourcil haussé.

La paix, disais-je ?

Elle est dure à trouver. Autant chez le blond que chez l’élégant, apparemment. Hésitant, Cyrano finit par se dire qu’il serait égoïste d’ignorer le chagrin de l’inconnu et s’en aller discrètement. Il pousse un petit soupir et se lève, s’approche du garçon. Debout, il se sent trop haut par rapport à lui, alors il s’accroupit à ses côtés. Ses yeux dans lesquelles peut se lire le souci éphémère qu’il se fait se posent sur le visage encore enfantin du jeune homme :

- Eh bien, l’ami. Tu dois avoir le cœur bien en peine pour le laisser s’échapper ainsi. Veux-tu causer ou bien dois-je m’en aller ?

Cyrano est respectueux du chagrin. C’est à celui dont les larmes humidifient les joues que l’endroit revient. Si le peiné aime sa peine solitaire, alors l’élégant respectera son choix. Il sait que parfois la compagnie est la pire chose qui put être offerte.